Obtenir un compteur d’eau ou d’électricité à la SEEG est devenu presque systématiquement un casse-tête chinois pour un simple citoyen à faible revenu. En effet, depuis un certain temps, les compteurs d’eau ou d’électricité sont l’objet d’un trafic ignoble de la part des agents de la SEEG qui sont, de loin, mieux payés par rapport à d’autres secteurs du privé.
Les compteurs ne sont plus automatiquement payés aux guichets de la SEEG en agence, mais dans la rue ou en dessous des tables à des personnes privées employées de petites entreprises en contrat de sous-traitance avec la SEEG. Cette soi-disant sous-traitance qui ne dit pas son nom est une pratique courante à Libreville et qui s’exporte déjà à l’intérieur du pays.
Pour faire de gros bénéfices, les prix fixés officiellement pour l’acquisition d’un branchement électrique ou d’eau de la SEEG sont de 106 000 Fcfa, pour les compteurs de 3 kw réservés aux ménages, et de 149 000 Fcfa pour les activités de commerce. Mais avec ce système de clientélisme et de corruption, il faut respectivement débourser en moyenne 150 000 ou 250 000 Fcfa, voire 300 000 Fcfa au bénéficie de ces sous sous-traitants.
La procédure, connue depuis longtemps, était qu’il fallait au préalable une étude et un devis pour la pose du compteur. Actuellement, il n’y a pas d’étude ou de devis et cela participe aux branchements anarchiques, dangereux et litigieux de compteurs d’eau et d’électricité. Mais surtout cela est une entorse à l’égalité des usagers face à ce service public. En effet, il suffit de faire un « bizness » avec un agent de terrain ou un sous-traitant pour se voir poser rapidement un compteur tandis que ceux qui passent par la voie normale attendent de longs mois ou doivent faire des allers et retours interminables. Un casse-tête exprès qui vise à obliger les gens à aller faire des courbettes pour « négocier ». Certains clients attendent même un an s’ils ne « misent » pas.
Cette pagaille installée depuis des années déjà au vu et au su de tout le monde (direction générale adjointe chargée des opérations à la SEEG, ministère de tutelle) ne semble émouvoir personne. Cela s’est aggravé avec le départ des « Blancs ». A qui profite ce trafic scandaleux à la SEEG ? Certains agents sous anonymat estiment que ces pratiques sont voulues et bien connues, car les petites sociétés « sous-traitantes » de la SEEG appartiennent à des cadres de la SEEG ou ils en sont des actionnaires. Cette manne collectée lors de la vente illégale de compteurs d’eau et d’électricité ne va donc pas directement dans les caisses de la SEEG, mais « ailleurs ». Une corruption qui pourrait contribuer encore plus à aux difficultés financières de la SEEG. Dans certaines localités (Ntoum…), ce sont des chefs d’agence qui empochent directement ces sommes d’argent.
Pourquoi donc être surpris de constater que depuis quelques temps déjà, des compteurs d’électricité et d’eau sont volés de nuit chez des particuliers ?