En arrivant aux affaires en 2009, la première lacune qu’a dû déceler le nouveau pouvoir dans l’héritage de feu Omar Bongo Ondimba, c’est la prise en compte, trop inexistante à son goût, du formidable potentiel politique qui sommeillait chez ceux qui, venus au Gabon pour y faire, jusque-là, uniquement des études et des affaires, ont fini par se retrouver haut placés au pouvoir. Beaucoup de Noirs, mais aussi des Blancs, comme Lee James Taylor White qui dit avoir été nommé à son poste en raison des vertus négociatrices que confèrerait la couleur de sa peau. Scandaleux ! Lors d’une interview dernièrement à TV5, le White n’a pas hésité à traiter les gabonais de corrompus.
Les Gabonais de souche qui ont suivi l’interview du ministre britannique des Eaux et Forêts du Gabon ont certainement écrasé une larme, non seulement de voir comment un acculturé de la chose gabonaise parle du Gabon et des Gabonais comme des sous-hommes au point que le régime s’est vu obligé d’avoir recours à lui, mais aussi comment, grâce à lui, la corruption que les Gabonais de souche avaient installée dans nos eaux et forêts, notamment dans le bois, est tombée. Si Lee White n’existait pas, Ali Bongo se devait de le créer…
Et c’est ainsi qu’Ali Bongo Ondimba, après avoir conclu au faible niveau d’implication des natifs nationaux dans la gestion efficace des patrimoines du pays, a choisi de s’entourer, dans un premier temps, de déracinés qui lui devraient tout avant de les propulser tout bonnement au-devant de la scène politique avec des fonctions qui relèvent de la souveraineté des Etats. Sortent alors de l’ombre, les Accrombessi-Nkani, Liban Soleman, le Ndjoléen, et même…Brice Laccruche Alihanga dont le président de la République et ses services savaient très bien qu’il n’était pas des nôtres puisqu’en réalité, BLA restait Fargeon, le Français. Loin de nous l’épanchement à la xénophobie, mais, tout même, il y a des images et des propos qui ont de quoi choquer les sensibilités dans ce pays où existent des compétences habitées de probité.
Comment, près de 63 ans après notre accession à l’indépendance, c’est encore un « White » (Blanc) qui doit encore parler à l’extérieur d’un pays qu’il n’est venu découvrir que pour des raisons académiques avant d’en prendre ou d’en obtenir la nationalité en 2008 ? Parce qu’ici, le processus de naturalisation devient questionnable. Dès lors que l’intéressé lui-même, qui s’exprime très bien en français, a justifié le recours fait à lui, non pas en raison de l’acquisition de sa nouvelle nationalité et de ses compétences, indéniables, dont il peut se prévaloir, mais eu égard au fait « qu’il fallait un Blanc pour négocier avec les Blancs ». Quelle vision réductrice, narcissique, voire dévalorisante pour le Nègre Ali Bongo Ondimba qui l’a placé là où il est depuis bientôt quatre ans alors que ses compatriotes noirs, du même bord politique et tout aussi compétents, subissent « le chômage politique » dénoncé par Albertine Maganga-Moussavou !
Ailleurs qu’au Gabon d’Ali Bongo Ondimba et de ses puissants étrangers gabonisés, de tels propos auraient été dénoncés et sanctionnés. Surtout quand le ministre britannique des Eaux et Forêts en rajoute au dénigrement des autres Gabonais en affirmant qu’« il n’y a pas de secret. J’ai été nommé pour essayer de mettre de l’ordre dans le secteur forestier. On sait qu’en 2016-2017, on perdait jusqu’à 300 millions d’euros par an en évasion fiscale et en exploitation illégale ». Donc un Gabonais noir ne pouvait pas faire l’affaire, car corrompu ?
Trois cents millions d’euros, c’est à peu près l’équivalent de deux milliards de francs cfa annuels de gains obtenus. Pendant ce temps, l’administration dont il a la charge est en grève depuis presque quatre mois, sinon plus. Et l’un des leaders de ce mouvement d’humeur, n’ayant pas goûté l’offense et l’injure faites au pays, a tôt fait de lui rappeler qu’il était, pour ainsi dire, au commencement de la corruption dénoncée. Puisque Maurice Mvé, le secrétaire général adjoint du Syndicat national des professionnels des eaux et forêts (Synapef), cité par le correspondant local de Rfi au Gabon, a révélé que « le premier exemple de corruption implique directement le ministre Lee White qui, en janvier 2020, a supervisé la vente de plus de 220 000 hectares de forêt, en violation des dispositions du code forestier ».
Le syndicaliste, pour démontrer que le ministre britannique des Eaux, de la Forêt, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan climat et de l’Affectation des terres, Lee James Taylor White, n’est pas aussi…blanc qu’il le prétend, a aussi relevé que le directeur général des forêts, soupçonné, puis écroué pendant trois mois pour son implication à hauteur de 300 000 millions de Fcfa dans une affaire de corruption dans le secteur, a été maintenu en poste par ce…traqueur de la corruption forestière. Mais pourquoi ne l’envoie-t-on pas à la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) pour s’occuper de tout le pays, la corruption étant un fléau qui sévit durement partout ? Il a dit non, car il n’y a rien de juteux là-bas… Pendant les deux jours que durera le One forest Summit, Lee White, qui risque d’être pressé de questions à ce sujet par la presse internationale dont il était l’invité dernièrement à Paris, ne sera vraisemblablement pas aussi si sûr de lui pour y répondre devant les micros des confrères.
Nkwara Mendzime