Après l’échec de BLA, qui s’était vite poussé des ailes alors qu’il devait accompagner le « fils » à succéder monarchiquement à son père, Sylvia semble désormais avoir décidé de passer au plan B directement : lancer Nourredin sur le terrain politique et social pour se fabriquer une image. Objectif inchangé : pallier à l’absence d’Abo suite à son incapacité physique évidente depuis son AVC. Mais ce plan va-t-il vraiment leur réussir au regard des pesanteurs entourant ce « petit » ?
La nouvelle phase d’usurpation du pouvoir?
La première a duré en gros un an (octobre 2018-octobre 2019), phase au cours de laquelle le DC de Boa, Brice Laccruche Alihanga, a dirigé le pays durant « l’indisponibilité temporaire » d’Abo. La suite on la connaît aujourd’hui : du palais à la prison centrale de Libreville. Lui et sa bande de copains délinquants de la République sont accusés par les Bongo d’avoir tenté de les doubler en détournant des milliards de Fcfa et en tenant de mettre en place un ingénieux plan de prise de pouvoir sans une grande effusion de sang.
La seconde phase vient tout juste d’être lancée. Elle répond à l’adage selon lequel « l’on est toujours mieux servi que par soi-même ». Craignant les dérapages d’un nouvel homme fort (comme ce fut le cas avec BLA), Sylvia Bongo, la patronne du pays actuellement, aurait donc décidé que son fils, spectaculairement promu le 08 décembre 2019 au poste sur mesure de « Coordonnateur général des affaires présidentielles », car sans expérience politique et presqu’un grand inconnu de l’opinion, va assurer l’« intérim » ou la « vacance du pouvoir » qui a cours dans le pays. Entre les soins qu’Abo doit suivre entre l’hôpital militaire de Libreville et les cliniques huppées de Londres, le pouvoir est vacant et peut attiser des appétits. Pour le maintenir, au nom de sa pompeuse fonction de Coordonnateur général des affaires présidentielles, le « fils » va donc faire ce que BLA à l’époque faisant déjà : commander les ministres et le Premier ministre, donner des instructions aux institutions constitutionnelles, animer le PDG et les associations sur le terrain, promouvoir et sanctionner dans l’administration, les forces de défense et de sécurité et, par-dessus tout, il va se fabriquer une image qu’il n’a pas encore dans le paysage politique, car trop méconnu des Gabonais.
Des activités aux allures « présidentielles » ou « gouvernementales »
C’est ainsi que l’on assiste à un ensemble d’activités que Nourredin Bongo mène actuellement. Le 14 février dernier, par exemple, il était à Fougamou pour « inspecter » le chantier de construction d’une nouvelle centrale électrique qui va produire davantage d’électricité pour couvrir les besoins de 350 villages pour plus de 25 000 ménages dans cette région sud pays. Il a lancé, par ailleurs, une série d’études, notamment celle qui a fait grand bruit concernant la détermination des richesses minières du Gabon. Récemment encore, selon le confrère La Lettre du Continent (n° 18 du 19 février 2020), Noureddin Bongo aurait aussi sollicité les services de la Tony Blair Institute for Global Change (TBIGC), une structure de conseil créée par l’ancien Premier ministre britannique pour faire une étude et des recommandations sur la réforme de l’administration gabonaise. C’est aussi lui qui, le 18 février dernier, a lancé au lycée d’Etat Léon Mba un programme de santé pour les enfants (Smile) pour prendre en charge plus de 400 000 enfants. A travers ce projet, différentes pathologies vont être traitées. Ce programme prévoit des bilans médicaux pour chaque enfant et le traitement de toutes les maladies concernant des doses de vitamines (carences), les soins dentaires et même les yeux, car les jeunes auront des lunettes gratuites. Sur un autre plan, c’est lui qui a fait démissionner le Pr Marc Louis Ropivia, alors recteur de l’UOB le 11 février dernier.
Nourredin, le dauphin (auto)-déclaré de Sylvia Bongo ?
N’étant ni un élu national ou local, ni un membre du gouvernement ou Premier ministre, l’activisme de Nourredin n’est pas sans mettre mal à l’aise certains cabinets des membres du gouvernement et même certaines institutions. La coordination des affaires présidentielles est une fonction administrative, technique, voire bureaucratique qui doit se limiter au sein du cabinet du président. Mais sa présence sur le terrain montre à quel point le véritable enjeu de sa fonction n’est pas de rester à lire et analyser les dossiers soumis à la décision d’Abo.
L’ensemble des activités menées actuellement et celles à venir de Nourredin visent à le faire connaître des Gabonais pour tenter de combler le fait qu’il ne soit pas regardé comme un vrai Gabonais et qu’il ne soit pas non plus connu des populations.