Affaibli par les séquelles post-AVC et « trahi » par BLA qui aurait failli lui prendre le fauteuil, Boa a décidé de révéler précocement son plan de succession en plaçant déjà au son « fils » Nourredin en orbite pour apprendre, comme lui sous Bongo, le métier familial de « président de la République ». Attention à la colère des Gabonais et de Dieu !
« Coordonnateur des affaires présidentielles » : un poste sur mesure
Adopté le même jour que sa nomination, donc préparé à l’avance, le projet de décret portant création et fixant les attributions et avantages du Coordinateur général des affaires présidentielles précise que celui-ci « assiste le président de la République dans la conduite de toutes les affaires de l’Etat et veille à la stricte application de ses décisions. Le Coordinateur général dispose d’un cabinet ». En regardant ces attributions et celles du directeur de cabinet du PR, il y a un chevauchement de fonctions. D’autre part, l’assistance au président de la République chevauche avec les prérogatives constitutionnelles du Premier ministre, du gouvernement et surtout du vice-président de la République. Comme l’autre autocrate équato-guinéen Obiang Nguema qui a nommé son fils Téodorin vice-président de la République, Ali Bongo aurait été plus courageux et honnête avec les Gabonais en nommant clairement Nourredin comme vice-président de la République. Ç’aurait été aussi « légal » puisque, pour certains Altogovéens monarchistes, c’est cela l’égalité des chances.
Personne n’ignore que cette nomination est en réaction à la ruse que BLA a fait aux Bongo en les driblant dans les micmacs qu’il faisait sur l’argent du pétrole et des grandes sociétés publiques. Pour se débarrasser de lui, ils ont laissé la rumeur courir d’un « coup d’Etat » qu’il aurait voulu perpétrer. Diminué par l’AVC, Boa ne peut plus travailler plus de 3 heures par jour, à en juger par les allers-retours qu’il fait chaque matin au bord de mer entre l’heure qu’il vient au bureau (9/10h) et l’heure qu’il repart (10/11h). En son absence entre Londres et Paris où il suit ses soins, qui donc au cabinet décide de tout un peu comme BLA le faisait depuis octobre 2018 jusqu’à sa chute en décembre 2019 ? Boa a donc préféré créer ce poste sur mesure pour que ce soit son « fils » qui soit son représentant à toutes les réunions, avec les ministres, les diplomates et il pourra même aller à certaines missions à l’étranger pour le représenter en lieu et place d’un vice-président ou d’un PM qui peuvent faire main basse sur le jackpot familial.
Une révélation prématurée et hautement risquée de son « dauphin »
Sans expérience politique, Nourredin se voit propulsé au poste de président de la République bis. Il va donc « apprendre » à décider comme un président durant une certaine période (2020-2023). Le plan est simple et n’échappe à personne : dabord, faire de lui une personnalité politique connue de l’opinion qui l’ignorait vu son manque d’engagement politique véritable auparavant. Ensuite, monter des associations qui appelleront, en cas de de déclaration de vacance de pouvoir ou en 2023, à sa candidature. Il sera investi comme candidat du PDG… La suite est connue : passage en force par les armes et le sang et Mborantsuo fera le reste pour préserver l’hégémonie du G2 à la tête du pays. Bien avant cela, il faudra, cependant, d’abord clarifier son statut juridique. Est-il Gabonais de souche ou d’adoption ? La question risque de faire débat dans les prochains jours.
Eric Morabitôm