Les révélations de Kim Oun, ancien proche collaborateur du couple présidentiel Bongo, apportent un éclairage inédit sur la gestion des affaires internes du clan Bongo, en particulier lors de la campagne présidentielle de 2023. Dans un témoignage fait ce mardi 11 novembre 2025, deuxième jour du procès, désormais versé au dossier judiciaire, Kim Oun expose une organisation secrète et hiérarchisée autour de Sylvia et Noureddine Bongo Valentin, qui aurait géré de manière autonome un budget colossal de 80 milliards de francs CFA.
Un système structuré de gestion des affaires présidentielles
Selon Kim Oun, qui a entretenu des relations professionnelles avec Abdoul Oceni Ossa, un autre membre clé du clan, un système parallèle s’était installé au sein du pouvoir. En dépit de son rôle de sécurité personnelle de Noureddine Bongo à Londres et de son poste à OLAM Gabon, Kim Oun se concentrait principalement sur l’assistance à Sylvia Bongo, sans lien direct avec Noureddine.
Une fois ce dernier nommé Coordinateur Général des Affaires Présidentielles (CGAP), Abdoul Oceni Ossa devient son bras droit, gérant une part importante de ses affaires privées et financières, même après la fin des fonctions officielles du CGAP. Kim Oun décrit une organisation méticuleuse pour la campagne présidentielle de 2023, avec des responsables dédiés à chaque pôle stratégique, tels que la communication, la logistique et les finances, tous en étroite collaboration avec Sylvia et Noureddine Bongo.
Une gestion hors des circuits Institutionnels
Le budget faramineux de 80 milliards de francs CFA, destiné à la campagne présidentielle, a été géré de manière privée par Sylvia et Noureddine Bongo, sans contrôle extérieur. Kim Oun, chargé de superviser la logistique de la campagne, confirme que la commande de véhicules et l’organisation des voyages étaient sous sa responsabilité, mais que toutes les décisions majeures étaient prises par Noureddine Bongo, sans implication directe dans les discussions stratégiques.
Le témoignage de Kim Oun révèle un système de financement parallèle où les fonds privés de Sylvia Bongo étaient gérés à travers des circuits informels. Pour contourner les restrictions de paiement en espèces, un réseau de change illégal, relié à Dubaï et des comptes dans des sociétés de gestion comme Royal Capital et Noor Capital, était utilisé pour régler les dépenses personnelles de Sylvia Bongo. L’avocat Alain Malek, présent dans ces montages financiers, joue un rôle clé dans cette structure opaque.
Des soupçons de détournements et de blanchiment d’argent
Ces révélations viennent étayer les accusations de détournements de fonds publics et de blanchiment d’argent à l’encontre de Sylvia et Noureddine Bongo Valentin. Actuellement jugés par contumace, les deux membres du clan Bongo sont accusés d’avoir utilisé ces pratiques pour financer leurs activités politiques et leur train de vie, au détriment des ressources de l’État gabonais.
Ce témoignage expose ainsi une organisation parallèle du pouvoir, où la gestion financière et politique était concentrée entre les mains de Sylvia et Noureddine Bongo, sans aucune supervision des structures étatiques officielles. La suite de l’affaire promet de lever le voile sur les mécanismes de gestion et de manipulation des fonds publics au sein de la famille Bongo, en attendant l’issue du procès en cours à Libreville.




