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Marlène Fabienne Essola Efountame, l’ancienne figure de proue de la contestation politique gabonaise, vient de rencontrer le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, dans un geste qui semble suivre un schéma tristement habituel de la politique nationale : celui de la réconciliation publique après des mois, voire des années de critiques acerbes. Selon Gael Koumba Ayouné, le général des Mapanes, lu sur sa page Facebook, le véritable drame n’est pas qu’elle ait rencontré le président, le drame c’est qu’elle ait trahi la symbolique de son propre combat.
Au départ, Essola Efountame se présentait comme une voix forte de la jeunesse, dénonçant un régime qu’elle qualifiait de corrompu et injuste. Elle incarnait alors l’espoir d’un renouveau politique, un vent de changement que le Gabon attendait depuis trop longtemps. Cependant, à peine quelques mois après ses critiques, voilà que l’ancienne militante se plie, sans grande résistance, aux sirènes du pouvoir. Elle n’est pas la première, et certainement pas la dernière, à opérer un tel virage, une pratique devenue monnaie courante dans la sphère politique gabonaise.
Ce retournement n’est pas une simple anecdote ; il révèle un phénomène beaucoup plus profond et inquiétant : l’intrusion de la compromission dans les principes mêmes de la politique. La ligne de démarcation entre la contestation et la collaboration s’est tellement estompée que, pour nombre de dirigeants, la rébellion n’est plus qu’une phase temporaire, une étape stratégique avant la réconciliation, souvent pour des raisons de convenance personnelle. La loyauté se monnaie, la dignité se négocie, et la conviction politique devient un produit à échanger sur le marché des alliances.
La politique gabonaise s’est transformée en une transaction où les acteurs politiques jouent un jeu d’intérêts, et non de convictions. Ce phénomène engendre un clientélisme structurel qui se nourrit de l’opportunisme des uns et des autres. L’opposition n’est plus un véritable contre-pouvoir, mais plutôt un tremplin pour une future cooptation, un sas d’attente avant d’être intégré dans le système. Ainsi, les opposants de la veille se retrouvent rapidement dans le giron du pouvoir, vendant leurs principes en échange de postes ou d’avantages personnels.
Cet état de fait a un impact considérable sur la perception qu’ont les Gabonais de leur politique. Les jeunes, qui observent ce spectacle depuis des décennies, ont appris une leçon amère : en politique, l’intégrité n’est qu’une illusion. Ils voient des figures de l’opposition, qui hier dénonçaient l’injustice, se faire coopter et accepter sans scrupules les compromises du pouvoir. Ce cycle de reniements et de réconciliations ponctue la vie politique du pays, érodant peu à peu toute forme de foi en la politique.
L’engagement politique, loin d’être un acte noble ou un sacrifice pour une cause juste, devient ainsi une simple stratégie de survie dans un environnement où l’indépendance d’esprit est un handicap. Les Gabonais n’ont plus de modèles, seulement des opportunistes prêts à tout pour rester dans la lumière, prêts à vendre leur âme pour une place à la table du pouvoir. Et dans ce contexte, les véritables questions sociétales restent sans réponses, car la politique n’est plus un outil de transformation sociale, mais une fin en soi.
« Le cas Essola Efountame, loin d’être isolé, révèle la crise morale de la politique gabonaise : une politique devenue spectacle où la loyauté se vend, où la dignité se perd et où le mensonge se maquille en pragmatisme », déclare le général des Mapanes.
Les gabonais, dans leur immense majorité, aspirent à une autre politique : une politique de principes, d’intégrité et de véritables engagements pour le bien-être de la nation. Mais pour l’heure, cela reste un vœu pieux.





