Le candidat du parti Les Démocrates (LD) joue inéluctablement l’un des meilleurs matchs de sa vie dans son fief de Tchibanga où il est arrivé en tête (49,48 %) au premier tour des législatives au premier arrondissement de ladite ville. Le second tour contre le candidat du PDG est loin d’être gagné, le parti au pouvoir, qui a fait le plein de ses voix, garde deux armes imparables, la fraude et le tripatouillage des résultats. Mais le candidat de l’opposition va avec la faveur des pronostics. Il lui reste à surveiller les bureaux de vote et à sécuriser les résultats…
Conscient que même s’il est arrivé en tête, les jeux sont loin d’être faits avec un adversaire imprévisible comme celui du PDG, Jean Pierre Doukaga ne va pas la fleur au fusil à ce combat. D’ailleurs, les organisateurs du CGE semblent avoir pris la mesure de l’enjeu et les risques que court le candidat du pouvoir. Raison pour laquelle, semble-t-il, l’équipe dirigeante du CGE à Tchibanga vient d’être remplacée entre les deux tours. Et le candidat du parti Les Démocrates de s’inquiéter : « Juste envie de comprendre… Nous sommes à la mi-temps d’un match de football. L’équipe A mène de 5 buts à 0. Brusquement et curieusement à la reprise, les organisateurs décident de changer l’arbitre du match. Ce dernier n’a commis aucune faute. Quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi le CGE change-t-il de président de commission au 1er arrondissement de Tchibanga pour le second tour des législatives ? Bizarre…comme c’est bizarre. » Vous avez dit « bizarre » ?
Théoriquement, il serait difficile au candidat du parti LD de perdre cette élection. D’abord parce qu’il est de l’opposition. Ensuite parce qu’il est jeune, compétent, responsable et non pilleur. On se souvient que, pour avoir voulu protéger son compte de gestion à l’Assemblée nationale où il officiait en qualité de comptable, le régime l’avait jeté au gnouf d’où il en est sorti blanchi. Aujourd’hui, le régime doit se rendre compte qu’en le martyrisant, il venait de se fabriquer un opposant dont l’aura à Tchibanga n’est plus à démontrer.
Jean Pierre Doukaga va également gagner, non seulement parce que le candidat du PDG a fait le plein de ses voix comme nous l’avons dit plus haut, mais parce que Tchibanga, chef-lieu de la province de la Nyanga, n’a pas profité du régime. Une province sous-développée, pour ne pas dire un grand village en pleine forêt équatoriale. Pire, la Nyanga reste, à la suite du Woleu-Ntem, l’une des provinces martyrisées par le régime en place. Un de ses fils est en fuite en France (Séraphin Moundounga), un autre vient de sortir du bagne et est en liberté sous caution (Dieudonné Ngoubou). Doukaga lui-même est un ancien bagnard… Il est donc difficile, dans cette situation, pour le PDG d’expliquer qu’il a gagné une élection sans tricher là-bas. Mais avec ce régime il faut s’attendre à tout, vu qu’il a tout de même gagné l’élection à Kango, alors qu’au même moment, des voitures s’embourbaient pas loin de là parce que le gouvernement PDG n’a rien fait pour que les populations de Kango aient une route digne de ce nom…
Les populations de Tchibanga sont à féliciter. Mieux même, si elles confirment leur choix au second tour. Prenez-le pour dit, si vous voulez que le régime fasse des choses chez vous, sortez lui des opposants. La preuve, il a fallu que Ping se retrouve dans l’opposition pour qu’Ali fasse la route d’Omboué. Du vivant de Mba Obame, il avait lancé les travaux de la route de Medouneu. Il s’est ravisé à la mort de ce dernier.
Retenons enfin qu’avec le trop plein des députés qu’il s’est tapé au premier tour, le PDG gagnerait non pas à lever le pied, ce n’est pas de la démocratie, mais à jouer franc jeu au second tour. Courage et bon vent au candidat Doukaga et que l’opposition, grâce à lui, se console d’un député en plus au soir du second tour au premier arrondissement de Tchibanga.