C’est en principe demain, samedi, que l’on devrait connaître la composition exacte du bureau définitif de l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo (RDC). Des doutes subsistent, en effet, face à la détermination du président sortant de rester, même deux crans en dessous au perchoir.
Le dernier mandat du président Félix Antoine Tshilombo Tshisékédi risque de ne pas être un long fleuve tranquille bien au-delà des difficultés que connaît le pays avec l’agression caractérisée du voisin rwandais. C’est à l’intérieur de sa propre majorité, pour ainsi dire, tirée par les cheveux depuis sa rupture d’avec son prédécesseur, Joseph Kabila Kabangué, que le fils du sphinx de Limété va vivre des moments difficiles. L’abondance des biens législatifs, arrachés lors du processus électoral décrié de décembre dernier, avec des scrutins qui se seront étalés sur pratiquement une semaine, devant lui nuire plus qu’autre chose…
Issus majoritairement du giron kabiliste qui a été aux affaires pendant près de 20 ans, le gros des femmes et des hommes qui ont rallié le nouveau pouvoir pour la formation de son Union sacrée de la Nation avaient aussi travaillé avec le maréchal Mobutu Sésé Séko, tout comme d’ailleurs feu Etienne Tshisékédi Wa Mulumba. Ils ont forcément gardé des réflexes de survie politique de ces époques. Le plus emblématique d’entre eux est sans doute aujourd’hui le vieux Christophe Mboso N’kodia qui, à bientôt 82 ans, ne veut absolument pas passer le relais, malgré l’inconsistance de son butin politique dans l’escarcelle des près de 480 élus nationaux que compte la majorité soutenant le président de RDC. En plus de lui-même, le sieur Christophe Mboso N’kodia Pwanga ne compte que deux députés dans sa formation politique peu en vue dans la galaxie tshisékédiste. Néanmoins, il a estimé que c’est lui qui devait être désigné à nouveau président d’une chambre comprenant 500 députés.
Un entêtement obsessionnel qui a obligé le chef de la majorité à faire organiser des primaires pour départager Vital Kamérhé, à qui le chef de l’Etat avait déjà promis le poste, Modeste Bahati Lukwébo et l’inattendu Mboso N’Kodia Pwanga. La victoire de Kamérhé laissera de marbre le notable du Kwanga qui, aussitôt Tshisékédi parti en voyage officiel en France avec Kamérhé, s’empressera de déprogrammer la mise en place du bureau définitif pour une date ultérieure.
Il a fallu que plus d’une centaine d’élus menacent de le déchoir de son poste de président du bureau d’âge pour que le vieux Mobutiste consente à publier un nouveau programme électoral invitant les uns et les autres à déposer des candidatures pour les sept postes que compte la chambre basse du Parlement congolais : 1 président ; 2 vice-présidents ; 1 questeur et son adjoint et 2 rapporteurs dont un pour le compte de l’opposition. Mais là, lors de la publication des candidatures retenues, c’est la surprise du chef. Christophe Mboo N’kodia Pwanga se fait proposer comme 2ème vice-président, lui qui, depuis 2021, en assurait la préséance… Et ce n’est pas tout. Deux autres membres du directoire de l’Union sacrée pour la Nation vont s’inviter eux aussi au partage : Modeste Bahati, qui place son fils Serge Bahati, miraculeusement repêché de son invalidation par la Cour constitutionnelle, en qualité de questeur, mais aussi Jean-Pierre Bemba Gombo qui place sa sœur cadette comme rapporteur du bureau à mettre en place. C’est le tollé général chez les députés et l’indignation unanime de la clameur publique qui crie au népotisme.
D’autres députés vont alors faire acte, à leur tour, de candidature, principalement au poste visé par Mboso qui reste au contrôle du processus en tant que président du bureau d’âge. Mais alors que Bahati Lukwébo retire son fils pour proposer un autre cadre de son parti, Mboso reste droit dans ses bottes. Jean-Pierre Bemba maintenant aussi sa sœur au poste de rapporteur.
Au moment où nous mettions sous presse et alors que la campagne électorale à l’hémicycle du palais de la Nation venait de s’achever, nous n’étions pas en mesure de confirmer si des requêtes en protestation de leurs candidatures par les plaignants avaient été déposées et acceptées par les juridictions compétentes.
Nous le saurons dans tous les cas demain. Si Christophe Mboso N’kodia Pwanga, 11 fois ministre et 7 fois député, depuis Mobutu, parvient à conduire à terme son projet de se rendre indispensable au bon fonctionnement du Parlement de son pays.
Sylvanal Békan