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Interview du général Ntumpa Lebami : « Pour parler, il faut être sollicité »

L’homme nous rappelle les premières années du régime Ali Bongo Ondimba où il avait été accusé d’avoir comploté pour faire un coup d’Etat. Jugé puis jeté en prison, il purgea sa peine. A sa sortie, après un temps de mise en jachère, il a été rappelé pour exercer des responsabilités extra-militaires. Ntoumpa a bien voulu répondre à nos questions.

Le Mabandja : Général Ntumpa, on ne vous entend pas beaucoup. Pourquoi un tel silence et pourtant des sujets d’intérêt ne manquent pas pour un homme qui a été au cœur du pouvoir ?

Général Ntumpa : Vous voyez vous-même d’entrée qu’une partie de la réponse à votre questionnement sur mon silence trouve sa réponse à travers cela. Pour parler, il faut être sollicité. Surtout que, par mon statut de militaire, dans l’armée, un militaire ne parle pas.
En sus de cela, dans mon cas spécifique, je dois vous dire que le président de la République m’a fait l’honneur, et je ne cesserai de le remercie pour cela, de me confier la lourde mission d’accompagner le management de la Caisse des pensions des fonctionnaires (CPPF). Cette tâche m’absorbe totalement au regard des enjeux qui sont les nôtres. A savoir, trouver des moyens de faire de la CPPF une structure viable et efficace au service du développement du Gabon. Cela ne laisse pas beaucoup de temps à un militaire en mission prescrite par le chef de l’Etat lui-même de s’occuper d’autres choses.

Un acte politique majeur vient de se dérouler, à savoir la concertation politique. Quelle est votre lecture de ce moment, vous qui avez été un très proche collaborateur d’Omar Bongo Ondimba ?

Je tiens tout d’abord à féliciter tous les Gabonais qui ont concouru pour qu’une telle initiative salvatrice puisse voir le jour à quelques mois de l’élection présidentielle dans notre pays. En premier lieu, naturellement, le président de la République, Ali Bongo Ondimba. Il s’inscrit là dans les pas de son prédécesseur, Omar Bongo Ondimba.
Je voudrais associer à cet hommage toute la classe politique nationale qui, notamment celle estampillée opposition, avait élaboré un mémorandum invitant le chef de l’Etat à aller vers une telle initiative. Le président de la République y a répondu favorablement au cours de son dernier discours à la Nation. Et constat fait, tous ces grands esprits réunis ont trouvé des solutions idoines pour que notre pays connaisse enfin des élections transparentes aux lendemains apaisés comme dans toutes les démocraties.
Je crois que le président de la République, au regard de son leadership mondial actuel, a besoin de se présenter vis-à-vis de ses pairs avec toute la légitimité que confère une élection non contestée par une partie de son opinion intérieure. C’est en cela que j’ai foi qu’il veillera à ce que les conclusions consensuelles de ce conclave aboutissent à des élections dont seul le Gabon est gagnant et ainsi pour le bien de tous.

Que peut être votre contribution dans ce processus, vous le soldat d’Ali Bongo Ondimba et que peut-il attendre de vous ?

Je revendique effectivement ma qualité de soldat d’Ali Bongo Ondimba puisqu’il est le chef suprême des armées. Il incarne l’Institution que tout soldat doit défendre.
Pour revenir à la concertation, le format choisi ne permet pas aux autres acteurs de la société de pouvoir y apporter une contribution.
Pour le moment, il s’agit d’une forme de tête-à-tête entre les acteurs politiques qui pourrait se poursuivre. En cela, je me garderai bien de m’impliquer dans un processus qui ne me concerne pas pour le moment. Il reste cependant toujours possible d’agir dans la discrétion pour faire parvenir des propositions aux acteurs impliqués. Si l’on demande mon avis dans ce cadre, je le ferai bien volontiers sans toutefois rendre cela public. Vous comprenez aisément pourquoi.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle du pays ?

Une fois encore je suis militaire et non un spécialiste de l’économie. En lisant et en visitant d’autres pays en Afrique, le Gabon n’est pas le plus mal loti et certaines prévisions du Fonds monétaire international ou de la Banque mondiale les plus récentes le confirment.
Ceci étant, il faut reconnaître que le Gabonais souffre au plan socio-économique. La vie est chère, il a des difficultés pour circuler, pour se soigner, etc. Le président de la République lui-même le rappelle chaque fois à son gouvernement en l’enjoignant de trouver au plus vite des solutions pour alléger les difficultés du peuple. C’est dire si ce diagnostic est partagé par le premier responsable de ce pays. Au gouvernement de tout faire pour traduire strictement les hautes recommandations du chef de l’Etat en actes et vous verrez que tout ira pour le mieux.
Soyons aussi un peu patients en laissant au gouvernement le temps nécessaire pour parvenir à ses fins. Le contexte économique mondial est difficile. Cela impacte nécessairement les marges d’action du gouvernement.

A travers vos réponses, peut-on dire que le général glisse tout doucement en politique ?

Un militaire ne fait pas de politique. Cependant, il demeure citoyen. La preuve, la Constitution du pays lui reconnaît un droit de vote. Cela veut dire que dans le secret de l’isoloir il opère un choix fidèle à ses convictions politiques, même s’il ne peut pas les afficher publiquement. Son rôle étant de défendre la nation et ses institutions.
Tout ceci pour vous dire que le général ne glisse pas en politique. Il donne une opinion non partisane en essayant de rester objectif.

A tort ou à raison, certains vous disent proche d’une certaine opposition.

Vous savez, la nature humaine est ainsi. On ne pourra jamais empêcher quelqu’un de penser ce qu’il veut. Et à l’heure des réseaux sociaux, avec des fake news, ce phénomène prend de l’ampleur avec des conséquences dramatiques sur la vie des personnes concernées.
Il vous souviendra que j’ai été au Conseil national de sécurité, j’ai été commandant en second de la garde républicaine, je suis militaire, ma mission dans toutes ses fonctions a été de protéger la souveraineté nationale et les institutions de la République. Naturellement, cela vous amène à savoir les intentions de tous les acteurs sociaux au regard de l’exigence de défense de la nation.
Cela veut dire qu’il fallait parler avec tous ces acteurs pour cerner leurs intentions face à cette question de défense de la nation. Si c’est cela être proche de l’opposition, vos informateurs se sont lourdement trompés à mon sujet.

Votre mot de la fin

Je souhaite que le Très-Haut inspire inspire davantage toutes les intelligences du pays. Le Gabon a trop souffert de la contestation électorale. Beaucoup de vies ont été arrachées prématurément pour cela. Il faut que cela cesse définitivement.
Je salue une fois de plus le courage du président de la République qui a bien voulu faire sienne cette doléance des partis de l’opposition. Tout comme je loue la volonté de l’opposition de parvenir à un accord. C’est par un tel processus que le Gabon évitera des drames pour ne connaître que la paix. Je vous remercie.

JCN

One Comment

  • Akoma Mba dit :

    Pauvre bougre sorti de prison. Pauvre Gabon! Il salue le courage d’un président qui assassine des gabonais après chaque élection qu’il perd. Bref…

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