Après le coup de gueule de Tchibanga, le président du régime de la transition peaufinerait en ce moment la dernière mouture de la nouvelle équipe gouvernementale qui devrait émerger après les fêtes de l’indépendance et avant le premier anniversaire du CTRI. Il semble qu’aussi bien au gouvernement qu’au palais, des têtes vont tomber…
Ainsi, la Primature constitue la première attraction. En effet, de plus en plus agacé par les sorties de piste inopinées de son Premier ministre Raymond Ndong Sima, le Gl Brice Clotaire Oligui Nguema réfléchit fortement à son limogeage. Mais pour le mettre où ? Or, dans son fonctionnement, Ndong Sima donne de plus en plus l’impression qu’il se sentirait à l’étroit à l’Immeuble du pétrole et souhaiterait en être déchargé pour rejoindre le front occupé en ce moment par le seul Alain Claude Billie-by-Nze qui semble dire à Oligui : « donc vous nous avez enlevés pour nous montrer ce qu’on voit là ? ». Pour n’avoir répondu à cette question et pour avoir refusé de se prononcer sur les questions du DNI, Ndong Sima a été livré à la vindicte populaire à Tchibanga par le président qui lui fait le reproche de ne pas le défendre face aux assauts de son prédécesseur originaire de Ntang-Louli par Makokou.
Certes, Oligui Nguema et Ndong Sima ont d’autres contradictions, mais à la décharge de Ndong Sima, on rappelle que lorsqu’on fait un coup d’Etat, la première chose à faire c’est de jeter en prison ceux qui étaient là. Ensuite organiser des procès pendant que la nouvelle équipe s’installe sans être gêné par le brouhaha des prédécesseurs. Or, le CTRI, au lieu de mettre les cadres de l’ancien régime sous l’éteignoir, serait plutôt en train de restaurer le PDG. Sur quelle base Ndong Sima et les autres iraient-ils répondre à des gens dont certains sont des amis d’Oligui Nguema..? Ndong Sima partira-t-il ? Difficile à dire. Mais Ndong Sima serait plus dangereux dehors qu’à l’intérieur.
Qui pour succéder à Ndong Sima ?
Murielle Minkouè caresse depuis longtemps ce rêve. Elle était même convaincue que Ndong Sima chauffait sa place et qu’à la suite du remaniement qui suivrait son dialogue, elle poserait ses balluchons à l’Immeuble du pétrole. Mais depuis la chute de son mentor, Aurélien Mintsa-mi-Nguema, elle aurait revu ses ambitions à la baisse et joue désormais à la nana calme et polie.
On cite aussi le nom d’Alexandre Barro Chambrier. Actuellement dans l’antichambre en qualité de vice-Premier ministre, le président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) est depuis un moment sous le charme de Brice Clotaire Oligui Nguema. Lors de sa dernière sortie de samedi dernier, il ne s’est pas privé de chanter les louanges du CTRI et de vanter les mérites de son président, non sans lui renouveler son soutien, même s’il a tenu à atténuer en ajoutant que ce soutien n’équivaut pas à une carte blanche. Si Barro y arrive, ce serait la deuxième fois que la Primature échoirait à un cadre myènè de l’Estuaire après Rose Christiane Ossouka Raponda sous l’ère du dictateur émergent.
Du côté de Lambaréné, Richard Auguste Onouviet, très écouté par le président de la transition actuellement et qui vient de faire de lui le PCA de la société pétrolière Maurel & Prom, se tient en embuscade. S’il est promu, ce serait pour la première fois qu’un fils du Moyen-Ogooué va arriver à la Primature. Un poste qui va prendre fin au terme de la transition et si la nouvelle Constitution, qui consacre un régime présidentiel, est adoptée. Mais il reste une question, celle de savoir s’il est vraiment nécessaire de virer le PM maintenant et pourquoi ?
Des bouleversements au palais Rénovation et au gouvernement
Au palais, l’actuel secrétaire général, si l’on n’y prend garde, devra sauter. Guy Rossatanga Rignault, s’il tombe, n’ira pas à la maison. Deux horizons s’offrent à lui : le ministère de la Justice, où trône un Galwa de Lambaréné, en la personne de Paul Marie Gondjout, ou les Affaires étrangères.
Il nous revient aussi que notre confrère Télesphore Obame Ngomo pourrait libérer la direction de la communication présidentielle pour, soit rester au palais en qualité de directeur de cabinet adjoint, soit alors rejoindre le gouvernement en qualité de ministre de la Communication. Son poste pourrait échoir à l’actuelle ministre de l’Education nationale où Oligui pourrait positionner Camélia Ntoutoume Leclercq qui partirait donc de l’Education nationale. A l’Education nationale, le nom de Laurence Ndong, actuelle ministre de la Communication, circule.
A la communication, deux noms reviennent : Télesphore Obame Ngomo, fils de l’ancien général et opposant feu David Ngomo Mvé, originaire de Bitam, et Désiré Ename, l’actuel patron du journal Echos du Nord et proche d’Oligui Nguema et aussi neveu de Raymond Ndong Sima. Si ce dernier reste à la Primature et que son neveu entre au gouvernement, la famille sera bien représentée.
Au ministère de la Réforme, Murielle Minkouè pourrait tomber. Trois noms circulent, celui de son mentor, Aurélien Mintsa Nguema, et ceux de deux fils de Lambaréné, Henri Mbira Nze et Séraphin Akure Davain.
Au pétrole, l’ancien syndicaliste de l’Onep et ancien patron de la Goc, Arnauld Calixte Engandji Alandji (ancien ministre des Travaux publics et ancien député du 2è siège de la Sébé-Bricolo (Okondja) avait eu le courage de démissionner du PDG, le 27 juin 2023, alors que son parti préparait les échéances électorales de cette année-là) ronge son frein au palais et pense que son heure a à nouveau sonné pour régner en maître à Okondja en glanant le ministère du Pétrole. Sauf que l’un de ses aînés, Mesmin Youmou, mis en jachère depuis longtemps, caresse le rêve de voir se terminer sa traversée du désert. Il se pourrait que le vieux Lemboumba ait son mot à dire…
Après le discours de Brice Clotaire Oligui Nguema à Tchibanga, Charles Mba pourra-t-il rester au gouvernement ? A Oyem, il y en a qui croisent les doigts tout en rêvant du poste.
Aux TP, le Gl Flavien Nzengui-Nzoundou devra serrer fort les talons. Il se raconte que l’actuel président de la Hac, Germain Ngoyo Moussavou, pourrait poser ses balluchons là-bas et laisser son fauteuil au vieux Janvier Nguema Mboumba…
Quel militaire va sauter ?
En formant le gouvernement de la transition, le Gl Brice Clotaire Oligui Nguema va en faire un concentré d’anciens pédégistes, d’opposants, de membres de la société civile, de la diaspora et des militaires. Mais il semble que la cohabitation entre ces différentes entités est loin d’être facile. Mieux, non seulement certains militaires estiment que leur heure a sonné, mais encore ils donnent parfois le mauvais exemple aussi bien au sein des ministères dont ils ont la charge qu’au sein de l’administration. Ainsi, Brice Clotaire Oligui Nguema serait bien avisé de se séparer de certains d’entre eux et les mettre à des endroits où ils pourraient être moins soumis à la tentation. D’autres, pourquoi pas, pourraient être remis à la vie civile.
Guy Pierre Afane Ayare