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Chronique politique/Transition gabonaise : Tomber de Charybde en Scylla

Fiers de leurs fils en treillis qui venaient de renverser le régime criminel d’Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, les Gabonais pensaient s’être extirpés définitivement de tous les maux qui l’accablaient jusque-là. Mais, au regard de l’évolution des faits, ils constatent avec regret que ces derniers s’assimilent à tomber de Charybde en Scylla, autrement dit que le pays est passé d’une mauvaise situation à pire. D’autres diront choisir entre la peste et le choléra. Dans ces conditions, les mêmes causes produiront les mêmes effets comme nous l’enseigne l’une des sept lois de la nature.

Les Gabonais ingénus

Au lendemain du 30 août 2023, les Gabonais s’étaient crus libérés de l’emprise et de l’empire de Bongo père à Bongo fils qui les asphyxiaient impitoyablement. Puis, ne plus vivre leurs humiliations et vacheries. Ils se croyaient sortis de l’existence misérable qu’ils vivaient depuis plus d’un demi-siècle.
Ils se disaient alors que leurs vaillants fils en kaki ont anéanti le gangstérisme du Parti démocratique gabonais (PDG) marqué, en période électorale, par une corruption éhontée des masses populaires sur fond de distribution de tee-shirts, de sandwichs, de petites bouteilles et de friandises, de cannettes de Régab ainsi que des billets de 2 000 Fcfa, d’une part, et, d’autre part, une manipulation habile des chiffres que validait systématiquement une Cour constitutionnelle aux ordres.
Les Gabonais espéraient vraiment que leurs courageux fils en treillis tourneraient le dos à l’arbitraire, qu’ils ne priseraient plus les dialogues et concertations palliatifs, qu’ils n’instrumentaliseraient plus la justice afin que « qui boude bouge » n’ait plus droit de cité.
Les Gabonais se disaient que leurs enfants sortaient enfin de l’attachement pervers aux détournements des fonds publics impunis et qu’ils mettraient un terme au saccage de l’économie du pays et à l’utilisation inappropriée des moyens de l’Etat par les locataires du pouvoir.
Mais voilà que le peuple constate avec désolation que l’arrivée au pouvoir de ces vaillants corps habillés s’assimile à tomber de Charybde en Scylla.

Cause et effets en musique

La loi de causalité, cinquième des sept lois de la nature, enseigne que les êtres réagissent en général selon la loi des causes et effets. Nos vies entières en sont conçues et leur cycle est irréversible, car toute cause produit un effet, lequel devient à son tour une cause génératrice d’autres effets. Oubliant que les méfaits de l’être humain par rapport à la nature sont à l’origine des effets néfastes sur sa vie, l’Homme vient à s’interroger sur l’origine de ses malheurs et des catastrophes qu’il subit. Au Gabon, la politique en est le domaine de définition en grandeur nature de cette loi.
En effet, à en croire des hommes politiques et observateurs avisés, le Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI) n’a pas libéré le Gabon et son peuple. Il a plutôt aidé le général Brice Clotaire Oligui Nguema à s’affranchir des humiliations de plus en plus insupportables qu’il subissait de la part de Sylvia, alias Sylvie Aimée Marie Valentin, et son fils Noureddin Bongo Valentin, selon l’intéressé. Sinon, il ne se serait pas affublé de bourreaux qui, gloutonnerie chromosomique et vénalité insipide en bandoulière, humiliaient sans vergogne le peuple gabonais, hypothéquaient l’avenir de la jeunesse, chosifiaient la femme et clochardisaient pères et mères des familles gabonaises.
En mettant les PDGistes sur orbite, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a trahi le format et l’ambition du CTRI consistant, notamment, en la mise sous séquestre l’appropriation du pouvoir par les Valentin et leurs affidés au détriment des Bongo et, partant, de la province du Haut-Ogooué. Aussi, le retour en grâce des PDGistes à la tête du pays qu’ils ont dévasté, à l’instar des pachydermes, constitue-t-il une cause dont les effets seront similaires à ceux observés cinquante-six ans durant.

L’apostasie d’Hervé Patrick Opiangah

Henry Kissinger avait déclaré qu’« être un ennemi des Etats-Unis d’Amérique est dangereux, mais être son ami est fatal ». En paraphrasant l’auteur, il peut être déduit « qu’être un ennemi du système Bongo-PDG est dangereux, mais être son ami est fatal ». Hervé Patrick Opiangah vient de l’apprendre, mais à ses dépens.

