Complètement à côté de la plaque dans sa stratégie de riposte et de veille contre le Coronavirus, le Comité national de riposte et de veille contre le Covid-19 (Copil) a fait savoir, par son porte-parole, le Dr Guy Patrick Obiang, au cours du point de presse du mardi 02 juin 2020, que le confinement restait de mise. Un discours aux antipodes de ce qui se passe actuellement ailleurs et de la volonté des populations, particulièrement la société civile qui, via Dynamique unitaire, les églises du réveil, et même certains politiques, donnent de la voix ! La position du gouvernement et du Copil devient intenable. Patientons le communiqué final du Conseil des ministres de ce jour vendredi 12 juin 2020.
L’échec patent du Copil
Depuis mars 2020, le Copil, composé de plusieurs organes dont un comité scientifique et épidémiologique, n’a jamais fait une étude pour déterminer à quand le pays allait atteindre son pic épidémiologique (nombre de cas infectés le plus élevé), on parlait de mi-juin et nous en sommes, mais pas de pic. Toute sa démarche a plombé le gouvernement, l’amenant à prendre des mesures à l’emporte-pièce, les unes en toute illégalité, inconstitutionnalité, les autres, sans étude préalable d’impact sanitaire et social. La seule étude qu’ils ont eue en référence est celle qu’avait publiée dans les réseaux sociaux un cabinet anglais qui situait à mi-mai et mi-juin le pic épidémiologique des pays africains et donc le Gabon, avec un pic de 10 000 cas. C’est donc sur une base méthodologique non connue que le Copil a poussé le gouvernement et le pays tout entier dans le confinement depuis trois mois (avril 2020), sans perspective de déconfinement. La psychose et la peur aidant, tout le monde s’y est plié. En début avril, le pays comptait à peine une quarantaine de cas. Au terme du premier confinement total, l’on dépassait les 200 cas. Un mois plus tard, l’on dépasse les 3 000 cas. Félicitations au Copil !
La poursuite du confinement actuel (couvre-feu, limitation des transports, interdiction des déplacements, fermeture de plusieurs secteurs d’activités économiques) devient un argument pour masquer une approche scientifique mimétique et non expérimentée ou étudiée, mais aussi et surtout pour justifier une gestion financière de la manne dédiée à cet effet. Or, depuis des semaines, tout le monde appelle à un changement de stratégie. Le conservatisme qui se joue au Copil (volonté de maintenir les avantages financiers liés à la gestion de l’enveloppe de la crise) n’est ni éthique, ni responsable, ni honnête, ni, encore moins, prometteur pour baisser à moyen terme la courbe des contaminations et la faire dépasser par celle des guérisons.
La psychose et le matraquage policier ont montré leur limite
Le Coronavirus impose un mode de gestion des crises que le Copil n’a pas compris et que le gouvernement ne réalise pas. Certes, il impose pour longtemps un nouveau mode de vie pour tous : gestes barrières, port de masques et gants de protection, limitation de la concentration des personnes dans les espaces publics et même des sorties. Donc pas forcément le confinement (couvre-feu, fermeture du Grand Libreville, fermeture des activités économiques) ad vitam æternam. L’approche sécuritaire dans un contexte de non transparence épidémiologique explique en réalité la hausse des cas (supposés ou réels).
Même avec cette hausse, le phénomène reste résiduel, car il ne touche, dans tous les pays, et même au Gabon, qu’une faible couche de la population, moins de 0,010 % de la population (3 000/1 800 000 habitants). Face au Covid-19, le matraquage et la psychose sont adoptés par les régimes qui ne savent pas communiquer et s’occuper de leur population.
Mais une bonne communication sur les cas réellement contaminés et guéris et le martèlement des mesures barrières sont l’unique voix pour limiter la propagation de cette maladie afin d’éviter un débordement des structures médicales peu équipées de notre pays. Par le couvre-feu du ministère de l’Intérieur et la psychose générale du Copil, les populations n’adhèreront pas. Le déconfinement s’avère, en dépit de tout, nécessaire et immédiat.