Lors de son homélie sanctionnant la fin des travaux de la Conférence épiscopale du Gabon, le peuple de Dieu et de nombreux Gabonais ont été hébétés, voire agréablement surpris par le ton musclé de l’évêque du diocèse d’Oyem. Dans son homélie, Monseigneur Jean Vincent Ondo Eyene n’y est pas allé avec le dos de la cuiller pour appeler à la réouverture des églises.
Mieux, ce fut une sorte de discours de révolte de la part d’un évêque identifié, jusque-là, comme un proche du régime, sinon d’Ali Bongo, ce dernier le présentant souvent comme son ami personnel. Les mots ont été choisis et pesés. Chaque phrase avait la force, pour ne pas dire, la capacité de nuisance d’un missile face à la dictature de Libreville. Même si elle n’est pas nommément citée, il n’en demeure pas moins que c’est elle qui est à l’origine de la fermeture des églises. Situation jugée par les hommes de Dieu comme abusive au moment où le régime en place mène librement ses activités. On a vu des ministres, dont celui de la Santé, se livrer à un bain de foule à Oyem, des éléments de la GR chanter les louanges d’un mortel comme un dieu, leur dieu (Oligui Nguema) non sans le porter et le hisser vers le ciel lors de la célébration de la Saint Michel archange…
« Chers confrères dans l’épiscopat, devant la pandémie de la Covid-19, gardons notre statut auprès de ce peuple. Gardons ce que nous avons reçu, le feu du Saint-Esprit auprès de ce peuple. Oui, soyons forts et puissants auprès de ce peuple. Nous ne sommes pas des évêques ramassés dans la rue. Nous ne devons pas nous laisser habiter par la peur face aux défis de ce monde. Nous savons en qui nous avons mis notre confiance. Un évêque reste un serviteur de Dieu. Il ne doit pas se laisser berner par le pouvoir. Que nous soyons en service ou retraités, nous restons évêques et donc au service de l’Eglise. Faisons notre travail qui nous a été confié.
Chers confrères dans l’épiscopat, évitons le silence complice. Il vaut mieux mourir martyr que de laisser Dieu se faire insulter. Je vous le redis, quittons la peur ! Il vaut mieux mourir martyr que de se laisser corrompre. Ce que l’Eglise doit dire à haute et intelligible voix, elle ne le dit plus à cause de la peur. Mais, je vous le redis, ce que nous sommes, ils ne le sont pas. Ce que nous avons, ils ne l’ont pas.
Oui, chers confrères dans l’épiscopat et cher peuple de Dieu, hier si la fermeture des églises se justifiait, aujourd’hui elle ne se justifie plus au regard de ce que nous observons chez nous et autour de nous.
Et à ceux qui prennent des décisions sur la fermeture des églises, je voudrais leur dire ceci : la fermeture d’une église est pour un temps, mais la fermeture du paradis, c’est pour une éternité ». Ces mots martiaux de l’évêque d’Oyem montrent que désormais plus rien ne sera comme avant entre l’Eglise catholique au Gabon et la dictature des Bongo. Si, hier, Mgr Jean Vincent faisait encore de petits calculs pour être nommé archevêque, d’où son comportement conciliant envers le régime, la nomination d’un autre évêque à la place de Basile vient de faire changer la donne, car l’évêque d’Oyem n’a plus rien à perdre. Il peut désormais parler librement et se réconcilier avec ce peuple de Dieu qui commençait à douter de la sincérité de ses bergers.
Elle est désormais derrière nous l’ère du serviable et corvéable Basile Mvé Engone. Mgr Jean Patrick Iba-Ba, le nouvel archevêque de Libreville, tout le monde le sait, reste un homme de conviction qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Tout comme l’est Mgr Mathieu Madega, l’évêque de Mouila. Le régime sait désormais que l’heure où il semait la trouille au sein de la hiérarchie catholique au Gabon est désormais révolue. Il va certainement battre en retraite, car au moment où les politiques de l’opposition ont montré leurs limites, la montée au front des hommes de Dieu peut redonner et faire renaître l’espoir chez un peuple en quête de repères et de leader.
Vivement que l’Evangile du Christ retrouve sa place dans son Eglise ! Une place usurpée jusqu’à présent par le régime en place.
Tous à la messe le dimanche 25 octobre 2020 !