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République du Moyen-Ogooué/Gestion kafkaïenne de l’hôpital Schweitzer : Le grave réquisitoire de tonton Robert

Robert Ndong

Lorsque la semaine dernière, le hors-série du journal le Mbandja, dénonçait les détournements au sein de l’hôpital Schweitzer, nous étions loin de nous imaginer que le camarade Ndong Robert, sous les habits de Procureur, avait concocté un véritable réquisitoire adressé aux administrateurs de la Fondation internationale Albert Schweitzer. Un réquisitoire qui fait de nous, des gentils, au regard de l’étendue du scandale dénoncé urbi et orbi par Vice-président de la Fondation, Robert Ndong, qui avait averti qu’il n’allait pas prendre part aux travaux du Conseil de Fondation, tenus non plus à Lambaréné, mais à Libreville, dans un enceinte militaire, le 30 décembre 2023 dernier.

Dès l’entame de son réquisitoire qui devrait intéresser le CTRI, Robert Ndong rappelle ce qui suit : « A la suite des échanges avec le Directeur de l’hôpital Albert Schweitzer (HAS) sur le sujet du lieu de la tenue de notre prochaine réunion du Conseil, je prends acte de ce qu’une salle, dans une enceinte militaire, équipée de micros et de caméras reste le seul endroit à Libreville pour tenir une réunion du conseil de la Fondation internationale de l’hôpital du Dr Albert Schweitzer. Ce qui est une violation de l’article 5.5 de nos statuts qui stipulent que nos réunions ne sont pas publiques ».
Après avoir dit cela, le VP va s’attaquer au plus gros morceau, la gestion kafkaïenne de l’hôpital, notamment sur le volet financier, partie intentionnellement retirée de l’ordre du jour, ou simple commission, c’est selon. Ainsi, le VP constate pour le dénoncer hautement que :
« Les loyers perçues par l’hôpital pour le compte de Mba Jean Samuel, trisomique, qui ne sont pas reversés à la caisse de l’HAS depuis 2020 » (où est passé le grisbi ?) Passons ! Toujours en termes d’oseille, « la justification de la création d’une caisse parallèle au secrétariat du Directeur de l’hôpital, pour l’encaissement des loyers dus par les employés de l’HAS qui louent des maisons à l’hôpital, le Cermel, les personnes extérieures occupantes, les centres de formation… » En français facile, le patron de l’hôpital a son secrétariat, une caisse à lui où sa Secrétaire dépose les loyers encaissés. Il peut donc disposer de ce pognon comme bon lui semble. Il ne sait pas ce qu’on appelle l’unicité des caisses. Personne n’a dit que c’est du détournement, mais c’est tout comme.
Poursuivons : « Le suivi de la transmission de relevés bancaires des comptes de la Fondation gérés par la direction de l’HAS au cabinet Emst & Young qui conditionne la certification de nos comptes à cette action ». En français facile, il faut comprendre que le directeur de l’hôpital rechigne à transmettre les relevés bancaires comme s’il avait quelque chose à camoufler.
Mais tonton Robert ne s’arrête pas là. Il s’interroge aussi sur « le recrutement de personnels qui a débuté en 2020 et totalise aujourd’hui à 40 personnes en CDD, CDI qui vont reconstituer notre dette auprès de la CNSS et augmenter celle due à l’État sur les retenues au personnel mais non reversés et plomber définitivement, pour les années avenir, notre masse salariale et en violation de l’article 5.6 des statuts qui donnent au seul Conseil de Fondation la possibilité de statuer sur les recrutements ». Le directeur refuse désormais de s’embarrasser de cette disposition qui peut lui être préjudiciable et préfère passer outre. Passons.
Il y aussi : « La formalisation de la présence dans l’hôpital des fonctionnaires, pour la plupart administratifs, non affectés par un arrêté du ministre de la Santé et le recrutement des personnes physiques comme prestataires, en violation de la législation du travail pour un coût annuel estimé à 263 263 000 FCFA (Cf. source document budget HAS 2024). » A Schweitzer, on sait se partager le gibier. Tonton Robert pourrait même se faire passer pour un jaloux. Mais seuls les vrais savent. Poursuivons :
« Les honoraires juridiques pour un montant de 22 561 464 FCFA, alors que la Fondation perd tous ses procès depuis une dizaine d’année ». Ça c’est quelle malchance ? Mais en dehors des procès perdus, il y a : « le paiement du 13è mois aux prestataires et fonctionnaires pour plus de 10 000 000 FCFA par an…les avances consenties au personnel, aux prestataires et fonctionnaires de l’hôpital pour un montant de plus de 100 000 000 FCFA qui, dans la majorité des cas, quitteront l’hôpital (retraite ou affectations) sans la possibilité d’avoir apuré leur dette, ceci au mépris des règles de gestion d’une trésorerie ». On mettra ça en perte et profit.
Venons maintenant à cette affaire de « découverts bancaires auprès de la BGFIBank (la banque des Bongo. Ndlr) pour plus de 600 000 000 FCFA en 2021, 2022 et 2023 sans en informer le Bureau de la Fondation, en violation de l’article 5.6 des statuts en dépit des coûts financiers (agios et autres intérêts) que cette initiative engendre…Le montant des missions irrégulières de la direction à Libreville pour un coût de plus de 17 000 000 FCFA (Cf. budget présenté par la direction de l’HAS) ». En tout cas, tant que ce n’est pas le Directeur qui rembourse, où est son pétard ?
Mais le patron de l’hôpital est vraiment un grand type. La preuve, l’homme refuse de justifier « des travaux non réalisés sur le bâtiment des urgences ». Montant de la facture, tenez-vous bien 10 000 000 FCFA, un petit pognon de dingue aboulé par l’État gabonais. Il refuse aussi de justifier « la non livraison des équipements médicaux à l’hôpital pour un montant de plus de 100 millions FCFA sur un total de 429 000 000 FCFA payés par l’Etat à la société ESTTM ». Un vrai dur, ce directeur…

