Dans une tribune publiée chez notre confrère Gabonreview le 15 novembre 2020, l’ex-ministre délégué aux affaires sociales Jonathan Ndoutoume Ngome, cadre du parti Démocratie nouvelle (DN) en qualité de Secrétaire national (parti de la Majorité présidentielle) a laissé entendre qu’Ali Bongo sera candidat en 2023 et que tout lui réussit depuis 2009. Mieux il gagnera. Est-ce à dire que René Ndemenzo’Obiang et son parti ont tourné casaque pour soutenir Nourredin, le vrai futur candidat du PDG et de la majorité ?
Des propos opportunistes qui ont laissé une grande partie de l’opinion complètement médusé et désabusé, notamment les militants inconditionnels de DN au grand nord et notamment à Bitam et Mitzic, sur les élucubrations de ce liseur d’avenir…
Les inepties d’un intellectuel en quête de poste politique
Jonathan Ntoutoume Ngome s’est justifié dans les colonnes de notre confrère qu’Ali Bongo a un bilan et surtout des atouts politique, militaire et économique qui le prédisposent à se positionner pour 2023 et à remporter haut la main cette élection. Visiblement aucune compassion pour le miraculé de Riyad. Selon lui, au plan politique, le PDG réorganise la majorité à travers les consultations d’autres partis politiques, personnalités politiques, sociétés civiles, associations, etc. pour constituer une méga coalition relative aux enjeux électoraux futurs. On peut donc conclure que sortant de la bouche de René Ndemezo’Obiang, ce dernier a déjà donné son imprimatur. Du côté de l’opposition, il n’y a aucune organisation sérieuse, selon lui.
Par ailleurs, au niveau diplomatique sous-régionale en Afrique centrale, les efforts déployés par Ali Bongo pour reformer la CEEAC et la CEMAC, au regard des soubresauts au Cameroun et des difficultés certaines au Congo et en RDC, la stabilité au Gabon pourrait jouer en faveur d’Ali Bongo de la part de l’opinion internationale.
Sur le plan militaire, la posture du président de la République vêtu d’une tenue militaire d’un Général 5 étoiles lors de la fête Saint-Michel apparait comme un message du Chef suprême des armées pour prouver que c’est encore lui, Ali Bongo Ondimba, le détenteur des leviers de l’Etat peut-être pour longtemps encore. Au plan économique, a-t-il ajouté, tous les pays du monde connaissent une récession relative à la pandémie du Covid-19. Mais le Gabon, grâce aux décisions d’Ali Bongo, a su faire face à la dépréciation des prix des matières premières et à la détérioration des termes de l’échange.
Jonathan Ndoutoume Ngome, un pseudo évaluateur de l’action publique
Mieux il s’est lancé dans une évaluation du bilan d’Ali Bongo depuis 2009 : réseau routier, portuaire, énergie, éducation, santé. A chaque fois, il souligne les « avancées » qui n’auraient été possible que grâce à Ali Bongo. Amo devra se retourner dans sa tombe, en découvrant l’un de ses inconditionnels chanter les louanges du dictateur émergent mieux que ses propres affidés. Plus flatteur que Jonathan dans le Woleu-Ntem, tu meurs. Pour tenter de crédibiliser son analyse tronquée de la gouvernance économique, sociale et politique du pays depuis 2009, Jonathan Ndoutoume, a signé son article en précisant qu’il n’est pas n’importe qui : Docteur en Géopolitique et en Géostratégie du Pétrole ; Enseignant Chercheur à l’UOB ; Conseiller du DG de la Caistab ; Secrétaire National à la Communication, Porte-Parole de Démocratie Nouvelle ; Ancien ministre de la République.
Mais sans entrer dans le fond de sa lecture partisane et partielle des années d’Ali Bongo dont il ne souligne ni l’ampleur inédit de la corruption, de la violence et des crimes, la corruption électorale en octobre 2018, ainsi que les violations systématiques des droits humains, des vols perpétrés par les proches d’Ali Bongo (expressions souvent utilisées pour ne pas dire Ali Bongo lui-même), l’analyse du bilan d’Ali Bongo par Jonathan Ndoutoume Ngome vaut-elle vraiment une caution intellectuelle ou scientifique crédible ? Que vaut son analyse terre à terre face à celles de ceux qui en matière économique et d’évaluation des politiques publiques comme le Professeur Ondo Ossa ou encore Mays Moussi, Jean Gaspard Ntoutoum Ayi, ou l’ex PM et économiste Raymond Ndong Sima ou le professeur Alexandre Barro Chambrier pour ne citer que ceux-là montrent l’échec patent de la gouvernance économique et financière du pays sous Ali Bongo, et cela avec les chiffres du FMI, de la Banque mondiale, des Agences de notations et des données gouvernementales ?
Décidemment, Jonathan Ndoutoume Ngome qui est loin d’être « scientifiquement » formée en matière d’évaluation de l’action publique s’est totalement fourvoyée. Il a fait de la politique et rien que de la politique. Les titres universitaires qu’il a mis en avant ont plutôt fait rire les chercheurs et enseignants de l’UOB dans les domaines de la science politique et de l’économie notamment. Sa tribune a donc plutôt suscité le ridicule pour séduire indirectement Nourredin. Une sorte d’appel du pied qu’autre chose.
Les vraies raisons de la sortie de Jonathan
D’abord qu’est ce qui justifie le calendrier de cette sortie de cet ex-ministre qui avait été battu à plat de couture aux dernières élections législatives et locales d’octobre 2018 à Mitzic ? La raison à ce niveau est que ce dernier lorgne le poste de sénateur de la Commune de Mitzic. Il pense qu’avec cette sortie dans la presse, Noureddin Bongo verra en lui un courageux fang qui n’a pas peur de défendre Ali Bongo et donc il faut le soutenir. Mais mathématiquement, son parti n’a aucune chance de passer vu leur nombre de conseiller départementaux et municipaux dans le département de l’Okano. Il imagine, dans ses purs fantasmes chimériques, que le PDG donnera la consigne de voter pour lui.
Ensuite, on sait qu’à la suite de son éviction du gouvernement, il a eu un point de chute, Conseiller du DG de la Caisse de stabilisation et de péréquation où il perçoit un revenu mensuel qui le place à l’abri du besoin et de la peur (pas moins de 2 millions par mois). Il faut donc que de temps en temps, comme un tonneau vide, il émette des sons forts pour signaler sa présence. Nourredin sait ce qu’il doit faire.