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République du Moyen-Ogooué/Hôpital du Dr Albert Schweitzer à Lambaréné : Comme une odeur de détournement

La restauration de ce bâtiment de la Chirurgie I aurait englouti plus de 400 millions.

A l’heure de la restauration des institutions, le pays mérite aussi une restauration des valeurs. En devenant actionnaire majoritaire de la fondation du Dr Albert Schweitzer à Lambaréné, l’Etat s’engageait à verser à cet hôpital une subvention chaque année. En dehors de cette manne, l’Etat avait aboulé à la structure une bagatelle de 473 millions pour la restauration de la chirurgie I tombée en décrépitude. Malheureusement, le chantier, en voie de livraison, est risible.

La question que tout le monde se pose à Lambaréné est celle de savoir si le chantier n’avait pas été confié à des tâcherons du dimanche. En fait de chantier, il s’est agi de remplacer les fenêtres en lames de Naco par des baies vitrées, rafraîchir les murs intérieurs et extérieurs en peinture et mettre le froid via quelques splits. Voilà le fameux chantier qui a englouti les 473 patates.
Pour le personnel dudit hôpital, il s’agit d’une bonne blague de mauvais goût. « On comprend mieux pourquoi lorsque le ministre de la Santé est venu à Lambaréné, le directeur régional de santé (DRS) et le directeur général de l’hôpital Schweitzer ont tout fait pour qu’il ne vienne pas visiter l’hôpital », nous a dit un employé de la structure hospitalière.
L’autre question qui se pose est celle de savoir où vont les recettes de l’hôpital, la subvention de l’Etat servant à payer les salaires. Mieux, en venant s’installer à Lambaréné, le Centre de recherche médical de Lambaréné (Cermel) avait posés ses baluchons dans les structures que la Fondation Schweitzer avait arrachées à l’Etat pour avoir investi sur son titre foncier. En contrepartie, le Cermel paie un loyer à l’hôpital. Là aussi, difficile d’avoir la traçabilité de ce grisbi. Finalement, à quoi sert le Conseil d’administration de la maison ? Procède-t-il à un vraiment contrôle de gestion ? Les comptes sont-ils expertisés par un vrai commissaire aux comptes non corrompu ? Les gestionnaires de l’hôpital du grand Blanc de Lambaréné gagneraient à montrer patte blanche au moment où l’on cultive le flou de la suspicion sur les bords de l’Ogooué.
Jadis grand hôpital de référence au Gabon et dans la sous-région, l’hôpital Albert Schweitzer est devenu une simple clinique de seconde zone en pleine forêt équatoriale où le service aux malades est devenu précaire et ressemble de plus en plus à un mouroir. Certains médecins, pompeusement appelé « docteurs », font plus office de « charlatans modernes » que de vrais médecins. Les spécialistes n’existent plus, ou presque. Conséquence, les malades, parfois, font office de cobayes aux quelques généralistes qui se livrent encore au sacerdoce au sein du « Mbandja » moderne où les faux diagnostics sont légion, s’accompagnant de soins inappropriés. Le grand Blanc doit certainement se retourner dans sa tombe. Et ceux de nos parents qui ont vécu l’époque des médecins blancs regrettent cette bonne période autour d’un bon vin de palme et d’un bouillon de carpe…

Jean Molière Epodoma

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