Selon nos sources, il se raconte que pendant la période d’intérim lié au décès de l’ancien DG de la CNSS, Charles Mendoume, l’agent comptable de l’époque, Nkenke Jean Pierre aurait fait signer à la directrice générale adjointe (DGA) Flore Martine Ngningone Obame, qui assurait l’intérim, un certain nombre de décaissements pour lesquels il apparaît un défaut d’écriture financière de l’ordre de 566 millions. Le nouveau directeur financier et comptable (DFC) serait tombé sur ce défaut d’écriture comptable.
Le dossier se trouve en ce moment entre les mains des enquêteurs de la Direction générale des recherches (DGR) de la gendarmerie nationale à Libreville. L’agent comptable sortant et la DGA ont été entendus. Une garde-à-vue a suivi. La DGA aurait reconnu avoir signé des chèques de décaissement, mais ne reconnaît pas l’usage qui a été fait des fonds décaissés. Curieux tout de même ! Elle risque de payer gros pour cela, car en cas de procès, le juge lui rappellera qu’en administration « il faut toujours vérifier. C’est une obligation de résultats ». Pour avoir failli à ce niveau, même si elle n’a pas trempé, la DGA a failli à son obligation de résultat en faisant décaisser la bagatelle de 566 millions sans savoir la traçabilité. Passons !
Il faut bien comprendre qu’il s’agit de décaissements au niveau des banques pour approvisionner les caisses de la CNSS. Or, les créances qui auraient dû être payées à cette période ne représentaient que deux cent (200 000 000) millions de Fcfa, affirme notre source. Autrement dit, il a été décaissé bien plus que cela, à savoir 566 millions. Un montant dont on ne trouve trace dans les caisses, notamment la caisse principale de la CNSS. Une curiosité qui a intrigué le nouveau DFC qui aurait alerté les autorités. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir où est passé tout cet argent ? La réponse se trouve entre l’agent comptable et le chef de caisse. Mais difficile d’impliquer le chef de caisse si l’oseille n’est pas arrivée dans son bureau.
Notre source nous fait savoir qu’actuellement, le nouveau DG Patrick Ossi Okori et son DFC Alain Vava Moucke Nzouba sont à pied d’œuvre pour faire toute la lumière sur cette affaire. La DGA est déjà éclaboussée pour avoir signé des décaissements sans avoir suivi l’usage qui a été fait de plusieurs milliards sortis, dont 566 millions introuvables en écriture.
Alors, comment peut-on, dans une grosse structure comme la CNSS, faire disparaître 566 millions ?
Selon notre source, lorsqu’on fait un prélèvement à la banque, par exemple, de 200 millions, on remet à la caissière 150 millions qu’elle introduit en machine pour sa comptabilité avant de rentrer les espèces dans la caisse. Sauf qu’il n’est pas remis à cette dernière la copie du chèque. Il faut donc repartir vers la banque pour avoir la traçabilité du décaissement et s’apercevoir qu’entre le décaissement à la banque et la somme mise en caisse, le gap laisse apercevoir un défaut d’écriture de l’ordre de 566 millions. On peut effectivement s’apercevoir de ce défaut d’écriture si le rapprochement bancaire se faisait au jour le jour. Sauf qu’en ce moment, à la CNSS, le rapprochement bancaire prend un temps suffisamment long. De longs mois qui permettent de dissimuler de gros détournements d’argent.
Les investigations menées par le nouveau directeur général et son directeur financier et comptable ont permis de retrouver les copies qui ont permis les décaissements. Quant à la destination des fonds, la réponse à cette question est également connue dans le cadre de l’enquête diligentée par les limiers de la DGR dans le cadre de l’opération Mamba. Sauf que là-bas, on brandit le secret de l’instruction. Au Gabon, contrairement à la France, la police financière se contente d’entendre les suspects. Elle n’investigue pas.
Rappelons qu’il y a quelques années, sous la gestion de Marie Thérèse Vané, une jeune fille, en poste à la comptabilité, avait détourné plus de 200 millions. Jusqu’à ce jour, le vrai montant n’a toujours pas été définitivement cerclé, car cela était lié au défaut de rapprochement bancaire. Et nous y revoilà après Lassegue.