Alors qu’à l’issue du premier tour des sénatoriales pour le compte du département du Ntem et de la commune de Bitam, le vote semblait acquis au candidat présenté par le parti Démocratie nouvelle (DN) de René Ndemezo’o Obiang, ce dernier, à la surprise générale, a annoncé le retrait de son candidat, laissant le champ libre au vieux baroudeur PDG de la localité, Emmanuel Ondo Methogo, pour une candidature unique au second tour synonyme de « victoire » cash.
Comment la ras-le-bol des PDGistes a fait émerger DN à Bitam
Habitués à de pareils coups tordus, les PDGistes de Bitam sont finalement estampillés comme des indisciplinés au sein de leur formation politique, à tort ou à raison. A tort parce que le PDG, qui dit publiquement travailler pour la régénération et la revitalisation, œuvre en réalité au maintien d’anciens dignitaires qui ont déjà fait leur temps en ayant eu sous Omar Bongo tous les postes politiques (député, ministre, vice-Premier ministre) et honneurs de la République qui vont avec. Leur vie est pourtant déjà bien réglée par leurs investissements propres. Au plan politique, ils n’ont pourtant plus rien à prouver et aussi plus rien à apporter. Au lieu de choisir sagement d’accompagner la nouvelle génération politique locale qui veut légitimement monter après avoir porté leur sac durant des décennies, ces « mauvais vieux », appelés ainsi par leur propre distingué camarade Ali Bongo, veulent coûte que coûte s’accrocher au pouvoir. Le scénario ainsi décrit à Bitam est valable à Oyem et dans plusieurs localités du pays (comme à Ndjolé). Le PDG a vraiment a maille à tourner le page du passé pour s’inscrire dans le rajeunissement et l’avenir. Raison pour laquelle, en dépit des orientations menaçantes du parti, à Bitam comme dans plusieurs circonscriptions, « des vieux » ont été jetés au tapis ou sont passés de justesse. Pour Bitam, le PDG disposait d’un réservoir de 32 conseillers municipaux et départementaux, donc l’absolue majorité pour passer haut la main au premier tour. Mais des voies ont été reportées (2) vers le candidat de DN qui n’est pas un parti de l’opposition, mais de la majorité présidentielle.
Seulement, le candidat de DN n’a pas obtenu le pourcentage requis (50,5 %) pour être déclaré élu au premier tour. Ce qui l’oblige à un second tour pour « confirmer » sa victoire du premier tour. Mais des zones d’ombres sont là : comment des PDGistes ont-ils pu ignorer la consigne du parti au profit d’un autre parti ? Avec ce croisement de fer au second tour, le candidat de DN avait-il vraiment les chances de prendre ce siège sénatorial sachant que le PDG a décidé de sévir en cas de non report parfait et total des voies de ses conseillers à Bitam ?
Un compromis ambigu entre le Capo-des-capo et Méthode ?
Plusieurs hypothèses se présentent. La première est celle développée plus haut. Les militants conseillers ont décidé de sanctionner la volonté de « Méthode » qui, malgré sa longévité politique au gouvernement et au Sénat (12 ans de siège, soit deux mandats), n’entend pas laisser la place aux « autres » ou aux « jeunes ». La deuxième hypothèse est que les conseillers dissidents ont été très probablement « identifiés ». Expert en matière de fraude et de contrôle du vote, le PDG a décidé « très probablement de faire voter la grande majorité des conseillers « peu sûrs » par procuration. Et donc, le vote devrait être certainement contrôlé pour assurer à Ondo Methogo une élection sans bavure. La troisième hypothèse, la dernière, et pas la moindre, est que René Ndemezo’o Obiang doit probablement contrôler quelques conseillers PDG (ex- proches ou parents, ou achat de voix) qui vont confirmer le vote de son poulain. Mais avec les tracasseries en cours et la possibilité d’une nomination d’un sénateur ou d’un poste juteux ailleurs, il aurait aussi pu décider de retirer son candidat. Un deal politique avec le PDG et Ondo Méthode.