Présenté comme le projet phare de relance et surtout de diversification économique du PSGE de BOA, la ZES (zone économique spéciale) de Nkok a été lancée en 2010 dans un tintamarre de propagande. Dix (10) ans plus tard, la communication à outrance est en berne.
Un bilan mitigé
Elle avait été annoncée comme le moteur de la diversification de l’économie gabonaise lors de son lancement en 2010. Fruit d’un partenariat public-privé entre l’État gabonais et le groupe singapourien Olam International, cette Zone implantée au village Nkok, à une vingtaine de kilomètres de Libreville, s’étend sur 1126 hectares et accueille des entreprises opérant dans divers secteurs dont le bois, la sidérurgie-métallurgie, la chimie, la pharmacie, les matériaux de construction, la machinerie, la formation, l’agro-industrie, etc. Seulement, ce volume d’investisseurs, dix ans après, est-il plausible au regard des « sacrifices » financiers consentis par l’Etat dans ce qui apparait aujourd’hui comme un gigantesque « éléphant blanc » ?
En effet, ni la masse critique des investisseurs, ni l’impact sur la croissance et, pire, ni la création d’emplois n’ont véritablement été « boostés » à travers le pays grâce à ce projet pharaonique. D’abord en termes d’investissements alloués, ce n’est pas moins de 348 milliards de FCFA que les opérateurs de cet espace y ont injectés entre 2015 et 2018. Le reste, soit plus de 312 milliards de FCFA, a été englouti par l’Etat pour faire tenir coûte que coûte un démentiel « rêve présidentiel ». Et ce n’est pas tout, la ZES a fait perdre aux caisses du Trésor public entre 100 et 200 milliards de FCFA de recettes fiscales et douanières dans la même période parce que ABO avait voulu et décidé que toutes les entreprises qui s’installeront dans « sa » Zone économique spéciale du Bois de Nkok ne devaient pas payer à taux plein les impôts ou droits de douane en exportant ou important les biens et services de l’étranger.
La grosse désillusion économique et sociale
Dix ans plus tard, le régime se rend bien compte d’avoir fait un choix, en réalité une mauvaise gouvernance de ce projet (entre pertes fiscales et parafiscales incroyables par le renoncement à y collecter des taxes pour le Trésor public, et le non-retour sur investissement). Entre temps, l’agriculture et les services qui n’ont pas eu ces moyens auraient été un choix plus judicieux. Une ZES qui, chaque mois exporte (521 containers ; 400,000 m3 transformés et 7,000 tonnes de fer) pour les fabrications du fer à béton et des lingots de métaux non ferreux (aluminium et cuivre), des batteries de véhicules, de médicaments et des bouteilles de gaz industriel liquéfié) mais loin des projections annoncées en 2010. Entre ce que l’Etat a déjà « perdu » dans ce projet et les bénéfices économiques (recettes fiscales) et sociaux (plusieurs milliers d’emplois promis pour seulement moins de 4000 postes souvent des Contrats à durée déterminée (CDD) au terme desquels les travailleurs (gabonais notamment) finissent par quitter l’entreprise et retombent dans le chômage et la précarité.