Atteint d’une « fatigue sévère », selon la version officielle, l’état de santé d’Ali Bongo déchaine subitement des passions dans le pays, comme si, au sein même de la machine et si l’on s’en tient aux écrits de la dernière Lettre du Continent, on était convaincu que le « roi » ne rentrera plus à la maison pour occuper à nouveau son fauteuil…
Interné au King Fayçal Hospital de Ryad, la très coloniale Lettre du Continent, dont les informateurs sont tapis au sein du régime et une bonne partie au palais, nous révèle ce qui pourrait être le nouveau fonctionnement du pays sans Ali Bongo Ondimba et si la Cour constitutionnelle ne constate pas la vacance tout de suite. Vacance dont la date de décompte pourrait être le départ d’Ali Bongo du Gabon.
Ainsi, écrit la très confidentielle lettre coloniale : « … ». Voilà, selon les limiers du palais, l’équipe de ceux qui dirigent le pays depuis le 25 octobre 2018. Ce schéma est-il prévu par la Constitution ? Il semble que non. Les jours qui arrivent seront donc déterminants pour le pays. Pour le moment, les émergents peuvent diriger le pays comme bon leur semble. Mais durant combien de temps encore ? D’ailleurs, si l’info de la lette coloniale est vraie, cela veut tout simplement dire que le vrai patron des renseignements au Gabon, le vrai patron de la GR et, de fait, le vrai ministre de la Défense, reste Frédéric Bongo. Sinon, pourquoi ce dernier jouerait-il les premiers rôles au palais alors qu’il a, au-dessus de lui, le général Kouna Grégoire et le ministre de la Défense ? Passons !
Le piège constitutionnel
Si, par hypothèse d’école, Ali Bongo ne rentre pas dans les prochains jours, la Cour constitutionnelle sera obligée de constater la vacance. Toutefois, les émergents échafaudent actuellement des plans pour s’accrocher au pouvoir sans que la vacance ne soit déclarée. Il y en a même qui pensent à une gestion à la Bouteflika en Algérie. Mais l’Algérie n’est pas le Gabon.
A côté de cela, l’opposition cherche à donner de la voix. Mais, apparemment, sans trop de conviction. Mal organisée et pas très en odeur de sainteté avec le peuple, elle risque de subir les événements à venir si elle ne se ressaisit pas rapidement. Tout comme ses leaders ont une peur bleue des arrestations nocturnes pour un mot de trop.
D’ailleurs, après les recours dont elle sera saisie, la Cour devra proclamer les résultats des dernières élections législatives qui vont constater la nouvelle majorité à l’Assemblée nationale. Après cela, l’actuel Premier ministre devra remettre sa démission au chef de l’Etat et à lui seul. Il faudra donc que ce dernier soit présent en chair et en os au Gabon à ce moment-là, car après cela, il devra désigner le nouveau Premier ministre. Sinon, les spéculations risquent d’aller de plus belle et dans tous les sens…
Aujourd’hui, le fonctionnement des uns et des autres au sein du régime montre qu’il y a, dans l’Etat de santé d’Ali Bongo, un petit quelque chose qu’on ne dit pas au peuple, mais qui, curieusement, met tout le monde arme au pied. Une simple question : « les charognards peuvent-ils se mobiliser en l’absence d’une dépouille » ? Pourquoi cette levée de boucliers et cette suspicion généralisée chez les émergents en ce moment avec, en prime, une communication abracadabrantesque ? Imaginons un seul instant que le roi rentre demain ! Il y en a qui vont fuir le pays.
En revanche, à lire les réseaux sociaux et la manière dont certains jubilent sur l’Etat de santé du chef de l’Etat, on comprend qu’il y a un vrai problème de considération dans le pays. Pour nous, même à son pire ennemi, on ne peut souhaiter la mort. Vouloir la mort d’Ali Bongo, comme nous le lisons sur les réseaux sociaux, devrait pousser les autorités de ce pays à une sérieuse réflexion et non se palabrer pour une prise de pouvoir qui ne dit pas son nom. Chacun de nous est appelé à mourir un jour. Il est autant indécent d’ôter la vie à un compatriote que de souhaiter la mort à un autre.