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La chronique politique de Guy Nang Bekale : La foi, la poésie, la politique et le pouvoir

Tous ceux qui ont lu les récits anciens rapportés dans la Bible, cet étonnant, mystérieux et prestigieux ouvrage qui est réputé contenir la parole et la volonté de Dieu ; ceux qui croient et reconnaissent que la parole était au Commencement comme cela est affirmé par les habiles théologiens, rédacteurs des textes de la Genèse et l’Evangile de Jean ; je les invite à admettre, à accepter, après un examen objectif et une sereine réflexion, que la Parole et la Poésie sont d’essence divine et inhérentes à l’œuvre magique de la Création.
Les biographies de Christ, des prophètes et des apôtres ; les activités des militants humanistes, révolutionnaires et des patriotes de notre temps démontrent l’étroite relation qu’il y a entre l’ascétisme, l’idéalisme, le sacrifice, la Parole, la Poésie et la Politique qui caractérisent et déterminent les choix et les places de chaque homme dans la société depuis la nuit des temps.
La Poésie et la Politique, pour être au service de l’épanouissement de l’humanité doivent, à chaque époque, traduire et porter les sentiments fraternels et les besoins vitaux les plus valorisants pour les citoyens les plus faibles d’une Communauté. Or, j’ai constaté que ces deux attributs de souches divines, poésie et politique, ont été dénaturés par un troisième : le pouvoir qui fait également partie des éléments qui symbolisent la divinité. Le pouvoir s’est approprié la politique en la déshonorant et en la rendant violente, guerrière et assassine. L’individu qui se destine à une carrière politique doit apprendre le langage poétique et la parole divine des initiés qui ont leur origine au berceau de l’humanité, avec ses accents d’amour, de vérité et de justice ; revêtus du courage au bout duquel se trouve le mortel sacrifice qui libère.
Aujourd’hui, beaucoup de nos compatriotes assimilent et ramènent la politique au mensonge et à la démagogie parce que les personnalités politiques contemporaines, devenues corrompues et parjures se sont rabaissées et se sont détournées des besoins et des intérêts fondamentaux des masses populaires nécessiteuses. Ces besoins et intérêts se déclinent en soucis et préoccupations matériels et alimentaires ; mais aussi en rêves d’élévation et d’épanouissement immatériel, moral et spirituel. La Politique, la vraie, doit partir d’un sentiment humain aimant et patriotique. Ce sentiment qui place l’homme, peu d’hommes hélas, loin des subalternes appétits matériels et égoïstes est le seul qui projette quelques rares charismatiques leaders vers un niveau moral et spirituel élevé, en installant en eux un sublime idéal de vie qui les conduit à s’oublier et à accepter avec sagesse et lucidité leur fin future : leur mort.
Dans le présent contexte de la mondialisation et de la néo colonisation, sans ce merveilleux sentiment et ce prestigieux détachement ; aucune action politique porteuse de grandeur historique n’est possible en Afrique et en particulier au Gabon.

