En cette période de rentrée scolaire, plusieurs parents se demandent où est passée l’école officielle. Dans tous les coins de rues, il y a naissance d’une nouvelle école privée. Les quelques écoles publiques que compte la capitale sont soit transformées en CES, soit n’ont pas suffisamment de places pour accueillir la cuvée d’élèves qui se présente. Plusieurs écoles privées ont posé quelques couches de peinture et des panneaux publicitaires qui ont pour objectif de dérouter les parents qui n’ont pas d’autre choix que d’y aller.
La rentrée administrative 2019-2020 a eu lieu le lundi 16 septembre dernier sur toute l’étendue du territoire national. Alors que celle effective des classes est prévue pour le lundi 30 septembre prochain. Les chefs d’établissements entreprennent plusieurs démarches administratives et pédagogiques devant rendre fluide la reprise des cours. Il s’agit, principalement, de l’entretien des concessions scolaires, de l’ouverture des inscriptions et réinscriptions, des questions liées aux transferts, de conception des emplois du temps, de l’organisation pédagogique, etc. On assiste particulièrement à un certain remue-ménage dans les établissent privés. On compare leur prolifération rapide dans la capitale à celle des Eglises dites éveillées qui, faute d’encadrement, poussent comme des champignons. Le manque d’école publique n’a fait qu’augmenter le phénomène. « Ici, à Libreville, dans chaque quartier il y a au moins 2 à 3 école privées, peu importe le genre. Nous inscrivons nos enfants dans ces écoles pour plusieurs raisons : manque d’écoles publiques à proximité, pas de grèves, pas d’effectifs pléthoriques », a expliqué un parent. Du côté des parents, il se pose le problème financier. Car pour inscrire un enfant dans une bonne école privée, il faut s’attendre à payer des sommes faramineuses chaque mois. Nos reporters ont visité quelques écoles privées de la place. Les sommes à débourser donnent froid au dos pour des parents aux salaires modestes et ayant plusieurs gosses à scolariser. Quelques exemples pour se faire une idée : cycle pré-primaire : mois d’octobre à mai pour les 2 ans. 54 000 Fcfa la demi-journée ; 137 000 F le trimestre et 389 000 F toute l’année. Pour la journée, il faudra débourser, pour les mois d’octobre à mai, 59 500 F; le trimestre 142 500 F et l’année entière 405 000 F.
Pour les 3 ans : mois d’octobre à mai, demi-journée, 56 000 F ; le trimestre 142 500 F et l’année 405 000 F. Pour la journée, il faudra débourser la somme de 58 500 F pour les mois d’octobre à mai ; le trimestre 148 500 Fet l’année 421 500 F.
Pour les 4 ans, même montant que pour les 3 ans.
Et pour les 5 ans, il faudra, pour les mois d’octobre à mai, débourser la somme de 61 000 F la journée ; 160 000 F le trimestre et 453 000 F l’année… Au cycle maternel, les parents doivent prévoir entre 450 000 F et 550 000 F l’année. Pour le cycle primaire, les parents doivent prévoir entre 480 000 F et 500 000 F l’année scolaire…
Si, pour certains parents, payer de telles sommes ne dérange pas, pour d’autres cela revient à se priver de beaucoup de choses, car de telles sommes constituent parfois les charges de toute la maison (eau, courant, nourriture loyer…). L’observation du payement de tels montants par mois pour l’éducation des enfants dans des écoles privées et au regard de la conjoncture actuelle du pays amène à s’interroger dans quelle catégorie sociale peuvent être classés les parents qui inscrivent leurs enfants au dans ces structures scolaires dans la mesure où l’école publique pratique les mêmes enseignements qui, parfois sont même meilleurs que dans certains de ces établissements et dont le coût de la scolarité est à la portée de tous (5 000 F) toute l’année. Malheureusement, l’école publique est en voie de disparition parce que l’Etat a décidé d’en faire des CES. Face à ce manque d’établissements publics, les parents sont obligés d’inscrire leurs enfants dans des structures privées de basse catégorie, des maisons d’habitation devenues des écoles du jour au lendemain pour plumer des parents en désarroi qui ne peuvent pas s’offrir des établissements de haut standing. Le gouvernement ou, plutôt, des membres de ce gouvernement seraient-ils derrière la prolifération des écoles privées ?
L’avenir nous le dira.