A la suite des propos récents de Laurence Ndong (diaspora France) et de Jean Frédéric Massavala, le spectre de la dislocation ou de l’effritement significatif de l’opposition dans la perspective de la vacance du pouvoir ou pas, se pointe à court terme. A-t-on vraiment les raisons d’avoir peur ? Pas si sûr.
Les premiers départs de 2016-2018
Persuadés que Jean Ping a « menti » ou a « échoué » à prendre le pouvoir à la présidentielle de 2016, un certain nombre de personnalités de l’opposition avaient estimé qu’il ne valait plus la peine de continuer à le suivre ou à « résister ». Parmi ceux-ci, on peut citer l’ancien directeur de campagne de Ping, René Ndemezo’Obiang (devenu depuis lors Président du conseil économique, social et environnemental), Estelle Ondo (récemment mise à la porte après deux années passées au gouvernement à divers postes), Michel Menga m’Essone (actuel ministre de l’Education nationale), Jean de Dieu Moukagni Iwangou (actuel titulaire de l’Enseignement supérieur), Maganga Moussavou (vice-président de la République de BOA d’août 2017 à juin 2019)…Avec eux, étaient partis de nombreux jeunes et femmes qu’ils avaient dupés et débauchés de leurs partis politiques pour les placer dans l’administration et les cabinets qu’ils occupent ou occupaient à l’époque. C’est le cas de Jonathan Ndoutoume Ngome (ex ministre délégué devenu conseiller du DG de la Caistab) ou d’Annie Léa Meye, ex-figure de proue de la résistance, au poste de Questeur du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
2019-2020 : le grand bal des vampires ?
Alors que l’AVC de BOA a été perçu comme une clémence du ciel offerte pour prendre le pouvoir, les douze derniers mois ont été teintés d’espoirs, mais aussi de découragement. Cependant les doutes autour de l’état de santé de BOA et le scénario d’une prise de pouvoir par la force (armée et argent) d’une faction du pouvoir au regard de l’état de santé déliquescent d’ABO, n’en déplaise aux mensonges de la communication du Palais, poussent un certain nombre d’opposants à se dire que 2016 a été un remake de 2009 et que 2019/2020 sera pareil en cas d’élection présidentielle anticipée. Du coup, si AMO ou Ping n’ont pu prendre le pouvoir, il ne sert à rien de se risquer à tourner encore indéfiniment le dos au pouvoir.
Une opération de débauchage des cadres de l’opposition serait en préparation. Afin de faciliter le plan de succession politique. Certains partis sont siphonnés particulièrement dans l’opposition : l’Union nationale, le Rassemblent Héritage et Modernité ou encore la Convention pour une Nouvelle République (CRN). Le positionnement des Démocrates (LD) de Guy Nzouba Ndama (à priori fortement implantée dans la Nyanga plus que dans l’Ogooué-Lolo chez son fondateur), se précisera aussi. L’idée est de casser ces partis et de faire des déclarations comme celles de Jean Frédéric Massavala. A peine sorti de prison où il aura passé presque deux (2) ans pour avoir mené depuis le QG de Jean en septembre 2017, une marche politique pacifique. Il a été vu aux côtés du régent Brice Laccruche Alihanga, en compagnie d’un autre transfuge de l’opposition Jean de Dieu Moukagni Iwangou, le 20 septembre dernier à Ndendé. Pour Massavala « Jean Ping a eu sa chance. Mais celle-ci a passé. Il ne représente plus aujourd’hui la solution pour le Gabon ». Dans le même registre, la porte-parole de Jean Ping à Paris, Laurence Ndong a récemment déclaré sur sa page Facebook, que « l’opposition gabonaise est incapable de formuler un contre-projet et, partant, de représenter une alternative crédible à la majorité actuelle ». Cela, en qualifiant Ping de producteur de « fake news ».
Pour le grand sud (Ngounié-Nyanga), le poste de vice-président reste ouvert. De même, un remaniement du gouvernement d’ici fin décembre est plus que prévisible pour intégrer tous les contestataires au sein du PDG et ses satellites et de l’opposition au sein d’un même gouvernement qui sera dit d’ « union nationale ». Sa mission sera d’accompagner la déclaration de la vacance du pouvoir et l’élection du candidat que la France-PDG voudra encore imposer aux Gabonais.
Qu’ils s’en aillent et tant mieux !
Si l’on ne pourra empêcher ceux qui veulent partir vers l’illusionniste Brice Laccruche Alihanga pour encaisser argent et postes éphémères (assortis de conditions démoniaques pour les mériter), il faut dire que ce sera tant mieux que de grosses « souris » sortent elles-mêmes du sac d’arachide. Les espions, les crève-la-faim et autres égoïstes à la recherche d’un soi-disant bien-être personnel allègeront la marche du peuple vers le changement en faisant voir au grand jour ce qu’ils étaient au fond d’eux. Quand un grand nombre de patriotes souffrent de l’état du pays (hôpitaux, chômage, écoles, routes, corruption) causé par ceux-là qui pensent que la politique doit se limiter à « manger », occuper des postes, faire des crimes rituels et que des étrangers tiennent en main notre propre pays, certains trouveront toujours, dans les failles actuelles de l’opposition, des prétextes pour justifier l’injustifiable, le crime et l’infamie juste pour aller à la mangeoire. Ces failles, il faut le dire, sont réelles dans la stratégie de Jean Ping et de toute l’opposition aujourd’hui. Mais, elles s’expliquent par la répression continue que le pouvoir exerce sur l’opposition, les médias libres et la société civile. On s’étonne seulement qu’après quelques temps, beaucoup finissent par raser les murs pour « revenir » dans l’opposition. On verra demain !