Notes de lecture par Guy NANG-BEKALE
Chers compatriotes
C’est avec un réel et profond plaisir que j’ai lu attentivement et studieusement cet ouvrage rédigé par un patriote, homme d’honneur, respectable et d’une franchise inébranlable. Pour ceux qui n’ont pas encore lu cet ouvrage, j’ai jugé bon de leur destiner quelques passages en guise d’avant-goût. Je me suis abstenu de faire des commentaires et ai opté pour la transcription, presqu’en vrac, des parties que j’ai sélectionnées.
Au début des années 80 j’avais des conversations avec Emma (comme Marc Nan Nguema et moi l’appelions) qui m’ont permis de comprendre les déchirures, l’amertume, la colère et les angoisses refoulées en lui, mais qui s’extériorisaient par moments et dont la cause étaient les tortures subies à la suite du coup d’Etat militaire de février 1964 dont son frère ainé Daniel Adzo Mbene, affectueusement appelé Daya par les siens, était la pièce maîtresse. La lecture du livre révèle fidèlement le caractère de ce personnage écorché-vif. Membre du gouvernement du 18 février 1964, Emma a tenu à témoigner, sur ce qu’il a vécu en 1964, avant sa mort survenue en 2011 en Tunisie, son pays d’adoption et celui de son épouse juive. Emmanuel a toujours affirmé la justesse du coup d’Etat qui a vu l’intrusion de la France dans le conflit interne d’un « Etat indépendant ». Il dit : « La France n’aurait pas dû intervenir au Gabon… et Emma en a pleuré jusqu’à son dernier souffle ».
L’ouvrage est composé de 381 pages numérotées et de dix parties. Il souffre d’un mal que tout écrivain solitaire, comme moi, connaît : l’absence de comité de lecture pour reformuler les phrases et corriger les fautes que souvent l’auteur perd de vue en rédigeant ou à la relecture d’un texte qui lui est familier.
Sur la forme, le livre apparaît comme une œuvre inachevée faite de redites, de quelques erreurs, d’oublis de mots et de doublons.
Sur le fond : C’est une fresque de vérité rapportée par un témoin et acteur majeur du coup d’Etat.
Écoutons et reprenons l’auteur. Nous n’interviendrons que pour harmoniser les articulations du texte.
« Mombo Jacques le lieutenant de gendarmerie issu de l’école de formation des officiers d’Outre-Mer, Officier le plus ancien du groupe est appelé à la barre…. Se lève péniblement pour répondre à la question : « qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Pénible ? Désolante écœurante et vraiment révoltante est l’attitude de Monsieur Mombo qui en voulait au sous-lieutenant de gendarmerie Daniel Mbene de ne pas lui avoir remis le pouvoir en sa qualité d’officier le plus ancien dans le grade le plus élevé …Mombo bredouille de manière presque inaudible. Accuse Mbene de l’avoir appelé pour arrêter et déchoir le Président Léon Mba. Ce n’est plus un officier, homme de commandement qui sait se faire obéir. C’est un minable malfaiteur pris en flagrant délit qui est réduit en homme quasi muet. Jacques Mombo ne nie même pas avoir menacé, arme au poing, le Président de la République en lui intimant l’ordre de le suivre, lui, Essone et l’adjudant Moussavou ; et l’arme au point l’avoir obligé de lire sa démission devant un micro de la radio…Il enfonce, accuse Daniel Mbene d’avoir pris contact avec lui pour renverser Mba. Il se tait. Le Commissaire du Gouvernement se tait. Ni le Président de la Cour, ni les assesseurs ne posent de question. Tous les accusés sont atterrés. Je regarde, en face de moi, J.H.Aubame, P.M.Gondjout, J.M.Ekoh, Philippe Tsira Ndong et le lieutenant Essone. Ils sont plus atterrés, plus malheureux que moi…Ils s’attendaient sinon à un comportement agressif du moins à une attitude digne d’un militaire qui défend son honneur.
Appelé à la barre, Essone qui avait accompagné Mombo pour arrêter le Chef de l’Etat est encore plus minable que celui-ci… Mbene, dit Essone, avait été le premier à lui parler du coup d’Etat… Ensuite, Pierre Claver Eyeghe est venu à son tour, accompagné de Mbene pour l’amener à une meilleure compréhension. C’est ainsi qu’il a accepté. P. 213 Le Commissaire du Gouvernement traite J. V. Essone de malheureux officier inculte.
