La première journée marquant le démarrage des épreuves du concours d’entrée à l’École nationale d’administration, prévu le samedi 11 mai 2024, a été un fiasco total. Les candidats, venus nombreux, soit un peu plus de 4 000, à répartir sur les sites du lycée Paul Indjendjet Gondjout (LPIG), CES Nelson Mandela, pour les externes, et le lycée Raymond Boukat pour les internes, n’ont pas pu composer faute de noms sur les listes et de matières optionnelles. Le manque d’autorité de la Directrice de l’école le Dr Adèle Sabine Ilama Mombot épse Nguimbi et l’amateurisme de la ministre de tutelle seraient au cœur de ce fiasco d’un autre âge.
C’est déçus et fatigués que les candidats internes et externes venus prendre part aux épreuves de la première journée du concours d’entrée à l’Ena sont rentrés chez eux aux environs de 15h 00 après une journée laborieuse à courir çà et là à la recherche de noms sur les listes.
Les participants, qui ont respecté les dates et les heures du concours publiées sur le site de l’Ena, se sont rendus massivement, comme prévu, sur les sites retenus. Une fois sur les lieux, à 7h 00, les listes n’étaient pas encore disponibles et il n’y avait aucun personnel affecté dans les salles de classe. C’est aux environs de 8h 30 qu’un des membres de l’administration, s’agissant du site du LPIG, certainement le président du centre, s’est décidé à informer la foule, qui s’impatientait, que les listes étaient disponibles et que les participants devaient se rendre dans différents bâtiments en fonction de l’initiale de leur nom.
Une fois les premières listes disponibles, de nombreux candidats ont eu du mal à retrouver leur nom, pour certains, et d’autres n’ont tout simplement pas trouvé le leur sur les listes.
Selon les informations obtenues sur les lieux, un dysfonctionnement informatique serait à l’origine de la situation. Pour certains, le souci informatique ne serait pas seul coupable de la situation. En effet, répartir les candidats a été une tâche plutôt difficile pour les organisateurs de ce concours, car, selon les sources, c’est le fait de séparer ceux qui ont choisi comme matière optionnelle la dissertation de droit et le résumé d’économie, de ceux qui ont choisi la dissertation d’économie et le résumé de droit qui a chamboulé toute l’organisation, rendant ainsi difficile la répartition des candidats. Mais aussi le refus de la directrice de l’Ena, Sabine Ilama, épouse Nguimba, de travailler avec les administrations compétentes dans ce domaine. Pour certains candidats, cette situation était à prévoir au regard des erreurs constatées lors de l’affichage des premières listes et du manque de communication de l’administration de l’Ena. « Lors du concours de l’Ecole de préparation aux carrières administratives (EPCA), les responsables avaient communiqué sur la chaîne de télévision nationale. Or là, aucune information officielle ».
Certains candidats ne comprennent pas aussi la précipitation avec laquelle sont organisés actuellement les concours d’entrée aux grandes écoles alors que les rentrées dans ces grandes écoles ne sont prévues qu’en septembre 2024. Selon eux, cette précipitation est à l’origine des dysfonctionnements constatés. « Le week-end du 03 mai, c’était le concours de l’EPCA, avec les mêmes difficultés. Le week-end dernier, ç’aurait été celui de l’Ena et la semaine du 18 est réservée au concours d’entrée à l’Ecole du cadastre et des sciences géographiques (ENCSG). Depuis l’arrivée du CTRI, on a l’impression que tout le monde veut vite faire ; peu importe comment ».
Voici là un avis qui n’est pas à négliger. Pourquoi cette précipitation ? Après la mesure exceptionnelle du chef de l’État d’élargir le critère d’âge à 38 ans, pour les candidats externes, le nombre de participants à ces concours, souvent très faible, s’est vu quadruplé, rendant la tâche difficile. Normalement, à mesure exceptionnelle, conditions exceptionnelles. Pourtant, il ne s’est même pas écoulé deux semaines entre la date des inscriptions au concours de l’Ena et celle de l’examen. De plus, les sites retenus pour ce concours sont, en cette période, très occupés par les élèves qui préparent les examens de fin d’année. Le report du concours de l’Ena et des autres à venir pour une meilleure organisation serait une sage décision.
Selon le communiqué de la ministre de la Fonction publique, informée de la situation, la date du concours d’entrée à l’Ena fera l’objet d’un communiqué ultérieur. ça c’est côté cour.
Côté jardin, les choses se sont compliquées selon nos sources suite d’un côté, au manque d’autorité de la Directrice de l’ENA. Et de l’autre de la volonté de la ministre de tutelle à avoir le contrôle du concours, allant même à imposer ses règles à elle en violation des disposition d’un arrêté ministériel fixant les règles d’organisation du concours. Conséquence, les choses vont tourner au fiasco. On parle télescopage entre les examinateurs désignés par la Directrice et ceux désignés par la ministre de tutelle. Ces derniers auraient fait leur apparition au niveau des centres d’examens aux environs de 11h, alors que l’appel des candidats devait se faire à 7h. Des candidats qui d’ailleurs étaient à l’heure. Ils vont donc vivre en live, ce honteux spectacle offert par une hiérarchie de l’ENA et une tutelle ministérielle visiblement incompétente. Dans une République qui se respecte, c’est sans trembler, que les auteurs de ce triste désordre allait être virés, à savoir la Directrice de l’ENA et la ministre de tutelle. Mais hélas !
Ornika Biloghe