En préparation depuis plusieurs semaines, le premier Café presse de l’Organisation patronale des médias (Opam) s’est tenu ce samedi 26 septembre 2020, à son siège provisoire de derrière l’ambassade du Nigéria. Ce concept qui devra se répéter tous les samedis dès 18 heures a pour but d’offrir une tribune d’expression à tous les Gabonais sans exclusive. Maitre Paulette Oyane Ondo, avocate au barreau du Gabon et présidente du Centre de la promotion de la Démocratie et la Défense de Droits de l’Homme au Gabon (CDDH Gabon), était l’invitée de cette première émission dont la trame justement était ‘’la question des Droits de l’homme au Gabon’’.
Comme nous le rapporte le journal l’Aube, Guy Pierre BITEGHE, président de l’Opam, explique le sens de Café presse initié par son organisation, « l’initiative de lancer un Café presse vise à combler l’absence de débats dans les médias et le refus des médias publiques de donner la parole aux Gabonais en dehors du PDG ». Une initiative qui sied à maître Paulette Oyane Ondo, conviée pour cette première émission. Cette brillante avocate, défenseur des Droits de l’Homme, ayant reçu des distinctions à l’International et ancienne ministre déléguée au Commerce, puis à l’Agriculture sous Omar Bongo, est aujourd’hui totalement snobée par les médias publics, financés pourtant avec l’argent du contribuable. Qu’à cela ne tienne, malgré cette volonté de la museler, cette juriste sortie de l’université de Paris II n’a rien perdu ni de sa verve ni de ses connaissances en droit.
Au cours de l’entretien qui a duré près d’une heure, l’invitée de Café presse a répondu avec une approche pédagogique aux questions qui ont porté sur la dépénalisation de l’adultère, la très controversée loi sur la dépénalisation de l’homosexualité, la légalisation du mariage coutumier et l’existence des prisonniers politiques au Gabon. Concernant la légalisation du mariage coutumier par exemple, « (…) si vous prenez un pays comme le Gabon, vous prenez les gens qui ont entre 30 ans et plus de 90 ans, combien de personnes sont nées de mariages devant le maire ? Très peu, je ne pense pas qu’il y ait 15% dans cette tranche d’âge qui sont nées de parents mariés devant le maire. La plupart des Gabonais sont nés des parents mariés à la coutume et c’était une aberration de ne pas reconnaitre ce mariage légalement. Parce que ça voudrait dire que tous ces Gabonais là qui sont nés dans le cadre de ce mariage coutumier sont des enfants adultérins, des enfants illégitimes. Est-ce que vous imaginez ce que c’est pour un pays ? C’est très grave. Donc je dis qu’il était temps que cette loi arrive », a commenté Me Oyane Ondo.
Abordant la question des prisonniers politiques au Gabon, il convient pour Me Oyane de distinguer « le prisonnier politique qui est quelqu’un qui est en prison pour avoir agi contre un programme gouvernemental, ou contre l’Etat en général (…) » Et « le prisonnier d’opinions qui est une personne que l’on met en prison pour avoir exprimé une opinion relative à ses convictions ou à sa manière de voir les choses dans l’espace public (…) Toutefois on relève que le statut de prisonnier politique ou de prisonnier d’opinions ne s’acquièrent pas de facto. La professionnelle des Droits de l’Homme explique. « Qu’est-ce qu’il faut faire pour que quelqu’un soit reconnu comme prisonnier politique ? Ne vous attendez pas à ce que ce soit l’Etat qui le fasse et c’est normal. Parce que c’est très mal vu d’avoir des prisonniers politiques. Donc aucun Etat ne va vous faciliter la tâche (…) Il faut faire toute une procédure dans le monde des Droits de l’Homme », a-t-elle prévenu.
C’est là une partie des enseignements que ceux qui ont pu suivre ce premier Café presse en direct sur notre page Facebook, Mingoexpress.com, ont pu tirer de l’échange entre l’Opam et la brillante Paulette Oyane Ondo. Il ne reste qu’à souhaiter longue à cette émission qui promet d’avoir du succès auprès de tout ceux que le pouvoir en place tente de museler.