Lisons ce qu’Emmanuel Mbene dit de l’un des plus vaillants soldats des importants événements de février 1964 : « Jean Valère Essone est d’un niveau scolaire limité. Ce qu’il maîtrise le mieux : l’utilisation de la mitraillette et le courage aveugle du bon soldat. Le 19 février aux environs de 10h30, les troupes françaises encerclent la Présidence. Ce n’est pas le lieutenant J. Mombo, qui y pontifiait en qualité d’officier le plus ancien dans le grade le plus élevé et président du Comité Militaire Révolutionnaire qui informe J.H. Aubame, Premier Ministre, Ministre de la défense nationale et chef des armées et demande l’autorisation de tirer (il vaut mieux mourir pour défendre l’honneur de la patrie que de subir l’humiliation et la honte d’un injuste procès) ; non, c’est Essone qui demande l’autorisation de tirer. Celui-ci sait fort bien qu’en hommes et matériels de guerre et en expérience militaire, la poignée de gabonais sous leurs ordres n’allait pas résister longtemps. Mais il sait que, étant à couvert, en tirant les premiers, ils feraient beaucoup de dégâts dans les rangs français. Il vaut mieux mourir les armes à la main, avec honneur que subir l’humiliation du prisonnier. Le lieutenant Essone demande l’autorisation de tirer. Je le rappelle, j’étais à côté de J.H. Aubame dans son salon, lui tenant le téléphone. Le Premier Ministre dit ne tirez pas… On entend le boum d’une grenade défensive. J.H. Aubame s’affole et crie : « ils bombardent la Présidence » ! Le téléphone sonne encore. Le premier Ministre avec tous les titres politico militaires qu’il s’est arrogés dit encore « ne tirez pas » !
Le lieutenant J. V Essone ne savait pas qu’à ce moment-là, son ami le sous-lieutenant Ndo Edou était déjà mort, achevé par un militaire français » P 216-217. Olympien, Léon Augé renvoie Essone aux bancs des accusés. Aristide Issembe (Ambassadeur, Commissaire du Gouvernement) est content, satisfait de sa démoniaque prestation… Son comportement est celui d’un individu qui déborde de haine et de rancœur P 219… Lorsque je (Emmanuel Mbene) suis pris par des insomnies et que je revois le déroulement de cette histoire je me demande ce que sont devenus les différents acteurs de ce drame… « C’est parce que le train passe et repasse que les rails ne se rouillent pas » … J’ai compris que son Excellence Aristide Issembe, Ambassadeur du Gabon, jouait la comédie. Foncièrement, il était avec nous, mais sans J.H. Aubame et son neveu (Eyeghe). L’ex Président de la Cour Suprême (Aubame) aurait mieux fait d’accepter son échec politique et sa traversée du désert.
Le Président de la Cour Léon Augé appelle à la barre le lieutenant Daniel Mbene. Mon frère se lève. Va fermement à la barre, frappe du poing sur celle-ci de colère, comme sur une table, puis brusquement d’une agressivité sans contrôle de soi et ignorant sa qualité de prisonnier et celle de ceux à qui il s’adresse, à nos juges, avec une colère déchaînée, non feinte, dit « Je ne sais pas ce que vous faites ici Aubame, Gondjout etc, toute l’assistance, encouragée par cette tonitruante entrée qui avait empêché le Président de la Cour de sûreté de l’Etat déclamer l’acte d’accusation et de poser la question rituelle, se redresse d’un même mouvement, réconfortée par un tel courage. J. Mombo et J.V. Essone baissent la tête. Ils semblent qu’ils réalisent le mépris et la désolation du public ainsi que celui et celle de leurs compagnons en route pour les prisons du Gabon. Mon frère s’adresse au capitaine Boulingui notamment en lui montrant un vieux fusil au canon rustique que porte un garde. Regardez mon capitaine, ce MAS 36 ne vaut plus rien. Après quinze coups, il s’enraye. Ces fusils d’assaut soi-disant donnés par la France pour armer le Gabon sont des vieilleries presque inutilisables. J’en avais parlé au Président de la République dans un rapport que je lui ai envoyé au sujet de la restructuration de l’armée gabonaise…. Je préfère mourir que de vivre dans un tel régime… Si l’affaire avait été purement militaire, sans collusion avec un civil quelconque, dit l’auteur, Léon Mba renversé et le pouvoir remis à Boulingui, les français auraient sérieusement réfléchi avant de venir faire une démonstration intempestive de leur force au Gabon, ils ne seraient pas intervenus. P 220 et 221. Troublé, Léon Augé lève la séance.
