Jusqu’au moment où il décide de troquer sa casquette d’opposant irréprochable pour une veste de ministre de l’oppresseur Ali Bongo, le Bantou, que ses militants surnommaient « Monsieur propre », incarnait, pour la nouvelle génération, l’intégrité et le renouveau politique. Ce qui justifie la présence à ses côtés de jeunes déterminés à libérer le Gabon, à l’image d’Elza Ritchuelle Boukandou ou d’Ange Nzigou qui, aujourd’hui, se liguent contre leur ancien compagnon avec le mépris et le regret qui vont avec d’avoir suivi et servi quelqu’un qu’ils considéraient comme un grand frère pour ne pas dire un père et qui leur sert, à la fin, le souper de la trahison en leur faussant compagnie. Désormais le Bantou est au service de l’oppresseur sanguinaire. Après avoir vertement critiqué la Constitution qui l’oblige à faire allégeance au dictateur-roi par un serment, il s’y est honteusement plié en prêtant un serment diabolique devant celui qu’il critiquait hier.
En principe un enfant ne traine pas son père à la barre, mais il faut comprendre que si ces enfants, particulièrement Elza Boukandou, sont allés jusque-là, c’est parce que Moukagni les y a contraints. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent ce procès face au Bantou, peu importe ! Car, même s’il croit gagner, en réalité le Bantou a tout perdu. De par son instabilité, il a perdu toute crédibilité et est tombé en disgrâce. Que reste-t-il à un homme lorsqu’il a perdu sa dignité, surtout auprès de ceux qui le prenaient pour un modèle ? Au soir de ce procès dont Ali Bongo va certainement garantir la victoire au Bantou, il ne pourra malheureusement pas jubiler, car même si le juge lit le droit en sa faveur, tout le monde dira que c’est Ali Bongo qui lui a assuré la victoire au nom de leur luciférien deal. Ensuite, il sera certainement démangé par le remords, s’il ne l’est déjà du fait d’avoir trahi des gamins qui ont misé, par leur naïveté politique, sur l’intégrité politique d’un homme qui se révèle être un Bantou aux convictions douteuses.
Nous sommes tous achetables, tant les Bongo ont précarisé le peuple pour mieux le tenir, mais lorsqu’aux yeux du monde on accepte d’être un homme de conviction, un modèle pour la jeunesse, il faut savoir tenir bon pour rassurer les troupes, surtout lorsqu’elles sont constituées de gamins qui mettent leur foi en vous.
La politique, disons-le, est une bonne chose en soi. Mais elle a des pratiques sous les tropiques qui mènent tant de personnes à la tombe. Les tueries du 31 août 2016 sont encore dans nos mémoires… Lorsqu’on décide de combattre une dictature, on doit faire preuve de conviction et de détermination. Il est simplement lâche de muscler son discours afin de mieux se faire acheter par l’oppresseur.
Face à la bande à Boukandou, le Bantou, pardon, Moukagni-Iwangou, aura désormais des difficultés à lever la tête et à les regarder droit dans les yeux. Envers lui, les jeunes qui l’ont trainé à la barre n’éprouveront désormais que mépris et pitié. Même son nouveau maître Ali Bongo n’aura aucune considération pour lui. Il sait au fond de lui-même que le Bantou à la voracité financière débordante ne vient pas à ses côtés par conviction, mais pour brouter. Il semble que l’herbe n’est verte que chez les émergents.
Le Bantou, disons-le tout net, est entré en disgrâce vis-à-vis du peuple. Le danger ici est que sa femme et ses enfants pourraient jouir de sa disgrâce. Partout où ils passeront (au quartier, à l’école, dans les places publiques), ils seront pointés du doigt. Il suffit de lire le volume des indignations suscitées par son entrée au gouvernement sur les réseaux sociaux. Quant à la bande à Boukandou, ils peuvent se dire qu’ils ont tenté une expérience qui se termine mal. Ils doivent maintenant en tirer les leçons et se donner les armes pour avancer désormais sans le Bantou. Un jour, la victoire sera au rendez-vous. D’ailleurs, à leur meeting de dimanche dernier à Nzeng-Ayong, ils ont fait le plein des troupes avec des figures emblématiques de l’opposition. Signe qu’ils restent sur la bonne voie.