Le président du Front patriotique gabonais (FPG) a fait une importante déclaration samedi dernier à son domicile situé à Nouvelle-Cité, à Nzeng-Ayong, dans le 6ème arrondissement de la commune de Libreville. Après une longue période de léthargie politique, le neveu d’Amo a rompu le silence pour se jeter à bras raccourcis sur le régime en place.
Dès l’entame de son propos, le président du FPG a dit : « Monsieur le président de la République, après 54 ans de règne de votre famille, de la famille Bongo, à la tête du Gabon, il faut songer à partir. Il faut laisser un autre Gabonais, qui n’est pas de votre famille, vous succéder. Vous n’avez pas su apporter au peuple gabonais une vie meilleure. Les Gabonais ne vous demandent qu’une seule chose, que vous rendiez ce pays aux enfants du Gabon qui peuvent mieux faire que vous ». Tel était l’un des messages qui ont fait sortir Gérard Ella Nguema de son mutisme.
Pour ne pas être complice par son silence, l’homme n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer la gestion calamiteuse du pays par Ali Bongo. Puis il s’est adressé à la classe politique gabonaise, notamment au nouveau Premier ministre, Alain Claude Bilie-By-Nze, à René Ndemezo’Obiang, à Blaise Louembe, à Yves Fernand Manfoumbi, à la garde républicaine et, surtout, au roi du Maroc. Concernant le dernier cité, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016 a dit clairement que le Gabon n’est pas une province du Maroc, encore moins un royaume. Qu’il cesse de brader l’or, les banques et le secteur des télécommunications du Gabon.
S’agissant de la braderie de la forêt gabonaise et la prétendue préservation du tissu environnemental, il a dit ceci : « (…) depuis votre prise de pouvoir en 2009, les Gabonais n’avaient jamais vu tant leur forêt se détruire que pendant cette période. Olam, qui plante le caoutchouc et le palmier à huile, a détruit nos forêts plus que toutes autres entreprises installées au Gabon », a-t-il martelé non sans oublier les Chinois qui exploitent nos forêts sans contrôle et exportent nos essences chez eux.
Il a également fustigé les promesses non tenues par l’enfant-roi depuis 14 ans. De ce fait, pour lui, la parole présidentielle n’est plus crédible.
Evoquant la dernière décision de la Cour constitutionnelle de mettre fin au mandat du CGE, il lance un appel à son bord politique pour parler d’une même voix. Il demande également la démission de l’actuel ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha, afin de garantir une élection crédible, transparente et apaisée. Sans aller avec le dos de la cuiller, il propose l’archevêque de Libreville, Mgr Jean Patrick Iba-Ba comme futur président du Centre gabonais des élections, sans en définir le mécanisme…
Gérard Ella Nguema Mintoghe met le président français Emmanuel Macron en garde. Son arrivée en mars prochain dans notre pays sera considérée comme un adoubement de la France pour la pérennité des Bongo au pouvoir.
Il ne pouvait pas clore ses propos sans s’adresser au peuple gabonais. « Je voudrais vous dire que le temps est venu de mettre fin au régime Bongo-PDG. Le temps est venu de mettre fin à l’imposture. Le temps des hommes courageux, capables de résister à la tentation, est venu (…). Ne vous découragez pas ! Je sais de quoi je vous parle. C’est vraiment la fin de ce régime », a-t-il conclu en se disant toutefois favorable à la prochaine concertation politique dans un format bien défini.
ADJÉ Rodrigue