Emmanuel Mbene écrit « Mon frère est un héros et tout le monde le lui fait sentir… Le lieutenant Daniel Adzo Mbene était un nationaliste qui voyait la grandeur, la puissance et la force de son pays dans celle de son armée. Mais il était naïf en croyant facilement ses partenaires sincères…Il aimait son pays mais était coupable de naïveté et d’absence de jugement objectif ; car on ne peut répondre positivement aux prétendues exigences d’une quelconque fraternité, j’insiste quelle qu’elle soit pour ébranler les Institutions établies dans un pays…La remise du pouvoir à J.H. Aubame en renversant Léon Mba par un putsch au nom et avec l’appui de la fraternité maçonnique entre son neveu civil et D. Mbene militaire officier de la gendarmerie, Saint Cyrien nourri à la bonne école de formation patriotique, le principal des 4 officiers soumis à la manipulation de l’ex président de la Cour Suprême (Aubame) était une entreprise qu’il ne fallait ni encourager, ni admettre …Il (D. Mbene) ne devait pas mettre en balance la loi fondamentale du pays et la fraternité maçonnique que lui avait rappelé un individu et son oncle assoiffés de pouvoir.
Daniel Mbene est mort prisonnier… L’oncle et le neveu sont devenus de très grands amis de l’actuel Président de la République (Albert Bongo). Les frères d’armes, officiers plus gradés et plus anciens que lui (Mbene), l’avaient lâché comme un malpropre, pire enlisé dans l’acte d’accusation par leurs déclarations pour avoir accès à l’acquittement. P 222-223.
Mbene semble revendiquer la paternité du putsch… Ses propos l’auraient conduit seul au poteau d’exécution, si le Commissaire du Gouvernement n’avait démontré, preuve à l’appui, sans faille, la culpabilité de Pierre Claver Eyeghe qui avait rappelé à D Mbene leurs liens maçonniques et celle de son oncle J.H. Aubame dont il avait dit sous la torture « je sais bien que mon oncle peut me sacrifier pourvu qu’il ait le pouvoir » P 224-225
L’adjudant Moussavou tête brûlée, n’accuse personne, ne parle pas de discipline militaire. Il a agi par devoir. Issembe est dépassé par cet adjudant qu’il croyait pouvoir facilement ficeler…Moussavou ne se déroute pas, ne baisse pas la tête. Il parle au civil Issembe comme il parlerait à des villageois qui ont peur des soldats armés, comme à l’époque des miliciens du service d’ordre colonial. Il le défie par son arrogance. Il sait que son capitaine Boulingui), en plus pounou comme lui, est assesseur dans cette Cour qui le juge ; une Cour civile et non martiale qui devait le juger. Ce capitaine n’accepterait pas une défaillance de qui que ce soit parmi ses soldats…Après la déposition de Philippe Mory, mon avocat, Me Anselem dit : « je crois que c’est vous qui devriez être là-bas à leurs places et eux ici aux vôtres ».
Voilà ce que dit Emmanuel Mbene d’un autre vaillant soldat patriote : « On appelle à la barre l’adjudant Léonard Anotho : même attitude « adjudanteque ». N’accuse personne, ne nomme personne, ne dit même pas s’il avait été d’emblée d’accord ou non. L’adjudant Anotho, de caractère pondéré, homme d’une correction parfaite et d’un parler lent, clair, net sans fébrilité, s’exprime en termes polis, mais négatifs pour condamner le régime comme le lieutenant Daniel Mbene. La rigidité de l’éducation protestante et celle de la formation militaire se sont intimement mélangées en cet homme pour lequel l’honneur militaire, comme D. Mbene, est au-dessus de l’honneur de L’homme. Un militaire ne renie pas sa parole et ne se renie pas….Il se tait.
