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Gabon/Crise à l’École normale supérieure (ENS) : Dangereux bras de fer

Le lundi 07 janvier 2025, le Syndicat national des enseignants-chercheurs, section École normale supérieure (Snec-ENS), et la Force de réflexion et d’actions pour l’enseignement supérieur (Frapes) déposaient un préavis de grève en raison de la suspension à titre provisoire du directeur général, le Pr Rufin Dindzambou, et du climat qui prévaut actuellement à l’ENS, climat insaturé par une cotutelle jugée toxique au sein de l’Ecole normale supérieure. Alors que le ministre de l’Enseignement supérieur menait des négociations avec les syndicats, sa collège de l’Education nationale, elle, lançait un appel à candidature pour le poste du suspendu…

Alors que le ministre de l’Enseignement supérieur, le Pr Hervé Ndoume Essingone, recevait, le lundi 07 janvier 2025, les syndicalistes pour une discussion afin d’apaiser les tensions en privilégiant le dialogue pour permettre une sortie de crise apaisée, de son côté, la ministre de l’Éducation nationale fait un passage en force en outrepassant la volonté des syndicalistes qui exigent le rétablissement dans ses fonctions du directeur général et la fin de la cotutelle entre les deux ministères en remettant la feuille de route au directeur général par intérim de l’ENS, le Pr Roger Ondo Ndong, et en lançant un appel à candidatures pour le poste de directeur général de l’École normale supérieure.
Pourtant, lors de la rencontre entre le ministre de l’Enseignement supérieur et les syndicalistes, ces derniers ont tenu ferme leur volonté de maintenir le Pr Dindzambou à son poste. La ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume-Leclercq, elle, ne l’entend pas de cette oreille. En lançant, le mercredi 08 janvier, un appel à candidatures au poste de directeur général de l’école normale supérieure, non seulement elle fonce tout droit vers un bras de fer qui n’aura que pour résultat l’enlisement de la crise et qui laisserait penser que chacun prêche pour sa chapelle, sans tenir compte de l’intérêt commun, mais aussi, désavoue de fait son collègue de l’Enseignement supérieur.
Si l’on se réfère à l’histoire, l’Ecole normale supérieure était, jusqu’en 1993, sous la tutelle de l’Enseignement supérieur avant de passer sous la double tutelle de l’Education nationale. Les statuts confèrent la présidence du Conseil d’administration au ministère de l’Education nationale et la vice-présidence au ministre de l’Enseignement supérieur. Et c’est cette situation qui, selon les syndicalistes, crée le problème, car, selon eux, s’agissant de l’ENS et au regard des faits, les parties ne s’impliquent pas à part égale. L’Education nationale ne participe à rien, administrativement et financièrement. Toutes les charges sont prises en compte par le ministère de l’Enseignement supérieur, selon le président du bureau du Snec-ENS.
Ce sont autant de faits qui paralysent le fonctionnement de l’ENS. C’est pour faire entendre sa voix que le Snec-ENS a donc gelé les cours et demandé la sortie immédiate de l’ENS de la cotutelle avec le ministère de l’Éducation nationale tout en fustigeant la suspension du directeur général qu’il qualifie d’injustifiée.
Or, cette double tutelle est née du fait que les enseignants de l’ENS viennent de l’Enseignement supérieur, alors que les apprenants répondent de l’Education nationale. C’est là que se trouve toute la difficulté, car il n’est pas aisé de répondre à la volonté des enseignants en désavouant la ministre de l’Education nationale du fait que c’est son département, en dehors de la gestion des apprenants et donc futurs enseignants du secondaire, qui détermine les programmes.
Difficile donc de savoir qui sortira vainqueur de ce bras fer où la ministre Camélia joue gros, car les syndicats en face en ont vu d’autres. Elle aurait gagné à privilégier la négociation en concertation avec son collègue de l’Enseignement supérieur. Mais vouloir faire la démonstration qu’elle est une dure à cuir, quelqu’un à qui on ne la fait pas, pourrait lui être préjudiciable, sauf si, comme d’aucuns le pensent, elle aurait un gros soutien quelque part…
Il serait souhaitable que le Premier ministre fasse preuve d’autorité en écoutant les parties, en rendant compte à qui de droit pour une sortie de crise honorable en faisant en sorte que personne ne perde la face.
Selon les informations recueillies à l’ENS, si les revendications ne sont pas prises en compte par la tutelle, Le Snec-ENS prévoit d’enclencher une grève générale illimitée dès le 18 janvier 2025.
Affaire à suivre !

Ornika Biloghe

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