La conférence de presse du gouvernement gabonais portant sur la phase 2 de l’allègement des mesures restrictives liées à la propagation du Covid-19, tenue ce vendredi 16 octobre 2016 à l’amphithéâtre de l’immeuble Arambo, n’aura pas été à la hauteur des attentes des populations. Au contraire, elle laisse même l’impression que l’État veut renflouer ses caisses en exploitant l’aspiration grandissante des gabonais à retrouver leurs libertés d’antan.
La réelle mesure d’assouplissement que nous pouvons retenir de l’échange entre le gouvernement Ossoucka Raponda et les hommes de presse reste le passage du couvre-feu de 20 heures à 22 heures désormais. Et pour cause, elle est l’une des rares mesures à laquelle le gabonais lambda pourra accéder sans devoir débourser un sou. Ce qui ne sera pas le cas dans l’accès à certaines activités religieuses ou récréatives.
Si les disciples de Bacchus ont été oubliés par le gouvernement qui a décidé de maintenir fermés les débits de boissons, ceux de Christ et de Mahomet, eux pourront retrouver leurs lieux de cultes dès le 30 octobre prochain. Pour ces derniers, nul besoin de s’enthousiasmer car l’accès dans ces églises et mosquées n’est pas loin de ressembler à l’entrée au paradis, tel que décrite dans certains livres saints. Le nombre de fidèles y ayant accès est désormais limité à 30 personnes, même quand ces lieux peuvent contenir habituellement plusieurs centaines d’âmes. Un seul jour de la semaine est autorisé à ces congrégations pour louer Dieu en communauté, avec la latitude de multiplier ces célébrations qui ne doivent pas durer plus d’une heure. Et au-delà des traditionnelles mesures barrières recommandées, le fidèle devra en outre présenter un test négatif Covid-19 pour assister au culte. Jusque-là, rien d’anormal.
Pourtant, ce test jadis gratuit, en dehors du format VIP qui valait 20 000 FCFA, est désormais démocratisé à 5 000 FCFA sur toute l’étendue du territoire national, avec une validité maintenue à 14 jours. Et pour les personnes en provenance de l’étranger, il est obligatoire et vaut désormais 20 000 FCFA. Ce test Covid-19, devenu un véritable sésame impactera désormais la vie sociale des gabonais. Pour entrer dans un restaurant ou pour voyager, par exemple, il faudra au préalable intégrer dans son budget la rubrique test Covid-19 dont le poids financier dépendra selon qu’on veut le faire seul ou en famille.
Par ailleurs, afin de limiter les contacts, le gouvernement recommande l’utilisation de la monnaie électroniques dans les lieux de culte et dans les restaurants. Rappelons que ces espaces ne devront contenir plus de 30 personnes à la fois. Pourquoi cette recommandation ne va-t-elle pas jusque dans les laboratoires où sont effectués les tests Covid-19 ? En effet, ces laboratoires qui accueillent chaque jour des centaines de personnes, verront, avec la nouvelle mesure des paiements des tests, beaucoup d’argent circuler entre de différentes mains, augmentant ainsi des risques potentiels de contaminations.
De tout ceci, il est à se demander ce qui a été réellement allégé par le gouvernement dans les mesures restrictives en cours, si ce n’est essorer davantage les finances de gabonais, déjà asphyxiés économiquement par la crise sanitaire de la Covid-19.