Le Président de la Cour de Sûreté de l’Etat, Léon Augé, déjà ébranlé moralement par la démonstration de courage du lieutenant Mbene, le regarde, ahuri et le renvoie à sa place. L’adjudant Léonard Anotho rejoint le banc des accusés sans s’être assis sur son honneur ni l’avoir sali par un mot de négation.
Le commissaire du gouvernement se redresse et l’apostrophe en ces termes « vous ne reniez rien, mais on connaît bien la solidarité des insulaires ». Écœurant !
Les sous-officiers, sergents chefs et sergents ainsi que l’homme de troupes semblent s’être donnés le mot pour adopter les attitudes analogues à celles de lieutenant Mbene et des adjudants Moussavou et Anotho.
Le sergent-chef Moulopou, ancien homme de train pendant la guerre d’Indochine, ne s’émeut pas devant Issembe. Il raconte qu’il avait été désigné, avec le sergent Nze, pour accompagner Léon Mba à Lambaréné (lieu du procès) et le protéger. Le sergent Nze répète ce que vient de dire Moulopou. Le commissaire du gouvernement qui joue mal le rôle de procureur le regarda sans aménité, et d’un air de mépris lui dit en le renvoyant à sa place « vous êtes le prototype du parfait prétorien »
Le sergent Albert Eyeng montre sa valeur de soldat qui a voulu défendre l’honneur et l’indépendance de son pays en intimant un ordre au colonel français qui descendait de l’avion rempli de militaires. Il décrit la malheureuse scène avec le calme de quelqu’un qui raconte une histoire banale à ses amis ; mais avec douleur : « je lui ai dit, mon colonel remontez dans l’avion avec vos troupes. Cet aéroport est gabonais, il est interdit aujourd’hui à tout avion d’y atterrir ou d’en décoller. Il m’a dit de me mettre au garde-à- vous. J’ai refusé et je lui ai encore dit de remonter avec ses troupes. Il m’a répondu que les aéroports de ce pays appartenaient à la France. Je n’avais que quelques soldats. Si je l’avais abattu, ses militaires nous auraient tous tués. J’ai préféré me rendre. Ancien tirailleur des troupes coloniales d’Afrique en Indochine qui avait, comme tant d’autres, tel Moulopou, combattu les Vietminh, le sergent Albert Eyeng a parlé de la triste scène avec un réel dégoût. Pas de questions des juges. Il est renvoyé à sa place ; P232.
D’autres dépositions avaient été faites par les sergents José Amiar et Nguema ainsi que le jeune caporal Mbindi. Dans la précédente publication (Le Mbandja n° 640 du vendredi 21 janvier 2022), nous avons rapporté le poignant témoignage d’Amiar sur l’assassinat du lieutenant Ndo Edou au camp Baraka.
Le sergent Nguema, le plus jeune des sous-officiers…n’attend pas la lecture de la mise en accusation. Il se met au garde à vous, fixe son regard sur son capitaine et récite le credo de l’armée : « la discipline faisant la force des armées, elle importe une obéissance et une soumission absolue à tous les instants. Tout ordre donné par son supérieur doit être exécuté sans remords et murmure ». Le sergent Nguema, militaire accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat semble dire à nos juges et notamment à Aristide Issembe, commissaire du gouvernement que c’est à prendre ou à laisser. Un jour (Mercredi), un fonctionnaire qui assistait à l’audience vient dire à Gondjout et Aubame qu’il n’y aura pas d’audience. Il paraît que Léon Augé voudrait déclarer un non lieu, mais se trouve désemparé. Il doit en discuter avec le Président de la République. Utopie ! Léon Mba avait dit « je n’aurai ni pitié, ni pardon ; si je quitte le pouvoir je laisserai le Gabon à feu et à sang ».
Le caporal Mbindi est appelé à la barre, même attitude de défi et d’agressivité en récitant le credo sur la discipline militaire et s’arrête…P234.
Puis arrive le tour des civils pour répondre de l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Jean Marc Ekoh fait l’admiration des avocats ; Philippe Mori a fait pleurer par sa déposition un des juges assesseurs ; tandis que le second assesseur militaire se retenait pour ne pas exploser de colère en reconnaissance du bien fondé du coup d’Etat.
