Alors que la question de la participation de l’opposition pro Ping aux futures élections législatives divise encore la Coalition pour une Nouvelle République (CNR) qui soutient le président élu Jean Ping, le Réseau des Organisations Libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) a tenu un point de presse le 07 juin 2018 pour appeler les populations à ne pas « capituler » en boycottant ces législatives, mais à y participer « massivement » afin de battre et chasser BOA jusque dans ses derniers retranchements.
L’argumentaire centrale développé par cette ONG proche de Jean Ping, est de faire de ces élections un « référendum populaire » de sanction et de rejet de BOA comme à la présidentielle de 2016. Pour Georges Mpaga, « Les élections prochaines organisées par le régime sont une étape supplémentaire de mobilisation et d’amplification de la défiance démocratique d’un régime en fin de cycle, mais qui s’accroche, malgré son rejet par la population. Oui, cette élection est notre référendum pour confirmer, amplifier la victoire du président Jean Ping, obtenue dans les urnes, le 27 août 2016 ». Il a par la suite ajouté que « Le changement doit être provoqué et déplié. 2016 a ouvert la voie à cette forte espérance. 2018 est une année de confirmation. Ici, il n’est pas question d’une élection régulière, mais d’un référendum contre Ali Bongo, qui n’est pas contradictoire à l’installation du président élu dans ses fonctions ».
Pour Georges Mpaga, il s’agit de poursuivre le combat pour l’alternance entamée en 2016 d’autant plus que cette élection doit être perçue comme une chance supplémentaire et non comme un cadeau à offrir à la junte. Un argumentaire qui parait nouveau en ce sens que l’idée d’un référendum populaire post-électoral n’a jamais été posée sur la place publique. Elle offre à la classe politique et aux partisans du changement une perception différente et finalement positive des législatives à venir. Il ne s’agit pas de participer juste pour éviter que BOA ne prenne tous les 143 sièges de députés, comme le disait le président du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM) il y a deux mois pour justifier l’entrée de son parti dans ce processus électoral. Pour le ROLBG, l’enjeu est bien plus grand.
L’idée de référendum législatif peut ouvrir au président élu Jean Ping un angle d’appel à la participation de tous les gabonais (partis politiques, patriotes, diaspora) à cette élection (inscription et vote en faveur des candidats de l’alternance). Ce qui vise alors à « confirmer » la tendance anti système que partagent plus de 70% des Gabonais qui n’acceptent pas que le Gabon soit une monarchie de fait. Cela ne signifie pas une reconnaissance implicite de la junte encore moins une renonciation de l’installation du président élu Jean Ping dans ses fonctions de Chef de l’Etat. Le référendum signifie ici que l’on ne va voter juste pour participer, mais que tous les patriotes et démocrates, assoiffés d’alternance doivent aller aux urnes pour rejeter comme en 2016 le régime des Bongo de pères et en fils. Ce qui doit créer une dynamique, des masses.
Cela veut dire que ceux qui voulaient ne plus aller voter, ceux qui voulaient ne même pas s’inscrire ou se réinscrire doivent désormais le faire parce que ces législatives, quelque soit la circonscription du pays et l’argent que le PDG et ses relais (CLR, PSD, PDS, DN et les autres indépendants issus de l’opposition mais déjà sous la botte de la junte), doivent être systématiquement battus, rejetés et condamnés en votant pour tous ceux qui viennent au nom de l’alternance, du changement, de la CNR ou de Jean Ping. La large majorité que l’opposition obtiendra (80 et 100 députés) permettra d’ici 2018 d’adopter d’urgence deux à trois lois à l’Assemblée nationale réhabilitée et habitée désormais par les vrais et honnêtes représentants du peuple gabonais. Ces lois viseront l’envoie de BOA devant la Haute cour de Justice (pour les crimes contre l’humanité de 2009 et 2016, la vente du Gabon à la légion étrangère, son état civil douteux) et son départ.