Le pasteur Francis Mbadinga et ses hommes ont mené le vendredi 23 octobre dernier, une tentative de médiation sous le contrôle du régime, avec l’archevêque de Libreville, visant à le mettre à mal avec la hiérarchie de l’épiscopat gabonais, à savoir la conférence épiscopale, mais aussi avec la majorité des fidèles qui tiennent fermement à aller à la messe demain.
Même si le régime joue les fiers à bras dans le bras de fer qu’il a lui-même voulu engager contre la toute puissante Eglise catholique au Gabon, il pue tout de même la trouille. Dimanche 25, c’est demain. Pour rattraper ce qui peut l’être encore, le régime a mobilisé tout ce qu’il contrôle comme homme de Dieu afin d’aller mettre la pression à l’archevêque de Libreville et le contraindre à aller à l’encontre d’une décision prise par une instance suprême et souveraine de l’Eglise catholique au Gabon, la conférence épiscopale. A savoir la reprise des messes demain.
Au Gabon et ailleurs, l’Eglise catholique n’a de compte à rendre qu’à Rome (Etat du Vatican). C’est donc directement avec cet Etat que le régime gabonais doit discuter, le Vatican ayant une ambassade en République gabonaise. Or, dans l’accord-cadre qui lie le Gabon au Saint siège, le Gabon a accepté que les catholiques célèbrent librement leur culte au Gabon. Mieux, il couché noir sur blanc dans ce même accord que les églises sont inviolables. Cependant, dès cette nuit, le régime va déployer ses hommes en uniforme dans l’ensemble des églises catholiques pour dissuader les fidèles à aller à la messe demain.
Lisons ce que les émissaires du régime sont allés dire à Monsieur Iba-ba :
« Ce Vendredi 23 octobre 2020, à leur propre initiative, les Révérends
⁃ Augustin BOUENGOUNE, Président de l’Église Évangélique du Gabon;
⁃ Jude Benjamin NGOUWA, Président des Assemblées de Dieu de Pentecôte et de la CPCR;
⁃ Victor NDOUKOU, Président de l’Alliance Chrétienne et Missionnaire du Gabon;
⁃ Paul MOUNDOUNGA, Secrétaire Administratif de l’Alliance chrétienne Gabon;
⁃ Francis Michel MBADINGA, Secrétaire Exécutif de la force, coordinateur des commissaires religieux à la commission tripartite, Gouvernement/Comité technique du Copil/ Commissaires religieux;
Ont rencontré et échangé avec Monseigneur Jean Patrick IBABA, Archevêque Métropolitain de la ville de Libreville, dans le but de trouver une issue favorable à la situation de crise dû à la volonté de la grande Communauté Catholique, d’ouvrir leur lieu de culte le dimanche 25 octobre 2020, en vue de la célébration d’une Messe liée à une fête chrétienne annuelle dans leur calendrier.
Voici en substance les préoccupations qui justifiaient la venue des hôtes de l’Archevêque de Libreville.
⁃ Si les leaders protestants dans leurs diversité ont rappelé le rôle majeur de la communauté catholique au Gabon dans bien des domaines;
⁃ Si tout particulièrement ils ont reconnu le rôle de l’Archevêque de Libreville en sa qualité de porte-parole des communautés religieuses, lors de manifestations officielles ou rendez-vous avec les institutions du pays, en sa qualité de porte-parole de l’ensemble des communautés;
⁃ Ils ont néanmoins fait part de leur malaise de voir la situation tendue dans laquelle cette communauté sœur se trouve avec le gouvernement, et ont manifesté leurs inquiétudes de voir cette situation dégénérée et exploitée par des gens sans foi ni lois, toutes choses qui pourraient entraîner des dommages;
⁃ Il était nécessaire que dans cette situation la communauté sœur Catholique, n’est pas le sentiment que leurs problèmes ne sont pas les nôtres et les nôtres les leurs.
⁃ Si de manière unanime après analyse de la situation nous reconnaissons que les mesures prises par le gouvernement et qui conditionnent l’accès au lieu de culte sont pour nous tous inapplicables en l’état;
⁃ Que la non prise en compte des dispositions du plan d’adaptabilité dont les communautés religieuses ont eu l’initiative, qui a été validé au sein des travaux de la commission et qui engageait les communautés religieuses à garantir la sécurité sanitaire des fidèles d’une part, et l’engagement des communautés religieuses à contribuer à la riposte contre la Covid 19 à travers des temps de sensibilisation des fidèles sur la pandémie, suscite un grand étonnement;
⁃ Que la remise en cause d’un acquis important qui consistait à voir le nombre des fidèles être rassemblés au prorata de la surface en m2 crée un sérieux malaise en notre sein.
Pour autant, nous devons rester ouvert à la négociation, maintenir les échanges, le dialogue avec le gouvernement pour obtenir la levée des points qui touchent à l’exercice cultuel et aux fondements liturgiques et doctrinaux de nos offices religieux qui ne sont nullement de la compétence du gouvernement et qui sont perçus comme une atteinte flagrante de la liberté du culte et de conscience et de notre droit fondamental de gérer et d’administrer nos affaires de manière indépendante.