J. H. Aubame est appelé. Il ne se lève pas pour répondre debout. Il parle assis et dit qu’il a été surpris, en écoutant la radio le matin, d’apprendre la démission du Président Léon Mba. Il a encore été plus surpris lorsqu’aux environs de 10 heures des soldats sont arrivés chez lui pour l’emmener à la Présidence. Et là, un lieutenant lui a dit de prendre le pouvoir. Ce qu’il a fait.
J’étais à la présidence de la République peu avant l’arrivée de J.H.Aubame. Naïf et crédule à l’égard de mon frère, j’avais instantanément cru qu’il était l’homme providentiel…Le lieutenant Mombo levant les yeux sur les deux hommes politiques dit : « M. Aubame, vous prenez le pouvoir ». Mombo a remis à Aubame la liste des noms des membres du gouvernement composé par les militaires. Ce gouvernement devait avoir pour garde-fou un Comité Militaire susceptible d’intervenir au cas où le nouveau régime suivrait les traces de celui de Léon Mba. Jean Hilaire Aubame a rejeté les deux listes…
J.H. Aubame opposant de Mba fustige le régime, les décisions, la manière de conduire les affaires du pays, la dilapidation des fonds publics… C’est alors qu’Issembe lui parle de la gestion de son ancien Ministre et l’accuse d’avoir détourné quelques millions. Aubame lui rétorque qu’il en a fait de même a l’étranger. L’accusé dit que la France n’a pas fait grand-chose au Gabon. 150 ans de présence française, un seul docteur en médecine. L’ambassadeur à court de flèches dit à l’accusé « le premier fils de votre fille ainée Georgette n’est-il pas aussi le fils de Pierre Claver Eyeghe votre neveu que vous élevez depuis qu’il était bébé comme votre propre fils ? ». J.H. Aubame se fâche, crie de colère, tout le monde y compris les deux sténotypistes se fâchent. Les journalistes et les avocats ulcérés restent pensifs.
Aubame, rasséréné, parle avec calme. L’incident est clos. Il parle du système établi qui peu à peu s’incline vers le despotisme. Il parle de la manière insupportable qu’utilise Léon Mba pour conduire le pays. Si L. Mba m’avait écouté, compris et rectifié sa trajectoire, il n’y aurait pas eu de coup d’Etat militaire.
Tout le monde se tait…Une question peut être posée : J.H. Aubame n’était-il vraiment pas au courant des entretiens entre son neveu Eyeghe et le fils d’un parent de son épouse, ce cousin de sa femme qui était aussi son ami à Brazzaville ? Il n’a pas avoué la paternité du coup d’Etat, mais accusé la dictature, le despotisme de Mba, chose exacte exécrée par tous, y compris des partisans du Président….Issembe accuse Aubame de francophobie… Aubame répond « c’est faux de dire que je n’aime pas les français, Je dis que je n’aime pas les mauvais français… ». P241. Il continue sa déposition en accusant les français d’avoir, sur tous les plans, laissé le Gabon dans une situation où tout est à commencer. La France n’a rien fait au Gabon susceptible de nous permettre d’avoir de bonnes bases de développement économique et social.
Augé appelle à la barre Gondjout Paul Marie. Celui-ci se lève. Parle de son réveil, des oiseaux qui chantaient dans sa propriété et, en ouvrant la radio, il apprend la déposition de L. Mba par les militaires. Il ne parle pas de surprise, mais il affirme que cela devait arriver tôt ou tard. Il a lui-même été conduit à la Présidence en Jeep par des militaires venus le chercher… Je me dis (Gondjout) : « ça, sans conteste, c’était une suggestion de Léonard Anotho à son ami le lieutenant Mbene pour rendre justice à P.M. Gondjout que D. Mbene ne connaissait que de nom et qui était loin de prendre contact avec lui, ni de penser à lui, si l’affaire avait entièrement été conçue par lui (Mbene) en recommandant à ses collègues leur retour aux casernes, et si notre père lui avait raconté son humiliation par Jean Hilaire Aubame et si D. Mbene connaissait ce que L. Mba avait fait à Gondjout, Daniel Mbene étant entièrement soldat aurait remis le pouvoir à Gondjout. Et même s’il m’avait informé, avant l’exécution du coup d’Etat, de l’intention des militaires de remettre le pouvoir à un civil, je lui aurais dit, ok remets le pouvoir à Gondjout. P 243-244 (A suivre)…