Poussé à la démission en janvier dernier, le Pr titulaire de géographie, Marc Louis Ropivia, et ancien recteur de l’UOB fait l’objet d’une cabale politico-judiciaire et médiatique. Analyse.
Selon des sources, le cabinet d’Ali Bongo avec, à sa tête, le « prince héritier » Nourredin, n’a jamais digéré le fait que le Pr Ropivia, à l’époque recteur de l’UOB, ait attiré l’attention d’Ali Bongo sur les nominations irrégulières concernant l’institution du savoir qu’il dirige. Il n’en fallait pas plus pour sortir le prince héritier de ses gonds. Il avait, à l’époque, voulu que le recteur quitte ses fonctions pour avoir osé démontrer le caractère irrégulier des nominations à l’UOB. Sentant l’humiliation venir, il avait, de lui-même, pris les devants en démissionnant. Une attitude inacceptable et intolérable chez les émergents. Des mois plus tard, les réseaux sont activés avec, en toile de fond, d’abord l’humiliation et ensuite l’emprisonnement de l’universitaire. Pour le faire, sa gestion financière de l’UOB est passée au peigne fin. Loin de nous l’idée de prendre sa défense, mais de quoi au juste s’agit-il ?
Pour avoir été recteur de l’UOB, Ropivia a fait directement ou indirectement partie du « système ». Comme d’habitude, le système a ceci de particulier qu’il s’en prend toujours à ceux et celles qui osent dire, à un moment donné, « trop c’est trop ! » ou encore « ça suffit comme ça ! ». A partir de là, vous devenez la personne à humilier, voire à abattre physiquement. Les cadres qui sont passés par là sont légion dans le pays. L’ancien PM Julien Nkoghe Bekale ne nous démentira pas. Marc Louis Ropivia n’en échappe donc pas. Au fait, pourquoi avoir attendu sa démission pour remettre en cause sa gestion ? Donc le Pr Ropivia était « bon » tant qu’il obéissait au doigt et à l’œil aux ordres du Palais et du cabinet du ministre. Maintenant il est un « mauvais » et un « corrompu » dirigeant dès lors qu’il rentre en conflit avec eux.
Sur la gestion financière…
L’UOB est censée jouir de l’autonomie administrative et financière. Mais en réalité c’est totalement faux. Au plan budgétaire, le budget de l’UOB se divise en deux parts : le fonctionnement (subvention de l’Etat) et l’investissement. La subvention couvre les charges de fonctionnement tels quels les fournitures (papier d’examens, encres, fournitures de bureaux, per diem d’examens et vacations des enseignants). Comme tous les autres établissements publics, l’UOB n’a jamais reçu l’intégralité de ce montant. Ce qui explique très souvent d’ailleurs les grèves répétitives des personnels de l’UOB (main-d’œuvre non permanente, enseignants-chercheurs) parce que le trésor public ne met pas souvent à la disposition de l’UOB sa subvention dans les délais et montants prévus par la loi de finances. Cette subvention est à 80 % au moins absorbée par les vacations des enseignants-chercheurs et personnes ressources qui donnent des cours à l’UOB. Bien évidemment, la même enveloppe couvre l’indemnité trimestrielle de 9 500 000 Fcfa. Cette indemnité est prévue dans les textes de l’UOB et n’a pas été fixée par le Pr Ropivia. Mieux, la même indemnité est versée à tout le personnel ayant des fonctions administratives et pédagogiques à l’UOB par grade et positions administratives des uns et des autres. S’agit-il de cela, les détournements dont « on » parle ?
Le budget d’investissement de l’UOB est, quant à lui, géré entièrement par le cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur. C’est ce budget qui est censé rénover l’UOB. Mais rien à ce jour : salles de classe, amphithéâtres pour les cours, campus des étudiants, restauration, laboratoires de recherche des départements et autres équipements infrastructurels et numériques dont l’UOB a besoin pour former correctement ses 40 000 étudiants. A cinquante (50) ans d’existence, l’UOB ressemble à un grand chantier abandonné avec un niveau d’encadrement faible… Où vont les budgets d’investissement votés à l’Assemblée nationale ?
Au plan administratif…
La seule instance habilitée par les textes à contester la gestion du recteur et, au besoin, à déférer les irrégularités constatées devant la Cour des comptes et les autres autorités judiciaires compétentes est le Conseil d’administration. En fonction depuis plusieurs années, combien de conseils d’administration se sont-ils tenus à l’UOB sans que son président (ministre de l’Enseignement supérieur) et les autres représentants de l’Etat (dont celui de la présidence de la République) ne défèrent devant la Cour des comptes sa gestion financière ? On est donc en plein dans un règlement de comptes politiques où Ropivia semble être le bouc-émissaire.