Poésie et politique sont porteuses du divin

Elles sont contenues dans la Bible, particulièrement dans les discours de Christ et dans les Psaumes, œuvre de l’un des plus grands et prestigieux personnages qui a été signalé dans la Bible. Il fut chef de famille et dirigeant d’un peuple en qualité de roi, guerrier, politicien et poète.
Décrivant ce qui est l’idéal de la vie d’un mortel et qui fait la grandeur, voici en le paraphrasant et en accord avec lui, ce qu’un Poète-politicien, ami inconnu et lointain disait à ce sujet : « Au commencement d’une vie se trouve la poésie de l’amour et du bonheur. Au milieu, la philosophie, le travail, la politique, la guerre ; toute la partie active qui demande la lutte, la sueur, le sang, le courage, le dévouement, les sacrifices. A la fin, quand le jour baisse, quand la flamme s’éteint, quand les ombres descendent, quand la fin approche, quand le cordon se détache ; il y a une seconde poésie de type religieuse qui se détache entièrement de la terre et qui aspire uniquement à Dieu, comme le chant du rossignol au sommet de l’arbre… Indubitablement, la vraie poésie se retrouve sous deux âges et sous deux formes. D’abord sous la forme d’un jeune homme qui aime, qui rêve, qui souffre et pleure en attendant la vie active et heureuse ; puis, à la fin, sous la forme d’un vieillard qui se repose de la vie, et qui, passant ses derniers soleils dans les sanctuaires, envoie devant lui au Dieu de son espérance ses extases de résignation, de confiance et d’adoration dont ses longs jours ont fait déborder son cœur aimant. ». Et je conclus avec A. De Lamartine : « qu’ainsi fût le Roi David, le plus lyrique des politiciens, des guerriers, des poètes et des croyants ».
La vieille logique qui régit le monde depuis des millénaires est condamnée à changer en s’améliorant graduellement. Les fossés qui sont creusés entre les humains, entre les dirigeants politiques étatiques et leurs administrés, entre la nature et l’homme, entre l’homme et Dieu sont à l’origine du difficile avènement d’une nouvelle structuration sociétale, économique, politique, culturelle, spirituelle et morale faite de plus de joie de vivre et davantage de bonheur. La grandeur et le bonheur n’existeront jamais où végètent les peuples dans la laideur, la saleté, la discorde et le mal. Toutefois, le Mal finit toujours par céder la place au Bien qui est porté par l’espoir et l’avenir.
L’évolution des peuples et des sociétés montre que pour progresser et espérer accéder à une ère supérieure en qualité de vie collective et de relations communautaires solidaires, les peuples et leurs sociétés doivent passer par des phases de destruction, d’autodestruction ; de résignation et de révoltes conduites par les patriotes. Par moments, cette évolution vers le progrès passe par des étapes transitoires qui portent à la direction des Etats, des chefs autocrates, médiocres, méchants, vaniteux, illégitimes et sans foi ni loi, dont les pouvoirs illégaux sont violemment et irréversiblement remis en cause par les citoyens assoiffés de liberté, de justice, de bonheur et qui réclament et revendiquent leur souveraineté confisquée.
De cette épreuve surgira un nouveau système sociopolitique qui imposera le respect, le partage, la justice et l’apaisement. Le monde a continuellement besoin de progrès. Les siècles à venir seront placés sous le signe de la solidarité et d’un communautarisme rénové. Les femmes et les hommes nouveaux émergeront pour continuer les œuvres antérieures en les bonifiant grâce au perpétuel cycle de la vie et de la mort qui est inhérent à tout ce qui naît, c’est-à-dire qui se rend visible après une période de gestation cachée plus ou moins longue.
Pour se mettre activement et positivement au service des citoyens, la Politique doit intégrer la Poésie et avoir pour vocation d’élever la conscience patriotique, d’améliorer les conditions et les cadres de vie, de favoriser la connaissance et la compréhension de l’humanité, des peuples, de la société et de l’indispensable nécessité de leur progrès. L’éloquence est la fine fleur du langage et de la parole, dont le fluide parfumé pénètre et touche les cœurs pour les décorer et les adoucir. L’éloquence a pour vocation d’harmoniser la politique et la poésie.
Certes, je n’établis aucunement une hiérarchie entre la politique et la poésie, mais toutes deux sont les composantes d’un ensemble qui témoigne de la présence du divin dans l’homme. J’ajoute que toutes deux se nourrissent de l’éloquence qui tend à devenir une exigeante acquisition pour les politiciens et qui est une extériorisation d’un don qui, s’il n’est pas inné, se consolide par le travail.
La politique est représentative de l’idéal social qui est contenu à la fois dans la théorie et l’action pratique ; à l’exemple du discours christique qui, par son vocable, ses intonations et les thèmes développés pénétrait les cœurs des simples gens d’Israël et des environs : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde, Heureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu, Heureux ceux qui ont faim et soif de justice : ils seront rassasiés ».
Le bonheur, l’amour, la vérité, la justice et la liberté ne rendent pas l’homme immortel, mais le prédestinent à la vie éternelle qui commence par le vieillissement causé et constaté par la dégradation du corps physique. Puis survient la mort qui libère l’esprit par la putréfaction de la chair. Comme la chaleur qui se dégage de la flamme des tisons incandescents qui se consument, il se dégage d’un cadavre une énergie, flux invisible porteur d’une entité surhumaine consciente qui demeure éternellement dans la béatitude céleste.
Toute ma vie durant, comme d’autres avant moi et certainement après moi, j’ai été un idéaliste, un écorché vif. J’ai été écœuré, dégoûté, outré et révolté par la médiocrité morale et les injustices sociales des puissants gouvernants de mon temps qui ont voulu me faire passer pour un être aigri, plaintif, complexé, écervelé et violent. Ils ont gâché ma vie et l’ont transformée en un perpétuel combat pour l’existence. J’ai souffert mais jamais, au grand jamais, je n’ai renoncé à mes choix pour la grandeur du Gabon, pour le respect de notre peuple… à mes engagements envers eux et à la préservation de mon âme du Mal. C’est le mépris des fastes, des apparats et des jouissances subalternes et bassement matérielles qui m’a servi de bouclier protecteur et de socle d’élévation spirituelle pour atteindre le sommet de l’épanouissement humain qui se trouve dans la Liberté. Je suis fier d’avoir été et d’avoir vécu libre et je souhaite, autant que faire se peut, mourir en homme libre, digne et fier.
C’est la douce et merveilleuse sensation de l’existence et de la proximité bienfaisantes de Dieu, qui est le dépositaire suprême de la poésie, de la philosophie, de la vérité, de la justice, de la politique et du pouvoir qui m’a confortée. Je me suis toujours efforcé pour que mon discours traduise mes élans de cœur. Je me suis engagé à déclamer fièrement et clairement mon amour pour le Gabon, pour les gabonais et pour tout dire, pour l’humanité en détresse ».
Extrait de mon ouvrage : « De l’Aurore au Crépuscule de mon Séjour Terrestre »
« Convictions et Souvenances de Mortel ». Pages 30 à 35

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