Lors de l’organisation de leur task force l’année dernière, les émergents nous avaient promis un gouvernement resserré d’au moins 20 membres. Mais là c’était l’année dernière et Ali Bongo était encore lucide et valide. Cette année, c’est finalement un gouvernement pléthorique de 37 membres, dont 11 ministres d’Etat, 18 ministres et 8 demi-ministres que le juge Julien nous a sorti tard dans la nuit du 12 au 13 janvier 2019 depuis le Maroc.
Une source au palais affirme que cette copie aurait été concoctée par madame la régente Marie Madeleine Mborantsuo qui, au passage, a viré Issoze Ngondet dont le crime aurait été d’oser demander l’interprétation des articles 13 et 18 de la Constitution. Un acte que la toute puissante régente et patronne de la tour de Pise n’aurait pas apprécié, alors là pas du tout, car pour sortir de ce guêpier qui allait, si elle n’avait pas sorti une botte dont elle seule a le secret, amener à déclarer la vacance du pouvoir. Ainsi pour la régente et les autres conservateurs du régime, Issoze étant considéré comme un comploteur. Il fallait rapidement le bannir. Ça vient d’être fait et bien fait. Il a été parqué sous haute surveillance à la Médiature de la République pour remplacer Laure Olga Gondjout qui, visiblement, s’y ennuyait.
Ainsi, madame la régente et le Premier ministre Julien Nkoghe Bekale ont semblé ne pas souhaiter effectuer un grand bouleversement. A côté du léger mercato effectué dans l’ensemble des ministres d’Etat, l’on dénombre 6 entrées parmi les ministres et 4 parmi les ministres délégués. Le précédent gouvernement s’est également délesté de plusieurs de ses membres, en dehors d’Emmanuel Issoze Ngondet, nommé Médiateur de la République, Noël Nelson Messone, Patrick Eyogo Edzang, Clotilde Chantal Moumba, Irène Lindzondzo, Edwige Betha Essoukou, Paule Christiane Gondi-M’bouala, Chantal Loupi, Léa Mikala, Laéticia Diweckou sont également tombés. En dehors de ces personnalités frappées par la guigne, tout le monde est resté.
Ainsi, les opposants alimentaires se sont accrochés à leurs fauteuils. Même ceux qui avaient menti quitter les affaires après les législatives viennent de se faire rattraper, alors que d’autres ont tout fait pour y maintenir leurs enfants.
Il y a, en revanche, ceux qui ont joué de malchance. A l’exemple de Guy Bertrand Mapangou qui a été éjecté du stratégique ministère de la Communication pour celui de la Forêt et de l’Environnement. La manière dont il a mené la communication lors de la tentative de renversement du régime par la bande à Kelly n’aurait pas plu aux conservateurs. L’homme était allé jusqu’à dire qu’Ali Bongo « va très bien ». Un Ali Bongo que l’on a finalement vu sur une chaise roulante lors de la prestation de serment des membres du gouvernement et qui n’a pas pu tenir un Conseil des ministres…
La guigne a également frappé les membres de la légion étrangère. Après avoir remporté de haute lutte le siège de député du deuxième arrondissement de Port-Gentil, tout en étant acteur de la chute de la camarade Bâ Oguewa, le pôpô Jean Fidèle Otandault Adjahou a vu la primature lui filer sous le nez, alors que l’homme était convaincu de la glaner. Il devra encore attendre. Rêvait également de la primature et son nom avait été abondamment cité parmi les futurs récipiendaires, Madame Madeleine Rogombé, épouse Berre. Aujourd’hui, la petite bourgeoise du Château à Lambaréné devra se contenter du sensible ministère à palabres qu’est la Fonction publique. Gageons au moins qu’elle trouvera la parade pour intégrer quelques courtisans de « Ntché y’azo ». Surtout que, du côté d’Abongo et Adouma, elle est pointée du doigt dans la chute de la petite Diweckou… Citée également pour glaner la primature, Denise Mekam’ne devra encore ronger son frein et se contenter du statut de ministre d’Etat tout en conservant son beefsteak de la Santé. Une Denise lourdement affaiblie du côté de Ndjolé où elle est soupçonnée d’être actrice dans la conspiration de l’incendie de l’hôtel de ville de cette contrée pour punir les populations de Bingoma et son rival politique Daltry Dieudonné Nang Eko. Du beau monde qu’elle avait jeté au gnouf au pénitencier de Lambaréné…
Le plus ridicule est qu’au sein de ce gouvernement pléthorique on trouve des personnalités sans épaisseur politique et sans légitimité car battues dernièrement aussi bien aux législatives qu’aux locales avec des scores de moins de 0,1 %. Mais Ali Bongo est-il lui-même légitime ? Toute la question est là. Et pour reprendre la composition musicale d’un confrère communicant : « On y va, on y va. Peu importe où l’on va, mains toujours on y va ». N’est-ce pas, Dread Pol ? Bon vent au juge Julien à la primature !