Madame le directeur général de la CNSS était face à la presse le mardi 16 avril 2019. Objet de cette rencontre, justifier le retour des paiements de pensions et rentes du mode mensuel au mode trimestriel.
Les syndicats des retraités ont envahi la direction générale de la CNSS hier jeudi 18 avril en matinée. Ils y étaient pour s’élever contre la décision prise par l’organe de paiement des pensions et rentes au Gabon. De leurs discussions avec Nicole Assélé, qui a reçu, à sa demande, les leaders syndicaux, il ressort, selon le compte-rendu fait par leur porte-parole, que si la CNSS reste dans la logique du paiement mensuel, sans que ne lui vienne un fort soutien de l’Etat, elle mettra la clé sous la porte dans quelques années. C’est en prévision de cette réalité qu’elle a opté, au regard de la législation en vigueur au Gabon, de retourner à l’ancien mode de paiement au trimestre et non plus au mois.
Face aux journalistes, la DG de la CNSS avait déjà brandi cette logique. Pour elle, la CNSS a lourdement souffert ces dernières années d’une gestion approximative de la part de ses prédécesseurs. A côté de cela, il y a la crise économique qui se poursuit et qui ne favorise pas la bonne tenue de la caisse du fait de la fermeture de nombreuses sociétés. Il y a aussi la responsabilité de l’Etat qui peine à payer sa dette vis-à-vis de la CNSS. Les sociétés privées, qui ont résisté à la crise jusqu’à présent, ne sont pas en reste. Elles aussi peinent à montrer patte blanche à la CNSS…Autant d’arguments mis sur la table pour justifier le retour au paiement trimestriel des pensions et rentes.
L’institution encaisse actuellement 28 milliards de francs de cotisations trimestrielles, alors qu’elle en dépense 32. « La dette de l’État et des entreprises vis-à-vis de la CNSS culmine à près de 400 milliards de francs cfa, lorsque les réserves statutaires sont très loin des niveaux recommandés par la Cipres de l’ordre de 200 milliards », a révélé le directeur général de la CNSS.
Par ailleurs, le paiement des pensions et rentes par mois, comme c’était le cas depuis 2014, coûtait plus de 120 millions de francs en termes d’organisation et logistique contre une évaluation de 160 millions pour un paiement par trimestre. « Tous ces facteurs négatifs cumulés constituent des tensions de trésorerie récurrentes qui ne permettent plus à la CNSS de couvrir convenablement toutes ses charges : pensions et rentes, autres allocations et fonctionnement », a affirmé Nicole Assélé.
La nouvelle périodicité de paiement des pensions et rentes, qui interviendra le 5 mai prochain, devrait permettre à la CNSS de « rétablir ses équilibres financiers entre cotisations payées trimestriellement par les entreprises et les charges ». In fine, cette décision permettra à la CNSS de réaliser des économies d’échelle. « Il est aussi question de rétablir l’équité dans une caisse qui fonctionnait à double vitesse entre les pensionnés locaux, payés au mois, et ceux d’Afrique et d’Europe qui continuaient, eux, à être traités au trimestre », a souligné la directrice générale de la CNSS.
Au Gabon, le code de sécurité sociale dispose que les pensions et rentes sont payées au trimestre. Or, en 2014, l’ancienne équipe dirigeante avait décidé de passer à un paiement mensuel par une simple note de service sans modification préalable de la loi n° 6/75 du 25 novembre 1975 par le législateur. « Nous sommes conscients que cette décision sera difficile et inconfortable au départ. Mais dès août prochain, elle se révèlera bénéfique pour les trois quarts de nos retraités, ceux qui émargent au chapitre des pensions très modestes, obligés de parcourir de longues distances », a soutenu le directeur général de la CNSS.
Nicole Assélé a également donné des assurances pour les retraités ayant souscrit des crédits. « Nous avons trouvé un modus operandi avec les banques pour que les chocs financiers soient complètement anéantis. Pour cette catégorie de retraités, les retraits bancaires dus aux crédits se feront également trimestriellement ».
Si ces problèmes sont réels, il n’en demeure pas moins qu’il y en a d’autres, notamment le volet gestion et celui des effectifs.
En effet, de nombreux détournements ont été perpétrés à la CNSS par des compatriotes bien connus et qui sont en partie à l’origine de sa banqueroute. S’y ajoutent des recrutements ethniques depuis des années. A-t-on réellement besoin d’autant de personnels ? On parle de 1 800 agents pour gérer une aussi petite entité. Surtout au regard du nombre insignifiant de cotisants.
Suite à leur rencontre avec la DG de la CNSS, et des explications qui leurs ont été fournies, les retraités ont décidé de se déporter à la primature ce matin afin d’avoir les explications du Premier ministre.
Nous y reviendrons.