Une bonne partie des notables fang de Nkembo, venus suivre le 29 janvier 2023 dernier, beaucoup d’entre eux par pure curiosité, la nouvelle sortie de celui qui avait unilatéralement décrété en 2015, au moment de s’allier à Jean Ping, que sa communauté, les fang, pour ne pas la citer, présente dans cinq des neuf provinces du pays, était « le facteur sociologique bloquant » qui entravait l’alternance politique au Gabon, pure invention de sa part, est repartie estomaquée par les propos de ralliement tenus en faveur d’Ali Bongo Ondimba. Alors qu’il avait été, en 2009, le premier à redouter la brutalité du pouvoir de « Roboam »
Mais Eyeghe Ndong, alias « Nza-fe ve Bongo » (Qui d’autre que Bongo pour diriger le Gabon), n’en a plus que cuire. Disposé désormais qu’il est, à mettre toute son énergie au service, non plus simplement de sa République parcellaire, mais plus franchement, du chef de la vraie République du Gabon qu’est encore l’actuel chef de l’Etat.
Qu’elle n’est pourtant pas si lointaine, l’époque où l’homme avait mis toute sa force de persuasion discursive de la précampagne électorale, à tailler en pièces, par petites phrases de plus en plus suggestives, précisément dans le bastion ntoumois de l’homme de Nzamaligue aujourd’hui disparu, Casimir Oye Mba qui représentait encore jusque-là, l’espoir politique de la communauté auto-stigmatisée. Le travail de sape d’Eyeghe Ndong contre le leadership politique Ekang, étant complété dans le Woleu-Ntem, où Raymond Ndong Sima se pensait légitimement chez lui, par Vincent Essone Mengue. Les deux hommes assurant que la France, ne voulait absolument pas d’un fang à la tête du Gabon. Alors que Léon Mba, le grand-frère du dernier Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, avait si bien servi l’Hexagone. Malheureusement, l’argument ne tiendra pas ; le Nkomi Jean Ping ayant été, lui aussi, interdit d’accès au pouvoir suprême. Comme avant lui, le fang Paul Mba Abessole ou le punu Pierre Mamboundou-Mamboundou.
Casé au Haut-Commissariat de la République, avec probablement en plus, la garantie de se faire payer, enfin, ses droits bloqués d’ancien Premier ministre, l’apeuré du fouet de scorpions de Roboam, l’enfant-roi, aurait pu dès lors, se consacrer à l’exercice des fonctions que venait de lui conférer le chef de l’Etat devant lequel il avait préalablement prêté serment, en même temps que d’autres personnalités qui se drapent, elle, dans une posture républicaine silencieuse faite de retenue. C’est le cas notamment de Marcel Abéké que l’on n’a pas vu encore se transporter à Léconi pour aller y invoquer un quelconque soutien à Ali Bongo Ondimba qui n’est d’ailleurs pas encore officiellement candidat. Et ne le sera certainement pas avant le 12 mars. Jean Eyeghe Ndong, l’on ne sait trop pourquoi (Eyeghe abelebele na !), s’agite et anticipe comme à son habitude. Avec Omar Bongo en 2005. Puis Jean Ping en 2016.
L’ancien Premier ministre, détracteur presque haineux devenu en 2009 de l’actuel chef de l’Etat, devant le cercueil scellé d’Omar Bongo Ondimba, a parfaitement le droit de se repositionner politiquement là où bon lui semble. Après avoir échoué de porter au pouvoir, comme tant d’autres chevaux de Troie et anciens caciques du parti au pouvoir, leur collègue Jean Ping qui vient aussi de tourner le dos à tous ceux à qui il avait demandé, avec beaucoup d’assurance, certains aujourd’hui six pieds sous terre et à la fleur de l’âge, d’aller voter en 2016, et de revendiquer ensuite énergiquement la prise du pouvoir d’Etat dont il devait se charger lui-même. Le notable fang de Nkembo, ne peut cependant pas, continuer à se calfeutrer derrière l’invocation du vocable République, pour justifier sa transhumance politique et la trahison faite… à ses propres convictions, proclamées lors de l’oraison funèbre prononcée dans des installations prestigieuses de la…République gabonaise.
On peut comprendre, qu’après avoir mobilisé les populations gabonaises d’un bout à l’autre du pays en 2016, notamment à Ebel-Abanga où le discours de 2009 et le meeting animé à l’Ecole protestante locale, sont restés dans les mémoires ; Jean Eyeghe Ndong, de guerre lasse, a dû finir par faire ses évaluations. Et se rendre à l’évidence de la longueur du combat qu’il pensait éclair, puis prendre une option, l’âge avançant, entre l’immobilisme de Jean Ping, qui ne parvenait pas à remplir sa part de contrat ; et les verrous qu’Ali Bongo et les « sécurocrates » civils et militaires de son régime continuaient à poser sur tous les accès du Palais Rénovation. Eyeghe Ndong a penché pour le petit-là. Alors qu’on aurait pu croire que l’ancien leader des circonscriptions de Nkembo, dont l’annulation de l’ensemble des votes lors du dernier scrutin présidentiel, combinée à l’extraordinaire mobilisation de l’électorat du Haut-Ogooué, a permis la défaite officielle de Jean Ping, devait savoir choisir une porte de sortie beaucoup plus honorable.
En demandant, par exemple, publiquement pardon à sa communauté. Parce que, et il doit bien le savoir, si Eyeghe, politiquement émoussé après avoir tant donné à d’autres composantes culturelles nationales, au nom d’une certaine République des jouissances personnelles, a finalement tombé les armes ; il reste encore chez les Ekang, des fils qui ont de la vigueur et assurément des… « bitou » (pagnes), pardon, de l’étoffe, comme. Séraphin Akuré Davain. Pour continuer le combat républicain qui doit empêcher à terme, l’instauration insidieuse d’une monarchie du type « Nza fe » (qui d’autres que les Bongo) au Gabon.
Sylvanal Békan