Amorcé depuis quelques semaines, le balai diplomatique visant à faire croire à l’opinion nationale et internationale que tout va désormais bien au Gabon et qu’Ali Bongo serait redevenu normal se poursuit, alors que le vrai plan de succession est en phase finale d’affinement.
Le dernier de passage, pour une escale technique de 30mn, convertie par la junte en une « visite de travail », ne riez pas, est celle du président sénégalais Macky Sall qui est parti entre scepticisme et étonnement face au « mystérieux » Ali Bongo qui lui a été présenté à en juger par ses propres propos.
Macky Sall humilié à Libreville à son arrivée
L’avion ayant amené Macky Sall au Gabon, le dimanche 26 mai dernier, s’était posé à 12 heures 02 minutes à l’aéroport international Léon Mba et en était reparti à 14 heures 12 minutes. Peut-on parler d’une « visite de travail » ou d’une escale technique ? Sur quel dossier les deux hommes ont-ils planché en moins d’une heure quand on sait que le protocole a pris au moins une heure entre l’aéroport et le palais, aller-retour inclus ? Il a donc effectué plus cinq (5) heures de vol pour juste passer 20 à 30 mn avec le mystérieux Boa. Macky Sall n’est donc pas venu parler ni de travail ni de coopération, encore moins de sécurité sous-régionale ou de la fin du Franc cfa. Il a plutôt été dépêché par la cellule africaine de l’Elysée, avec l’appui du Palais royal de Rabat, et ce malgré tous les risques aériens et sécuritaires encourus, pour venir faire une séance photos aux côtés du prétendu « sosie » d’Ali Bongo.
Loin d’une visite de travail, Macky Sall, comme ses prédécesseurs (le Togolais Faure Eyadema, l’Ivoirien Alassane Ouatarra) et d’autres qui sont annoncés (pour dire au revoir à Ali Bongo ?) a effectué, sur commande, des « escales » éclairs pour conforter, comme dans l’affaire grotesque du Keva, la thèse d’un retour à la normale à Libreville. Le temps de rassurer les bailleurs de fonds et tenir en respect l’opposition qui exige la déclaration immédiate de la vacance du pouvoir. Mais le comble est que chef d’Etat sénégalais Macky Sall a été accueilli au bas de la passerelle par le ministre d’État en charge des Sports, des Loisirs, de la Culture et de l’Artisanat, Alain-Claude Bilie-By-Nze. Incroyablement diplomatique. Entre des Etats qui se respectent, à un certain niveau on ne peut pas envoyer un ministre, fut-il ministre d’Etat, accueillir un chef d’Etat souverain et aussi influent que Macky Sall dans le giron de la Françafrique actuelle. Même si le vice-président a été limogé le 21 mai dernier, il reste quand même un Premier ministre, un président du Sénat, un président de l’Assemblée nationale qui ont des rangs et prérogatives de représentation à un niveau aussi élevé de l’Etat.
Les révélations de Macky Sall sur la santé d’Ali Bongo
C’est un coup de tonnerre que les émergents ont reçu. Le président sénégalais a-t-il été bien brieffé sur ce qu’il devait venir dire devant la presse gabonaise et sénégalaise qui l’accompagnait au palais du bord de mer ? Dans sa déclaration à la presse, il a avancé que « tout le monde sait que le président a eu un choc (…) J’ai été très heureux de le revoir comment il a recouvré ses capacités et je suis sûr qu’avec le temps, ‘’Inch Allah’’, comme on dit, les choses se passeront très très bien. J’ai dit au président toute mon amitié et mon admiration aussi pour cette capacité de résistance, de résilience face à la maladie. En tout cas, je prie Allah pour qu’il lui redonne sa pleine capacité ».
Macky Sall est le premier des visiteurs du mystérieux Boa à révéler, avec la finesse diplomatique qu’un chef d’Etat étranger doit avoir pour dire quand même certaines vérités, que Boa n’est toujours pas en « pleine capacité » pour diriger le pays. Sa place est dans une clinique et non au Palais présidentiel. D’ailleurs, des sources dignes de foi n’annoncent-elles pas qu’il veut repartir à Londres ou à Riyad, en Arabie Saoudite, pour rencontrer les spécialistes qui le suivent vu qu’il n’est toujours pas hors de cause ?
Après avoir subi deux opérations au cerveau entre octobre et nombre 2018, Boa n’est pas un extraterrestre pour récupérer si vite. D’ailleurs, c’est cette curieuse récupération (œil dans le vide, pied boitant, côté droit atteint) qui crédite la thèse d’un sosie.