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PDG : Déclaration d’Ali Akbar Onanga Y’obeghe, Victoire juridique ou manœuvre politique ?

La déclaration d’Ali Onanga Y’obeghe, datée du 25 juillet 2025, se présente comme le cri de victoire d’un homme conforté dans sa légitimité par une décision de justice. Se proclamant seul Secrétaire Général légal du Parti Démocratique Gabonais (PDG) au nom du « Président légitime », Ali Bongo Ondimba, Onanga Y’obeghe dépeint une bataille judiciaire où le droit aurait triomphé de « l’usurpation ». Cependant, une lecture attentive de ce texte révèle une stratégie de communication à double détente, mêlant affirmation d’autorité et appel calculé au dialogue, soulevant ainsi plusieurs questions sur ses véritables objectifs.

Une victoire juridique aux contours flous

Le cœur de l’argumentaire d’Ali Akbar Onanga Y’obeghe repose sur une décision du juge des référés du Tribunal de Première Instance de Libreville. Il affirme que le juge a non seulement rejeté la demande de ses adversaires, mais a aussi « reçu l’exception d’inconstitutionnalité » qu’il a soulevée et, surtout, a « sursis à statuer« .

C’est ici que se niche une ambiguïté majeure. Un  »sursis à statuer » n’est pas une victoire sur le fond. Cela signifie que le juge a suspendu sa décision, souvent dans l’attente d’une autre décision (comme celle sur la question de constitutionnalité) ou d’informations complémentaires. Bien que cela ait effectivement bloqué l’action de ses opposants à son encontre, cela ne valide pas définitivement sa position. Onanga Y’obeghe interprète cette suspension comme une reconnaissance incontestable de son autorité, une extrapolation qui semble plus politique que juridique. Il transforme une victoire procédurale en un triomphe absolu.

L’affirmation d’une autorité exclusive

Fort de cette interprétation, le ton de la déclaration devient martial. M. Onanga Y’obeghe se positionne comme l’unique détenteur du pouvoir de validation des candidatures pour les élections à venir, au nom d’Ali Bongo Ondimba. Il met directement en garde le Ministère de l’Intérieur, tentant de le lier par cette « clarification juridique« . Cette posture vise à couper l’herbe sous le pied de ses rivaux internes, le « directoire auto-proclamé« , en contrôlant le nerf de la guerre politique : les investitures.

En se présentant comme le « dernier bourreau » des manœuvres contre le PDG, il utilise un langage de combat pour galvaniser ses partisans et intimider ses adversaires. Il dénonce un « plan machiavélique » et une « cabale » qui auraient échoué, se posant en rempart de la légalité face aux « imposteurs« .

La main tendue : Sagesse ou stratégie ?

C’est dans la dernière partie du texte que la stratégie change radicalement. Après avoir affirmé son autorité de manière inflexible, Onanga Y’obeghe lance un « appel solennel au dialogue ». Invoquant l’héritage de « Dialogue, Tolérance, Paix » d’Omar Bongo Ondimba, il tend la main à ceux qu’il vient de qualifier d’usurpateurs.

Ce revirement est habile. Il se présente non pas comme un chef de guerre, mais comme un homme d’État responsable, soucieux de « l’efficacité » du parti aux prochaines élections. Il précise que sa main tendue n’est « pas celle de la faiblesse mais celle de la sagesse« . En d’autres termes, il propose une négociation depuis une position de force qu’il vient de construire, tant sur le plan rhétorique que juridique. L’appel au dialogue devient alors un ultimatum déguisé : ralliez-vous à ma légitimité pour le bien du parti, ou assumez la responsabilité de la division.

Un acte politique complexe

En définitive, ce texte est moins le compte-rendu neutre d’une décision de justice qu’un acte politique majeur. Ali Onanga Y’obeghe utilise une décision judiciaire non définitive pour asseoir une légitimité contestée, s’emparer du contrôle stratégique des investitures et forcer ses adversaires à la table des négociations, mais à ses conditions.

La déclaration révèle la profonde crise de leadership qui secoue le PDG. En s’appuyant sur la figure tutélaire mais affaiblie d’Ali Bongo, Onanga Y’obeghe tente de s’imposer comme le nouvel homme fort. Sa victoire est pour l’instant surtout rhétorique. Le véritable dénouement de cette lutte de pouvoir ne dépendra pas seulement des prétoires, mais de la capacité des différentes factions à mobiliser les militants et à négocier les termes d’une unité, peut-être précaire, en vue des échéances électorales.

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