Dans un communiqué de presse rendu public le samedi 23 septembre 2023, l’Anareg est longuement revenu sur la gestion de type privé des deux caisses de prévoyance sociale que sont la CNSS et la CNAMG. Gestion motivé par la FEG du banquier Henri Claude Oyima, tout puissant président de cette organisation et patron de la Bgfi bank. S’abstenant de trop critiquer l’initiative, l’Anareg estime au moins « qu’une concertation préalable avec les retraités aurait été souhaitable »…Lecture.
Gestion de type privé ou privatisation des Organes de Protection Sociale du Gabon que sont la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et la Caisse Nationale d’Assurance et de Garantie Sociale (CNAMGS) par la Fédération des Entreprises Gabonaises (FEG) ?
Cette problématique abordée par le Président de la Transition au cours de son audience avec la FEG regroupée autour de leur Président Henri Claude Oyima, interpelle fortement l’Association Nationale des Retraités du Gabon (ANAREG), puisque semble-t-il, à la suite de cette audience, des mesures urgentes ont été prises pour soulager les multiples difficultés auxquelles sont confrontés les retraités ; notamment la mise sous gestion de type privé des Organes sus cités, quand certains parlent de privatisation de ces institutions de Protection Sociale.
C’est donc avec enthousiasme que les retraités militaires et ceux des secteurs public et privé, regroupés au sein de l’ANAREG, ont accueilli cette mesure, tel un « hymne à la joie » nous invitant à ne pas laisser le chagrin nous submerger et avoir foi en la fin prochaine d’un calvaire.
Toutefois, sans vouloir contester la décision des Nouvelles Autorités, l’ANAREG pense en toute modestie qu’une concertation préalable avec les retraités aurait été souhaitable, car l’association a longtemps travaillé sur cette problématique afin de trouver des solutions idoines et applicables mais, n’a jamais été entendue par les Institutions de la République, et par la FEG qui a régulièrement été sollicitée en sa qualité de représentante de 85% du PIB gabonais, et de plus de 90% de la main d’œuvre légale.
Nous constatons, pour le regretter, que seuls les retraités gérés par la CNSS sont pris en compte lorsque les difficultés des retraités du Gabon sont évoquées, alors qu’il y a des milliers de retraités de la Caisse des Pensions et des Prestations Familiales (CPPF) qui sont eux-aussi confrontés aux mêmes difficultés.
La deuxième alerte concerne les sacro-saintes dispositions édictées par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui recommande une gestion tripartite de ces Caisses. La FEG qui a toujours participé aux Conseils d’Administration de la CNSS et de la CNAMGS n’est-elle pas aussi comptable de la gabegie qui a servi de modèle de gouvernance à ces institutions ? Et, peut-elle se désolidariser de leur gestion calamiteuse, puis aujourd’hui se présenter comme la solution unique et salvatrice ?
Pour l’ANAREG, la gestion de type privé, impose le respect des dispositions édictées par la Conférence Interafricaine de Prévoyance Sociale (CIPRES) dont notre pays le Gabon est membre fondateur, ainsi que celles de l’OIT à savoir :
– un Conseil d’Administration dont la gestion repose sur un triumvirat composé de l’Etat, du Patronat et des Syndicats ;
– un Président du Conseil d’Administration désigné par ses pairs ;
– un Directeur Général recruté à la suite d’un appel à candidature ouvert, selon certains critères ;
– un contrat de performance qui lie le Conseil d’Administration et le Directeur Général, pour une durée de 3 ans renouvelable, avec possibilité de révoquer ce dernier en cas de résultats insatisfaisants. Parler de privatisation comme cela est relayé par une certaine presse, c’est créer d’autres difficultés encore plus difficiles à solutionner, notamment :
– l’accentuation du chômage du fait des licenciements massifs en vue d’une recherche des effectifs cibles ;
– la recherche effrénée du profit à tous les prix ; une logique de marché pour une organisation à but social ;
– la diminution du niveau d’arrérages actuels des retraités du Gabon déjà insignifiants par rapport au taux d’inflation, du fait des choix qui peuvent être opérés ;
– enfin, une confiscation des politiques sociales qui deviendraient tributaires des dispositions d’un groupe de privés, y compris certaines servitudes du service public.
Ce qui est attendu de la FEG, c’est de contraindre les Entreprises regroupées au sein de cette fédération de régulièrement reverser à la CNSS les parts sociales de leurs employés, ainsi que les leurs. S’approprier la CNSS tel qu’il est déjà observé depuis la rencontre avec les autorités pourrait desservir de nombreux bénéficiaires de ces instruments de la politique sociale du pays, tout en créant d’autres effets collatéraux regrettables.
En sa qualité de banquier chevronné, Henri Claude Oyima sait lui-même qu’une banque n’a jamais fait de la philanthropie bien au contraire, elle est régulièrement à la recherche d’une augmentation de son chiffre d’affaires.
La problématique des retraités du Gabon est un vaste chantier qui mérite d’être traité avec commisération. « Les retraités ont trop souffert » a déclaré le Président du CTRI, Chef de l’Etat, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, lors de sa rencontre avec la FEG.
En effet, à ce jour, plusieurs gabonais sont dans une longue attente pour recouvrer leurs droits. Certains de nos compatriotes installés à l’étranger sont sans la moindre pension depuis 18 mois. Quant aux agents publics de l’Etat, ils attendent que les montants de leurs pensions soient régularisés depuis le mois de juillet 2015, date de la mise en place d’un Nouveau Système de Rémunération mis en œuvre pour permettre aux agents de l’Etat d’améliorer leurs conditions de vie. Cette attente est tellement longue que certains retraités sont décédés, en dépit des nombreuses assises organisées par les gouvernements successifs et qui n’ont abouti à aucun résultat.
Créée en février 2020, l’ANAREG qui est une association de retraités civils et militaires, s’est toujours portée disponible pour proposer des solutions applicables, mais n’a jamais jusqu’à ce jour été suivie. Certains considèrent même que les personnes à la retraite n’ont plus rien à offrir, alors que sous d’autres cieux, elles sont considérées comme des séniors qui accompagnent et encadrent les jeunes générations qui, au Gabon, en ont bien besoin.
Le citoyen retraité s’exaspère du flou qui entoure cette nouvelle décision. Les interrogations autour du rôle de la banque et de ses liens avec des organisations sociales conduit beaucoup de nos contemporains à s’interroger sur les objectifs réels. La banque est-elle au service d’une prospérité sociale qui profiterait à tous ? Est-ce à dire que le cours de notre vie sociale est désormais déterminé par le pouvoir financier ?
Si ce débat est en partie escamoté par l’urgence d’apporter des solutions à un système social potentiellement menacé d’implosion, il importe néanmoins de dresser un bilan clair des organisations sociales et de leurs perspectives, eu égard au contrat social implicite qui lie ces institutions aux Gabonais.
Les bonnes intentions manifestées par les Nouvelles Autorités, notamment par Son Excellence Monsieur le Président de la Transition Chef de l’Etat, offrent l’opportunité de régler enfin la question des retraites. Mais nous pensons que cela doit se faire de manière inclusive, transparente et non par l’exclusion. Car si rien n’est fait correctement à présent, les générations futures pour lesquelles l’ANAREG mène également ce combat seront sacrifiées.
Le Bureau Exécutif de l’ANAREG