En poste depuis deux mois comme ministre de l’Economie et des Finances et politiquement comme nouveau membre du comité permanent du PDG à Oyem, Roger Owono Mba pourra-t-il réussir son mandat politique face aux entourloupes et autres pièges des PDGistes de la « première heure » qui ne saluent pas nécessairement de bon cœur son arrivée.
Dans les luttes politiques intestines Nkodjé, le pouvoir semble avoir tranché la question. En effet, les deux élus d’Oyem (1er et 2è arrondissements) ont été éconduits du gouvernement le 10 juin dernier par Julien Nkoghe Bekale, à savoir Estelle Ondo (2è siège ministre de la Famille) et Obame Ondo (1er siège ministre délégué aux Travaux publics). Une façon peut-être pour les nouveaux patrons du palais du bord de mer de reconnaître que cette façon mono-tribale de faire la politique à Oyem n’a jamais vraiment payé depuis l’arrivée de Boa en 2009. Oyem, plus que jamais cosmopolite, est dominé par des « populations flottantes » venues des cantons du département du Woleu et surtout connaît de vieilles revendications de représentativité politico-administrative des Odzip, l’autre grande tribu fondatrice de la ville sous les colonisations allemande et française. Mais l’hégémonie Nkodjé d’Oyem reste intacte, encore du moins au sein de l’équipe municipale actuelle.
Mais bien plus important que cela, le pouvoir émergent semble avoir délivré un autre message politique : l’arrivée aux affaires d’un parfait anti-politique, pour dire un inconnu des joutes politiciennes à Oyem, Roger Owono Mba, pêché dans le canton pour venir commander la commune et toute ce beau monde qui fait le bazar depuis quelques années aussi bien au sein du PDG que dans la gestion plus globale du département du Woleu.
Quelle marge de manœuvre ?
Bien qu’officiellement écarté des affaires (comité des sages du PDG), François Engonga Owono, dit Ebooué, reste un acteur incontournable et redoutable de la scène politique de la ville. Le travail de sa mise à l’écart entamé par les jeunes Ajéviens menés par l’actuel DG de la CNAMGS, Renaud Allogo Okoué, porte des fruits : le conseil départemental du Woleu, le conseil municipal d’Oyem, les membres du bureau politique, dont Megne m’Eyi qui tient tête à son ex-mentor Ebooué, quelques élus dont celui du canto Kyé et de très nombreux cadres prêtent allégeance au fils de Nkolayop. Au cours de la dernière réunion du PDG, Rose Allogo Mengara n’avait pas manqué de manifester son mécontentement face au style politique arrogant de ces jeunes Ajéviens…Un constat qui montre aussi qu’une certaine génération est en train de se faire éjecter du podium politique d’Oyem, sans qu’elle n’ait des forces de l’empêcher, par une autre génération réputée « jeune » dont les objectifs ne sont cependant pas encore clairement connus, mais surtout la légitimité à la base établie.
Entre la vieille garde PDGiste composée d’Ebooué, Raphaël Mezui Minsta, Allogo Mengara, Allogo Minko, Bitougha Christiane, Megne m’Eyi (tous aux rapports conflictuels et hypocrites) et les jeunes Ajéviens menés par Renaud Allogo Okoué, Roger Owono Mba va devoir batailler dur pour s’imposer et imprimer un rythme politique personnel. Mais, pour certains observateurs, cela ne prendra pas. L’enjeu des sénatoriales et les postes de ministres laissés « vacants » après les sorties d’Estelle Ondo et Obame Ondo ne peuvent laisser de répit entre les factions PDGistes d’Oyem. Autrement dit, Roger Owono Mba, malgré les appuis solides dont il dispose à Libreville (Laccruche Alihanga) sera plus inquiet des affaires politiques d’Oyem que des dossiers économiques, financiers et sociaux du vaste ministère qui lui a été confié par son mentor. Une chose est de faire la politique à Libreville, une autre est de la faire à Oyem. De plus, d’autres observateurs notent que les remue-ménages qui se font actuellement au sein du cocon PDG d’Oyem ne sont qu’opportunistes. Les mêmes qui, hier, ont « mangé » chez Estelle Ondo, Obame Ondo ou encore Ebooué, veulent se redonner peau neuve chez le nouvel inconnu politique que le pouvoir vient de parachuter.
Eric Morabitôm