Si son gouvernement devait tomber d’ici la fin du mois d’août prochain, pas sûr que son actuel chef, le Premier ministre Raymond Ndong Sima en réchappe cette fois-ci, à la lecture du dernier discours du président de la transition à Tchibanga. Dans cette adresse, le Gl de brigade Brice Clotaire Oligui-Nguema visait très précisément ceux de ses collaborateurs qui ne s’alignaient pas sur ses vues matérialisées par les conclusions du Dialogue national inclusif (DNI). Mais qui d’entre eux, mieux que Raymond Ndong Sima aurait nettement montré ses réticences à approuver un certain nombre de recommandations, jugées par lui, démagogiques.
Parmi les griefs faits par le président de la Transition, chef de l’Etat, au personnel politique qui travaille à ses côtés depuis sa prise de pouvoir, il y a cette apathie notée par lui, de la part de ces derniers, face aux attaques répétées d’Alain Claude Bilie-by-Nze sur les actions et le bilan du Comité pour la transition et la restauration des institutions CTRI).
Mais qui, plus qu’un chef de gouvernement en fonction, est le mieux placé pour répondre du tic au tac, au dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba. D’autant plus facilement que l’un des derniers fidèles parmi les fidèles du président déchu, à défaut de se taire, n’aurait que peut de leçons à donner à un régime qui n’a même pas une année pleine d’exercice du pouvoir d’Etat. Pire, plutôt que de le combattre fermement, l’actuel numéro un du gouvernement laisserait l’impression de venir, quelque part, à la rescousse de son prédécesseur, en relevant certaines failles du pouvoir actuel avec lequel il cogère pourtant…
Bien plus que le champ libre laissé à Bilie-by-Nze de s’en donner à cœur joie au détriment des autorités actuelles, c’est sa propension à remettre en cause certaines initiatives du CTRI, qui horripilerait le chef de la junte gabonaise. Il y a eu dans un premier temps ces propos de Raymond Ndong Sima, considérant que l’inéligibilité des principaux acteurs devait concerner tout le monde. Y compris, implicitement le chef de la transition lui-même.
Plus récemment, c’est son appréciation de certaines recommandations du DNI, relativement à la suspension des partis politiques et aux conditions d’éligibilité à la présidence de la République, qui auraient fâché en haut-lieu, et donné l’occasion au chef de la transition, de plus en plus clairement candidat à peine voilé à la présidentielle de 2025, de réagir avec la vigueur qu’on ne lui connaissait pas jusqu’à présent. Très en verve du temps d’Ali Bongo Ondimba, la ministre la Communication Laurence Ndong peine elle aussi à apporter de la réplique aux attaques dont son autorité de nomination fait les frais…
A côté de ces récriminations quant à l’indépendance qu’il prendrait vis-à-vis des choix assumés par sa hiérarchie, l’actuel Premier ministre pourrait aussi faire les frais de ce qu’il y a lieu d’appeler désormais les retombées de l’affaire Aurélien Mintsa-Mi-Nguema, le petit-frère du chef de l’Etat, déchu dernièrement de ses fonctions de Directeur général du budget et des finances publiques (DGBFIP). Une sanction infligée à tort, si l’on en croit le président de la République, qui a maintenant la conviction que certains autour de lui, voulaient la tête d’un cadre qui aurait plutôt bien fait son travail. Au point de conseiller à son successeur originaire de Tchibanga, d’en faire autant pour le développement de sa contrée.
Il y a donc à redouter le retour de la manivelle, pour ceux qui auraient trempé dans cette espèce de complot. L’on sait ainsi que deux membres du gouvernement commis en mission à Oyem, seraient revenus avec des informations contredisant l’effectivité des travaux initiés par l’ancien DGBFIP. On sait aussi désormais, qu’en se faisant sa propre religion, Brice Clotaire Oligui Nguema se serait aperçu que les reproches faits à son cadet tenaient plus d’une volonté de le mettre hors d’état de servir à ses côtés, qu’autre chose…
Lors du prochain remaniement, que des observateurs juges inéluctable, avant la clôture de la première année de pouvoir du CTRI, et l’entrée dans la campagne référendaire (on parle du mois d’août prochain), il n’est pas inenvisageable que, non seulement Aurélien Mintsa-Mi-Nguema soit payé et monté en grades pour cette injustice ; mais que les commanditaires de la campagne de diabolisation qui a certainement laissé des traces dans la famille biologique présidentielle, en paient, à leur tour, le prix. Sous la forme d’une éviction du prochain gouvernement pour Charles Mba et Nzengui Ndzoundou ? Plus probable pour le premier que pour le second.
Mais il semble que Ndong Sima avait déjà envisagé cette hypothèse depuis longtemps déjà. « Maintenant, si vous voulez me virez-moi, certainement que vous m’aurez rendu service » avait-il dit aux populations du grand nord qu’il avait convoqué à Arambo à l’avant-veille de la tourée du chef de l’Etat dans le Woleu-Ntem.
Elive Sarah-Noëlle Nyanah-Mbeng