Pour avoir prôné le « non » lors du référendum et, surtout, d’avoir fait observer à l’endroit du général Brice Clotaire Oligui Nguema, « mon général, ce n’est pas ce qu’on s’était dit », Hervé Patrick Opiangah a ouvert la boîte de Pandore d’où proviendront ses malheurs dans un Gabon CTRIsé. Selon la clameur publique, Hervé Patrick Opiangah, généralement bien informé, aurait, en mi-novembre dernier, saisi la justice des manœuvres de certains de ses amis visant à l’accuser d’atteinte aux intérêts vitaux de l’Etat.
Une plainte de la famille de son épouse, l’accusant de « violence, inceste, séquestration, usage de faux », constitua le prétexte, sinon la partie visible de ses malheurs. La chaîne de télévision du service public, Gabon 1ère, s’en faisant l’écho, précisa que suite à celle-ci « le procureur de la République a donné l’ordre d’interpeller Hervé Patrick Opiangah ». Il y a pourtant des lustres que ce dernier avait convolé en justes noces avec sa belle-fille en la substituant à sa mère. Un de ses oncles, en verve, se prévalant même implicitement d’être proche du général Oligui Nguema, dénonce cette situation avec une violence inouïe.

Le refus d’Hervé Patrick Opiangah d’obtempérer engendra l’intervention, quelque peu musclée, des auxiliaires de justice auxquels se serait jointe la garde républicaine qui, selon des sources concordantes, aurait tourné et retourné les bureaux de sa holding en emportant certains objets et perquisitionné son domicile. Des membres de sa famille, notamment son épouse, la personne présumée abusée, ses enfants et son grand frère César, du nom éponyme, auraient été interpellés, auditionnés, puis relâchés à l’exception de son aîné. Il aurait été jeté en prison, dit-on, pour obstruction à l’action policière dans la traque de son cadet, puis, lui aussi, relâché deux jours après… Hervé Patrick Opiangah prit les jambes à son cou pour sauver sa peau, lui qui a toujours fait la peau aux détracteurs des régimes père et fils.
Il conviendrait de rappeler qu’à son éviction du gouvernement, Hervé Patrick Opiangah répondit par l’inauguration de sa holding à laquelle prirent part l’élite économico-financière et politique du pays, notamment le richissime Kérangall, le banquier et président de la Fédération des entreprises du Gabon (Feg), Oyima, le président de Ceca-Gadis, Essonghe, le directeur général de Comilog, Batolo, le conseiller du président de la transition, Engandji, un ministre de la Justice, Gondjout, la fille aînée d’Ali Bongo, Malika, un chef de parti, Barro Chambrier…
Lorsque, malgré le fait que l’Etat fut relaxé dans l’affaire Webcor, qui implique cent millions d’euros, soit environ une soixante dizaine de milliards de Fcfa, et deux commis de l’Etat dont l’un serait très proche d’Oligui Nguema, Hervé Patrick Opiangah, pour empêcher le saccage des finances du pays, marqua sa différence en se constituant partie civile à la cour de Paris où se traitait cette affaire.

Il semble s’ensuivre une chasse à l’homme prêtée à ses co-tombeurs d’Ali Bongo qui, dans leur aveuglement, crurent le localiser à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique qui a aussitôt infirmé cette allégation. Ils le situeraient maintenant chez Denis Sassou Nguesso, le « patriarche » du général Oligui Nguema, à Brazzaville. Le silence assourdissant des pouvoirs publics souvent prompts à communiquer, les divertissements servis aux Gabonais touchant les oiseaux d’Ali Bongo Ondimba peuvent paraître comme des leurres. (Nous y reviendrons).
Par ailleurs, il est pourtant de notoriété publique qu’Hervé Patrick Opiangah, comme ses semblables dignes des psychopathes, est le vice incarné. Ses mauvaises mœurs et sa perversité sont largement connues de tout le monde depuis belle lurette. Brice Clotaire Oligui Nguema ne peut donc pas faire mine de les découvrir soudainement. On serait tenté de croire, comme dans la haute mafia, qu’on est uni pour le butin et divisé au partage.

Beauty Nana BAKITA MOUSSAVOU

 

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