Le limogeage de Brice Laccruche Alihanga et l’interpellation de ses principaux lieutenants d’administrations et d’entreprises publiques réduit à néant l’agenda politique de l’Ajev/RV/SDG.
Il faut dire que pendant vingt-quatre (24) mois, ce clan, doté de milliards d’argent public, organisé comme une mafia italienne, avait pris le contrôle des commandes gouvernementales, des régies financières, de la Gabon oil company, de la Caistab, de la CNAMGS, de la Caisse de dépôts et consignations, de la DG des hydrocarbures, etc. Une belle cagnotte dont la maîtrise a permis au clan de contrôler la composition de la nouvelle majorité officielle au Parlement. Une puissance financière telle que la désignation du nouveau PM ne pouvait lui échapper ni la mainmise sur les maroquins les plus importants : finances, infrastructures/TP, pétrole, mines. BLA et l’Ajev/RN/SDG ont mis le PDG de Dodo Bouguendza à la marge des espaces de décisions du jeu politique. Les dignitaires de ce parti, au pouvoir depuis un demi-siècle, dont le PM en fonction, JNB, devenaient des courtisans « même pas honte », qui se précipitaient à dérouler le tapis rouge à BLA Fargeon, dircab du PR en tournée républicaine dans les chefs-lieux de provinces en septembre-octobre 2019. Les cadres avaient déserté les rangs et les activités du parti créé par Omar Bongo pour aller quémander des nominations et des privilèges chez celui qui était devenu khalife à la place du raïs Abo frappé par l’AVC depuis le 24 octobre 2018 à Ryad.
BLA et son clan d’aventuriers sortis de nulle part étaient parvenus à conquérir tout le pouvoir d’Etat…ou presque, à l’exception du fauteuil présidentiel que Sylvia Bongo Ondimba et son fils Nourredine protègent jalousement. Ces derniers ont fini par convaincre Abo, dans sa convalescence, des dégâts causés par BLA et son clan qui avaient mis en place une organisation de criminels en costumes pour opérer des détournements d’ampleur inégalée. Cette caisse noire constituée de deniers publics permettait au Marseillais BLA Fargeon de faire d’Accrombessi, le sorcier béninois, ancien DC d’Abo, un apprenti en matière de prévarication. Sylvia et son fils Nourredine avaient bien confié la régence du Gabon à BLA, mais il n’était nullement question de lui remettre un chèque en blanc.
Le dernier remaniement gouvernemental porte la signature de ce duo familial à la manœuvre. Le Conseil des ministres a scellé le sort des principaux cadres de l’Ajev/RV/SDG, immédiatement placés en garde-à-vue et bientôt sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville. Après la gloire, l’arrogance, les privilèges, le clan BLA vient d’être stoppé par la nouvelle régente et le prince héritier, probablement pour « détournement et blanchiment de grande envergure », dixit le procureur Olivier N’zahou. BLA et ses indéfectibles Ndoundangoye, Ondias, Patrichi et autres Allogho Akoue commencent une descente aux enfers. Ses autres lieutenants maintenus au gouvernement comme Julien Nkoghe Bekale, Noël Mboumba (Pétrole et Mines), Owono Mba (Finances), Emmanuel Tony Ondo Mba auraient déjà fait allégeance à la régente. Il leur est simplement exigé de rompre tout contact avec leur mentor franco-gabonais.
Pendant que le clan BLA porte sa croix et commence son Golgotha, la régente et son fils s’entourent de l’ethnie et de la province pour reconquérir les positions stratégiques perdues à la direction générale des hydrocarbures, à la DG de la Goc, etc. Ils auront besoin d’un coup de main. Marie-Madeleine ne sera pas de trop. Et c’est la fin de l’ouverture aux cadres des autres provinces qui sont accusés d’avoir travaillé pour eux-mêmes et BLA, oubliant qu’ils n’étaient que des sujets des Bongo. Le PDG d’Omar assiste en spectateur à cette révolution de palais qui a fait rebattre les cartes dans le G2. La régente et son fils, assisté par Ogandaga, le nouveau DC d’Abo et Saliou, DC adjoint, ont remplacé BLA et son clan qui ont accumulé une fortune colossale.
Mais BLA n’aurait pas encore dit son dernier mot. Apparemment, certains extrémistes de l’Ajev/RV/SDG se préparent à monter au créneau pour réaffirmer leur soumission au chef du clan. Ils espèrent pouvoir compter sur les nombreux soutiens qu’ils ont encore au gouvernement, à l’Assemblée nationale, dans les bureaux des collectivités locales et aux instances du PDG. Toute cette clientèle politique lui est redevable de leurs privilèges.