Le président de la République gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, a officiellement mis fin à la gratuité des transports publics lors du conseil des ministres du vendredi 20 juin 2025. Cette mesure sociale, instaurée en 2020 pour aider les populations à faire face à la crise de la COVID-19, devient économiquement insoutenable pour les entreprises publiques de transport.
Initialement conçue comme une réponse temporaire à la crise sanitaire de la COVID-19, la gratuité des transports publics avait été mise en place en avril 2020 pour soulager financièrement les Gabonais et faciliter leurs déplacements dans un contexte de restrictions sanitaires. Cette mesure exceptionnelle s’était progressivement inscrite dans la durée, dépassant largement le cadre de l’urgence sanitaire pour devenir un acquis social pour de nombreux usagers.
Selon les chiffres communiqués par des sources gouvernementales, le coût de cette gratuité s’est avéré considérable pour les finances publiques. D’avril 2020 à fin décembre 2022 seulement, la mesure aurait coûté 13 milliards de francs CFA, un montant qui a continué de croître au cours des années suivantes.
Lors d’une assise tenue le 12 mars 2025, la présidente du conseil d’administration de la SOGATRA, Nadine Murielle Ogoula Obiang, avait déjà tiré la sonnette d’alarme en révélant que le budget de fonctionnement de l’entreprise pour l’année en cours s’élevait à 8,965 milliards de francs CFA. Dans ce contexte budgétaire tendu, la poursuite de la gratuité menaçait directement la viabilité économique des entreprises publiques de transport. Des entreprises publiques en difficulté
Trans’Urb et la SOGATRA, les deux principales entreprises publiques de transport urbain au Gabon, ont été particulièrement affectées par cette politique de gratuité prolongée. Si la mesure a permis d’augmenter significativement la fréquentation des transports en commun, elle a également engendré des défis considérables en termes de maintenance des véhicules, de renouvellement du parc et de gestion des ressources humaines. L’absence de recettes directes issues de la billetterie, compensée partiellement par des subventions publiques, a progressivement fragilisé le modèle économique de ces entreprises, limitant leur capacité d’investissement et de développement. Cette situation a conduit à une dégradation progressive de la qualité du service, avec des conséquences sur la fréquence des dessertes et l’état du matériel roulant.
La fin de la gratuité des transports urbains pose désormais des défis majeurs pour les usagers, notamment les plus vulnérables qui avaient intégré cette mesure dans leur budget quotidien. Les étudiants, les travailleurs à faible revenu et les personnes âgées figurent parmi les catégories les plus susceptibles d’être affectées par ce changement de politique. Le gouvernement se trouve ainsi face à la nécessité de trouver un équilibre délicat entre le retour à un modèle économiquement viable pour les entreprises de transport et la protection des populations les plus fragiles.
La transition vers un système payant devra être soigneusement planifiée pour éviter une désaffection massive des transports publics au profit de solutions informelles potentiellement moins sûres et moins respectueuses de l’environnement. Cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de rationalisation des dépenses publiques et de recherche d’efficacité dans la gestion des entreprises d’État, une orientation affirmée par le président Oligui Nguema depuis son arrivée au pouvoir.