L’appel du camarade Franck Nguema invitant les Gabonais à adhérer à son machin qu’il a baptisé « Mouvement Gabao » est une véritable provocation, sinon une insulte à l’intelligence des Gabonais. Voilà quelqu’un qui s’est mis joyeusement et aveuglement au service d’une dictature qui lui a offert le gîte, le lait et le miel et qui, aujourd’hui, cherche à jouer aux vierges effarouchées en se découvrant une âme de rassembleur. Non, Franck, les Gabonais n’ont pas la mémoire courte.
Si l’on pose la question aux Gabonais de savoir où est la place de Franck Nguema, certain qu’ils répondraient à l’unisson : « en prison ». Visiblement, la félonie a encore de beaux jours chez les anciens tortionnaires du PDG. Nombre d’entre eux n’acceptent pas qu’il y a une vie après la politique. Surtout lorsqu’on a été chassé du pouvoir. C’est le cas de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, le camarade émergent Franck Nguema. Au lieu de faire comme de nombreux PDGistes qui se sont imposé le silence et la confidentialité depuis le matin du 30 août 2023 en faisant profil bas pour ne pas énerver les Gabonais, Franck Nguema, lui, a choisi de sortir du bois et de défier le CTRI.
Visiblement, l’homme ne se sent pas concerné par les conclusions du Dialogue national inclusif dont l’une des recommandations était la mise en jachère du PDG et l’inéligibilité de ses cadres pendant une durée de trois (3) ans. L’homme a plutôt opté pour la création de son mouvement politique. Cette sortie médiatique devrait plutôt interpeler la première autorité du CTRI qui, à son tour, devrait actionner l’autorité judiciaire du pays pour non seulement mettre fin à son agitation, mais également de servir d’exemple pour ses anciens collègues du PDG. Il y a actuellement suffisamment de place à « Sans-famille » de Gros-Bouquet.
En effet, l’acte du camarade Franck Nguema n’est pas anodin. Il s’agit plutôt d’un acte de provocation mûrement réfléchi et qu’il faut observer sous le prisme de la volonté de nombreux PDGistes de poser des actes de provocation envers le peuple et envers le CTRI et vouloir faire d’Oligui un dictateur, au cas où il sévirait, ou alors comploter contre lui pour l’éjecter. Et ils en ont les moyens. D’ailleurs, ils sont nombreux, ces PDGistes qui, aujourd’hui, agissent d’une drôle de façon sans pour autant être inquiétés ; comme si le coup d’Etat du 30 était en leur faveur. Ce qui, effectivement, pose problème.
Cela pose d’autant problème que seule Sylvie Aimé Marie Valentin et ses ado pubères sont au gnouf. Pourquoi, à l’exception du ministre du Pétrole, Vincent de Paul Massassa, aucun autre ministre n’a été inquiété ? Pourquoi d’anciens PDGistes se permettent-ils la liberté et, à tout va, de se prononcer comme ils veulent sans représailles ? Pourquoi le plus grand responsable de tout ce désordre est-il en liberté sans même des poursuites judiciaires ?…
Autre curiosité, la seule recommandation du Dialogue national inclusif qui a été actée par le CTRI est l’organisation des élections par le ministère de l’Intérieur. Toutes les autres propositions, comme l’inéligibilité des PDGistes ou leur interdiction à participer aux élections, ne sont pas encore validées et c’est à savoir si le CTRI validera cette proposition. Le Gl Brice Clotaire Oligui Nguema gagnerait donc à ne pas jouer avec le feu en laissant prévaloir ses émotions en ce qui concerne le cas des anciens tortionnaires du PDG. Eux, ne sont pas dans la blague, mais dans le sérieux.
Lorsque, dans la cour de jeu, un enfant dit aux autres que « je ne joue plus. Maintenant on va faire pour de vrai », il faut tout de suite les arrêter. Les nostalgiques de l’ère Ali Bongo ne se voient pas exister sans la politique ; autrement dit, sans le contrôle de leur fief politique. Ils ne vont donc pas « gamer » avec le CTRI. Il n’est donc pas exclu que des cadres du PDG réveillent leurs cellules dormantes pour harceler le CTRI afin de le pousser à la faute. Avec l’argent qu’ils ont volé, ils entretiennent des relais partout jusqu’à la présidence de la République. D’ailleurs, depuis l’arrivée du CTRI, certaines nominations au sommet de l’Etat sont curieuses et interrogent. Franck Nguema est tout, sauf idiot. Il sait ce qu’il fait. Gageons qu’Oligui Nguema prendra rapidement la mesure de la situation.
Laurent Lekogo