C’est à ce titre qu’il a paru aux leaders des confessions protestantes de demander à l’Archevêque qui pour la circonstance était assisté du vicaire général, de voir dans quelle mesure, face à la détermination que nous observons à braver l’interdiction d’ouvrir les lieux de culte le 25 octobre au lieu du 30 octobre un bémol pouvait être fait.
Parce que pour les leaders protestants, ce n’est pas tant la date d’ouverture des lieux de culte qui pose problème, mais plutôt les conditions d’ouverture, ce qui explique la décision des différents conseils nationaux et surveillance Apostolique des communautés protestantes citées ci-dessus de maintenir les lieux de culte fermés jusqu’à ce que ces points soient satisfaits.
Tout en comprenant qu’une décision collégiale des évêques catholiques au cours d’une conférence épiscopale a de l’importance, les leaders des ordres religieux protestants ci-dessus qui ont pris l’initiative de faire cette médiation, ont suggéré la possibilité de voir l’Archevêque faire une demande de dérogation spéciale pour recevoir l’autorisation d’ouvrir leurs lieux de culte ce dimanche 25 en vue de célébrer cette messe liée à une fête importante dans le calendrier.
Ils ont toutefois insisté sur la nécessité pour la communauté Sœur catholique d’intégrer qu’ensemble nous formions une famille et que c’est ensemble que nous devons parler d’une seule voix pour défendre dans la douceur et le respect nos valeurs et nos droits.
En guise de réponse, l’Archevêque de Libreville a remercié ses pairs pour cette initiative. Il a rassuré ses hôtes qu’il ni chez les évêques catholiques dans leur majorité, ni chez lui en qualité d’Archevêque Métropolitain de la ville de Libreville, un désir de rentrer en conflit avec le gouvernement encore moins avec l’État gabonais. La preuve il a répondu à l’invitation du Ministre de l’Intérieur le lundi 19 octobre dernier et à même fait des propositions allant jusqu’à prendre sur lui de faire une messe unique à la Cathédrale sainte Marie le dimanche 25 octobre 2020 avec uniquement l’ensemble des prêtres des religieuses et des personnes consacrés aux services.
Il a dit son étonnement de ne pas avoir satisfaction jusqu’à ce jour, alors que la majorité des prêtres ont donné leurs accords de principe.
La pratique cultuelle et la prêtrise ne s’accommode pas de violence et d’affront avec les autorités, puisque la Bible nous commande de les respecter. Pour autant la fonction de ministre du culte et le travail des communautés religieuses méritent aussi le respect.
La prise de parole de certaines autorités qui dénient à Dieu d’avoir préservé notre pays, qui s’arroge le droit de se prononcer sur des questions de doctrines et théologiques dont ils n’ont pas la maîtrise sont de l’ordre de la provocation, blesse nos fidèles et crée un malaise au sein de nos communautés. Combien de gabonais, malgré les difficultés par lesquelles ils passent, les conditions souvent difficiles de leur existence, trouvent réconfort et paix, parce que des ministres du culte ont prié, conseillé, donné les sacrements, rassuré et incité à l’espérance sinon à des temps meilleurs. C’est de ce qu’il s’agit et qui préoccupe les ministres du culte que nous sommes et que nous souhaitons voir nos gouvernants prendre en compte.
Tout en restant ouvert à toutes les propositions, les initiatives des uns et des autres et à une main tendue des gouvernants pour satisfaire le désir d’honorer cette célébration qui revêt une importance capitale, l’Archevêque s’est dit heureux d’avoir échangé avec ses hôtes.
La séance a été levée sur un engagement mutuel à rester en unité de prière, sans avoir omis d’avoir une pensée pour le grand Imam Ismael Oceni Ossa que nous devons porter dans notre cœur dans cette situation que nous traversons.
Rapporteur Révérend Francis Michel MBADINGA »
Il faut peut-être rappeler à ces gens-là que si l’archevêque de Libreville, parce évêque de la capitale est considérer comme le premier de tous, c’est uniquement sur le plan protocolaire. Autrement dit, en dehors de l’Estuaire du Moyen-Ogooué et du Haut-Ogooué où on attend la nomination d’un nouvel évêque, l’archevêque de Libreville n’a aucune emprise sur les autres provinces du Gabon.
La personnalité indiquée pour avoir ce genre de discussion était plutôt le président de la Conférence épiscopale du Gabon, Monseigneur Mathieu Madega, évêque de Mouila. Libre à lui de convoquer une conférence épiscopale extraordinaire. La démarche de Mbadinga et ses hommes aura visiblement l’effet d’un flop.
Le régime tient-il vraiment à avoir des bricoles avec l’Etat du Vatican ? Nous le saurons bientôt.
Tous à l’église demain !