Les dernières élections législatives et locales couplées avaient pour but la recherche d’une sorte de légitimité populaire pour Ali Bongo. Ce dernier surfait sur un dégoût des populations envers une opposition amorphe et timorée. Pour punir cette opposition, notamment la frange électoraliste, les populations allaient voter le PDG par défaut.
Malheureusement, la réalité montre que le peuple a renvoyé les deux camps dos à dos. Et nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper qu’Ali Bongo est certainement le plus grand perdant. Avec un taux de participation qui avoisine les 30 %, cela veut tout simplement dire que 70 % de Gabonais sont restés chez eux. Et si l’on se réfère aux archives, ce pourcentage n’est pas loin du taux de participation de 2016, lorsque Jean Ping pulvérisa Ali Bongo et que ce dernier montra à la face du monde qu’au Gabon une balle de fusil a plus de valeur qu’un bulletin de vote. Depuis lors, le Gabon se trouve dans une situation de ni guerre ni paix. Gravement contesté par un peuple qui ne veut pas de lui, Ali Bongo donne l’image aujourd’hui d’un chef de clan et non d’un chef d’Etat par défaut. Visiblement, l’homme vit mal la désaffection que lui vouent les Gabonais. Pour le leur rendre, il a systématiquement recours à la défiance, à la violence et au sectarisme… Oui, le manque de légitimité lui fait cruellement défaut ! Et certainement les Gabonais se sont dit que s’ils allaient aux urnes, même pour sanctionner le PDG, Ali Bongo allait tirer profit du taux de participation et se faire bonne conscience en réussissant le tour de passe d’avoir entrainé aux urnes ces mêmes Gabonais auxquels il fait subir le martyr chaque jour que Dieu fait. Mais le peuple gabonais, comme s’il s’était passé le mot, dans sa grande majorité, s’est montré mature. Il n’est pas tombé dans le piège du dictateur émergent qui devra malheureusement se consoler d’une majorité fabriquée à l’Assemblée nationale. Pour quoi faire avec si c’est pour se retrouver dans des situations pires qu’avant ?
Fait inédit, pour la première fois dans l’histoire politique du Gabon, deux membres de la famille présidentielle s’étripent en public en s’accusant mutuellement de tricherie. Joséphine Kama, mère déclarée d’Ali Bongo et militante de son parti, le PDG d’un côté, et, de l’autre, le tonton de la République, Jean Boniface Assélé. C’est dire…
L’opposition électoraliste n’a rien gagné certes, mais elle n’a pas à rougir non seulement au regard du fort taux d’abstention qui se justifie et se comprend, mais aussi au regard des énormes moyens déployés par le régime pour ne pas perdre cette élection qu’il a en réalité perdue si on s’en tient au fort taux d’abstention.
Après cela, si Ali Bongo avait un peu d’humilité et d’humanité, il serait à nouveau allé vers la Communauté internationale afin de l’inviter à l’aider à poser les jalons de la réconciliation et de la paix des coeurs. Cela passe par un devoir franc d’inventaire de la crise actuelle et des autres que le pays a connues afin de conjurer une fois pour toutes le sort. En s’accrochant au pouvoir comme s’il lui était dû et en niant au peuple gabonais la responsabilité de décider de son avenir et son devenir, Ali Bongo entraine le Gabon vers des lendemains incertains. Il faudra bien qu’un jour quelqu’un l’arrête.