S’il est une composante de la société politique nationale qui devrait se méfier, et tenir le plus grand compte des campagnes de sensibilisation menées depuis un certain temps, par la haute instance juridictionnelle, c’est l’opposition gabonaise. Toujours prompts à crier à la fraude, sans toujours en apporter les preuves manifestes, les femmes et les hommes qui veulent évincer du pouvoir, le régime PDG, devraient commencer à bien s’organiser dès à présent.
Ce serait, sans avoir l’intention d’apeurer qui que ce soit, une tâche herculéenne. Au regard du déficit d’implantation des formations politiques qui feront face au camp au pouvoir. Une mission de la plus haute importance également. Quand l’on observe la manifestation des égos et les divisions qui continuent à se faire jour dans une opposition par ailleurs épars, amplement infiltrée, et manquant souvent de vigilance sur les détails importants, dont sait se saisir la Cour constitutionnelle pour rejeter ses requêtes.
La place de la Cour constitutionnelle est en effet centrale dans l’organisation et l’aboutissement du processus électoral dans notre pays.
Depuis la validation des candidatures jusqu’à l’apurement du contentieux post-scrutin, le pouvoir des conseillers de cette haute instance est tel que c’est à elle que revient le dernier mot. Non seulement pour dire qui doit en définitive participer aux élections. Mais aussi pour déclarer légalement le vainqueur. Du scrutin. La légitimité ? Et elle peut et sait en faire ce qu’elle veut, dès lors qu’au nom de la loi, ses décisions, bonnes ou mauvaises, sont inattaquables sur le plan national.
L’exemple que nous allons prendre ci-dessous pourrait prêter à sourire, s’il ne dévoilait, sans doute en les caricaturant, certaines réalités vécues ici et ailleurs et démontrant, que les juges ont entre leurs mains des possibilités énormes en jouant sur la forme et le fond des affaires qu’ils ont à connaître. Marie-Madeleine Mborantsouo est certainement orfèvre en la matière. Selon qu’un sujet embarrasse ou non, le camp qui l’a nommé et la maintient en fonction, parfois contre vents et marées. En 2009, elle a fait étalage de son immense talent sur ces questions.
En rejetant, pour une boite postale oubliée, la requête en béton du juriste chevronné qu’était Jules Aristides-Bourdès Ogouliguéndé. Ou en autorisant l’examen au fond, de la requête, également viciée dans la forme, de Luc Bengone Nsie, qui n’avait que des coupures d’une revue, pour attaquer la nationalité gabonaise d’Ali Bongo Ondimba.
Notre exemple maintenant : un honnête citoyen se présente devant le juge pour se plaindre d’un acte de claire spoliation d’un cadre puissant de la Cité. Les faits sont établis, et certifiés par des témoins oculaires. Mais au lieu d’aller au fond des débats, le magistrat va oser : « Comment vous appelez-vous ? ». Et le citoyen de décliner son identité, mais sans s’appuyer sur un document d’état civil. Le magistrat saute sur l’occasion et lui assène : « Rien ne me prouve légalement que c’est vous. Je ne puis donc prendre votre requête en compte ».
Il s’est trouvé dans ce pays, les débats ayant souvent été télévisés, que la Cour Constitutionnelle refuse d’examiner une requête au motif que les opposants s’étaient mis hors du champ de sa juridiction en ayant formé un gouvernement parallèle.
C’est dire que pour les scrutins à venir, les candidats de l’opposition, et même ceux de la majorité accompagnant le pouvoir en place, devraient être extrêmement précautionneux dans la confections de leurs requêtes qui, à moins que la disposition n’ait été retirée, doivent être accompagnées par une preuve du dépôt au greffe, d’une somme de 200.000 FCF. Mesure prise avant les scrutins combinés d’octobre 2018. Soit disant, pour décourager les plaintes fantaisistes. En réalité un obstacle mis, pour empêcher les moins nantis de se plaindre à qui de droit.
Nous l’avons déjà écrit par ailleurs : entre la victoire acquise sur la pelouse des joutes électorales et la jouissance effective de l’impérium ; il y a loin de la coupe aux lèvres. Tellement les écueils et les conditionnalités à remplir sont nombreux pour l’opposition qui n’a plus, dès lors, qu’un seul leitmotiv : se rassembler, mutualiser les moyens et les compétences de toutes natures pour faire face à une machine politique très organisée à partir de sa maîtrise de la liste électorale.
La liste électorale, il faut justement y faire très, très attention entre les deux affichages. Un nom ayant figuré dans les premières listes, pouvant disparaître des secondes. Or le temps des réclamations est très court. Si vous êtes distrait, vous n’allez sûrement pas compter sur la Cour Constitutionnelle. C’est le moment que le pouvoir choisi pour effacer les noms des adversaires politiques.
Si l’opposition, qui va sans nul doute gagner la présidentielle de cette année, veut acculer la Cour Constitutionnelle, qui ne sait que dire le droit dans ces circonstances-là, à lui restituer sa victoire, elle devra commencer à se mettre d’accord pour aligner sur l’ensemble des bureaux de votes du pays, des femmes et des hommes de caractère, de conviction et confiance pour ramener des bureaux de vote, des documents dûment signés et non altérés en aucune façon.
L’on doit se souvenir en effet, que lors du contentieux électoral de 2016, la présidente de la Cour Constitutionnelle, avait invalidé les procès-verbaux du 2ème arrondissement de Libreville, au motif qu’ils contenaient des ratures. Mais pourquoi n’a-t-elle pas fait reprendre le scrutin dans ces circonscriptions ?
S’agissant de la province du Haut-Ogooué qui dans le contexte actuel n’est plus le bastion choyé et imprenable du temps d’Omar Bongo Ondimba, l’opposition devrait s’y investir tout particulièrement. Non pas pour espérer y faire mordre la poussière au fils du patriarche ; mais pour éviter cette falsification massive et éhontée de documents qui lui ont conféré une population et des scores pro-Ali, absolument peu ordinaires en 2016. C’est le moins que l’on puisse dire.
Des représentants crédibles, mis à minima à l’abri des besoins immédiats dans les bureaux de vote : voici la principale clé de la victoire présidentielle de demain. Car la représentativité dans les commissions électorales sera largement biaisée, avec tous ces pseudo opposants que va désigner d’autorité, le ministre sans états d’âme de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha. Ces personnages sans base et sans aucune ambition électorale, ne seront là que pour verrouiller le processus en faveur de leurs bienfaiteurs, l’adage disant très bien que « Pas d’intérêts, pas d’action ». Néanmoins, sur ce terrain-là aussi, l’opposition devrait se battre pour éviter au maximum, que ces faire-valoirs, soient mis hors d’état de nuire aux intérêts de la survenue de l’alternance politique pacifique dans ce pays.
NKwara Mendzime