Alors que 2023 commence à pointer son nez, Jean Ping semble regarder vers l’horizon. Militant du PGP, relique laissée par son frère, Jean Ping scrute l’avenir qui semble flou, avec la volonté d’une bonne partie de l’opposition d’aller aux élections, le président élu devra se repositionner au risque de voir la page de sa victoire tournée à jamais…
Jean Ping peut-il relever le Parti gabonais du progrès (PGP) dont il est militant ? Pas certain. Si, jusqu’à présent, l’homme s’est situé au-dessus des partis politiques, prêchant pour une coalition qui devait le porter au pouvoir, Ali Bongo et Paris ont fini par avoir Jean Ping à l’usure. En ne privilégiant que l’option pacifique du bulletin de vote face à la balle de fusil, Jean Ping s’est tiré lui-même une balle dans le pied. En 2023, Ali Bongo va organiser ses élections pour les gagner. Que fera Jean Ping ? Continuer à dire qu’il est le président élu et qu’il ira jusqu’au bout ? Quel bout alors que Paris ouvre grandement ses portes au dictateur émergent ? Si Paul Mba Abessole avait réussi à s’imposer à Paris, au point que nous sommes allés aux accords du nom éponyme, c’est parce que la sécurité bûcheronne a fait parler la poudre face à l’armée d’Omar Bongo. Il semble que la nouvelle opposition voudrait que les populations aillent affronter les « tueurs » d’Ali Bongo à mains nues.
On gardera à l’esprit que le discours de Jean Ping du 16 août dernier fera date. Particulièrement lorsqu’il dit : « Et on voudrait, sous la propre lâcheté de ceux qui y songent, faire croire aux Gabonaises et aux Gabonais que moi, Jean Ping Okoka, j’ai baissé la garde et abdiqué. On voudrait faire croire que cette lutte dont j’ai pris la tête finirait en catimini, sans rien dire, sans rendre compte publiquement et en toute responsabilité au peuple gabonais qui m’a élu et avec qui j’ai le contrat d’aller jusqu’au bout. Oui, aller jusqu’au bout ». Ne pas sortir de la lutte en « catimini », voilà la grande préoccupation de Jean Ping en ce moment. Alors quelle va être sa porte de sortie en 2023 ?
En perspective, Ping ne pourra plus se camoufler derrière son statut de « président élu ». Il lui faut être réaliste et s’aménager une porte de sortie honorable. Cela suppose qu’il devra se tailler sa propre machine politique pour pouvoir exister en 2023. Le PGP, parti dans lequel il est militant, mais sans grande conviction, n’attire plus grand monde malgré sa présence là-bas. Ses consultations avec les coordinations provinciales pourront donc demain aboutir à la constitution d’un grand parti dont il serait le leader. Ce sera là sa seule porte de sortie honorable. Demain, s’il y a un dialogue de la classe politique, Ping sera de fait marginalisé, car il n’est leader d’aucun parti. Président de la République élu, oui, mais cela ne suffit pas pour se faire un statut politique, surtout que la coalition qui l’a porté au pouvoir n’existe plus que de nom…
En 2023, Ping peut-il être candidat ? Oui et c’est tout à fait son droit. Mais pourra-t-il gagner ? Pas si sûr. D’abord, aucun opposant ne sera tenu de l’accompagner de nouveau. Alexandre Barro Chambrier est déjà sur sa rampe de lancement. Il est certain que, lors de son congrès dans une semaine à Bitam, Guy Nzouba Ndama pourrait également dévoiler ses ambitions. Si Paulette Missambo et ses hommes se sont battus dans un combat fratricide avec Paul Marie Gondjout, ce n’est pas seulement pour être présidente de l’Union nationale. Elle a 2023 en ligne de mire.
Même s’il avance masqué pour le moment, Jean Ping sait qu’il ne peut pas garder cette posture jusqu’au-delà de 2022. Il doit reconfigurer sa posture. D’ici-là, il n’aura pas le choix que d’annoncer la création d’un nouveau politique dont il sera le leader. On parle même d’un changement de dénomination du PGP. Le futur congrès de ce parti nous réservera bien des surprises.