Pour 2024, tonton Robert attend des explications sur les projets d’investissements notamment :
« La connexion des villas en électricité et eau estimée pour 25 000 000FCFA alors qu’une étude contradictoire donne un montant de 17 500 000 » Admirez-vous-même le gap ? Il y a aussi « l’acquisition d’un appareil de biochimie pour la somme de 24 825 304 FCFA, alors que l’Etat Gabonais avait payé pour le compte de l’hôpital du Dr Albert Schweitzer, dans le cadre de la subvention d’investissement de 2020, un appareil identique pour la somme de 23 680 000 FCFA auprès de la société ESTTM, a-t-il été livré ? L’acquisition d’une nouvelle ambulance pour la somme de 65 millions alors que nous pourrons adapter les deux ambulances existantes, demander une dotation à la société Maurel & Prom ou au ministère de la Santé ; le point sur le compte CNSS qui affiche, à ce jour, un solde débiteur de 3 758 816 315 FCFA, alors que l’Etat a « effacé » cette dette depuis 2021 ».
Tonton Robert souhaite aussi faire le point sur les contrats, notamment sur celui « du Directeur général, renouvelé à l’insu des membres du bureau sans évaluation des objectifs ni approbation du Conseil de Fondation, en violation de l’article 12.1 de nos statuts ; de la location du bâtiment administratif appartenant à la Fondation, loué à la Mairie de Lambaréné pour le montant de 600 000 FCFA par mois, alors que le Conseil de Fondation et le Bureau, informés après signature avaient estimés le loyer mensuel au moins à 1 000 000 FCFA »…
C’est donc à tous ces griefs et dysfonctionnement graves dont il souhaite qu’ils soient confirmés par un audit, que tonton Robert a boudé la tenue du dernier Conseil de Fondation et est tranquillement resté chez lui à Abongo où on l’a surpris sirotant du bon nectar de vin de palme, autour d’un plat de carpe à l’étouffé, accompagné de cassadants. Oligui Nguema sait désormais quoi faire là-bas, car l’État il a mis un pognon de dingue.

GPA

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