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Discours des vœux du chef de l’Etat à la nation : Les gabonais seront-ils privés du traditionnel rendez-vous ?

Après l’accession du Gabon à la souveraineté internationale le 17 août 1960, s’en suivra l’élection du premier président de la république, Léon Mba Minko Edang, en février 1961. De cette époque à nos jours, inspirée de la puissance colonisatrice, une tradition devenue républicaine s’est imposée aux gabonais au fil des ans. Celle dite des « traditionnels vœux présidentiels » prononcés par le président de la république, à laquelle s’est ajoutée sous Omar Bongo Ondimba, la grande et prestigieuse cérémonie de présentation de vœux au chef de l’Etat.

Si la seconde est l’occasion pour les institutions de la République, les différents corps constitués et la presse, de présenter au président de la République, non seulement leurs vœux et ceux de la nation et ses aspirations pour la nouvelle année, la première elle, est considérée depuis toujours, comme un rendez-vous très important, attendu par l’ensemble des populations du pays qui voudraient se faire une idée de la direction vers laquelle le pays sera conduit durant les douze prochains mois.
Loin d’être une simple allocution de circonstance, ces vœux présidentiels du 31 décembre prononcés par la plus haute institution de la République ont un caractère à la fois solennel et républicain. Car prononcée au palais de la présidence de la République et diffusée à travers toutes les radios et télévisions publiques, cette allocution qui intervient le soir du réveillon de la Saint Sylvestre, donc au moment du passage à la nouvelle année, tient sa très haute importance de ce que c’est l’occasion pour le président de la République, de faire le point sur la situation politique, économique, sociale et culturelle de l’année écoulée, de faire part aux citoyens de sa vision globale du pays, des enjeux et de la place qu’il entend donner aux préoccupations de ses compatriotes ainsi que ce qu’il souhaite faire en leur faveur et pour le Gabon durant l’année à venir.
Depuis que le Gabon est devenu une République, ce rendez-vous du président de la République avec le peuple gabonais demeure un événement politique éminemment important et incontournable dans l’exercice des fonctions de président.
Qu’on le veuille ou non, la coutume, de par sa force obligatoire, est une source de droit. Et faillir à cette tradition républicaine en ces temps de turbulences et de grandes incertitudes serait la meilleure manière de faire mentir le premier ministre d’Ali Bongo, Emmanuel Issoze Ngondet, qui affirmait il y a déjà trois semaines, que « Le chef de l’Etat se porte plutôt bien, le processus de sa rééducation évolue très rapidement et positivement ; le chef de l’Etat est conscient, il reconnaît ses interlocuteurs, il voit bien, il parle bien, sa modulation de ton est bonne », et convaincre les gabonais de l’inaptitude à continuer d’exercer les fonctions de président de la République d’Ali Bongo.
Le 31 décembre 2018 à minuit, le délai limite fixé par la Constitution gabonaise pour procéder à l’élection d’un nouveau président de la République suite à une vacance pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement définitif ou même d’indisponibilité définitive aura été dépassé d’une semaine. En conséquence, la Cour constitutionnelle devra purement et simplement être saisie soit par le gouvernement, soit par le parlement, aux fins de constater la vacance de la présidence de la République conformément à l’article 13 de la Constitution, afin que soit mis un terme au désordre institutionnel actuel, qui n’honore ni le peuple gabonais, ni le Gabon et ses institutions, pour que vive la République éternelle, une et indivisible.

Le doute s’installe

RFI nous annonce qu’il y a de fortes chances que le dernier discours d’Ali Bongo Ondimba pour l’année 2018 se fera depuis Rabat. Et à Libreville, s’il est un discours des plus attendus, c’est bien celui de ce 31 décembre 2018. Le fait est que cet enregistrement prévu, car ce sera un enregistrement, ne fera qu’épaissir le doute sur la sincérité du document audio-visuel qui se prépare dans la plus grande discrétion à Rabat et sera diffusé en première à Libreville. Il faut s’attendre à un record d’audience audio et visuelle. Les Gabonais arrêteront très certainement de vaquer à d’autres occupations pour ne se concentrer que sur le décryptage des images et du son qui leur seront proposés lundi prochain, en soirée. RFI s’est même interrogée : « Sous quelle forme le président Ali Bongo s’exprimera-t-il ? Une vidéo sera-t-elle diffusée ? Entendra-t-on le son de sa voix ? Y aura-t-il seulement un discours ? ». Autre signalement sur lequel le média français a jugé utile de revenir : « Mohamed VI, le roi du Maroc, est depuis le 24 décembre à Libreville, au Gabon, où il passe une partie des fêtes de fin d’année, selon une source au sein de la présidence gabonaise ». Curieux ! Alors que son « frère » et ami d’enfance se trouve entre la vie et la mort à Rabat. Faux ? Mais alors, si Ali Bongo Ondimba est à même de prononcer un discours, assis, audible, face au public, pourquoi le faire hors du Gabon ? Parler aux Gabonais au Gabon serait la meilleure manière de décréter la fin de son « indisponibilité temporaire ». Et RFI, très observatrice, remarque que « sur les deux vidéos rendues publiques en deux mois, le président Ali Bongo est assis, filmé de profil. Les vidéos ont été diffusées sans le son ». En revanche, plus qu’optimistes, des proches d’Ali Bongo Ondimba rassurent, un brin goguenards, qu’en ce qui concerne le discours « le président lui-même est en train de le fignoler », rapporte RFI. Or, la rumeur se répand qu’il a été demandé aux employés de l’ambassade du Gabon au Maroc de ne pas se rendre à leur lieu de travail. Certains, qui n’auraient pas suivi la consigne, auraient tout bonnement été éconduits sans s’embarrasser de précautions d’usage. Pourquoi ?

 

 

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