Les Bongo sont toujours là « mbèmbè ». Même s’il y a des élections, des urnes transparentes, une Assemblée nationale, un Sénat, un CND, des partis de l’opposition, de puissantes centrales syndicales, des ONG, la possibilité – sauf pour Jean Ping – de sortir du pays et d’y revenir sans danger – sauf pour certains comme Moundounga. En gros, tout ça représente le camouflage démocratique et républicain dont l’Etat-Bongo se revêt pour tromper son monde. La preuve, son déguisement a, parfois, été transpercé par endroits par les secousses provoquées par l’aiguisement des contradictions politiques et sociales, permettant ainsi de deviner les véritables formes acérées d’une réelle tyrannie.
Depuis 1990, à chaque élection, qui, pourtant, se définit comme un moment démocratique dans une République digne de ce nom, l’armée de la famille du tyran tire sur le peuple. L’Etat gabonais a été très vite trempé, comme une épée, dans la forge du système Bongo. Un forgeage opéré sous la haute et peu discrète bienveillance de la Françafrique. Et, tous les forgerons savent d’expérience que la trempe d’un acier a pour but d’augmenter sa dureté.
L’Etat-Bongo, déshabillé de son déguisement, est, dans sa réalité nue, à l’image de l’épée du moyen-âge. Médiéval-Boutik. Com en donne la définition suivante : « Un outil très dur tout en restant le moins cassant possible et dont la fabrication requiert donc un compromis entre la dureté et la résilience, sans négliger une nécessaire élasticité. »
Le traitement de faveur administré par le pouvoir aux forces de sécurité met en exergue le fait qu’en tout premier lieu, par ces temps d’austérité, de coupes de salaires, et de mise sur bons de caisse, BOA a choisi de limer, d’astiquer, et de chouchouter ses armes de répression. Des outils constitutifs de son système qu’il prépare et se prépare à affronter une contestation sociale dont le spectre commence à dépasser les frontières du seul secteur des salariés fonctionnaires gagnant plus de 650 mille francs cfa par mois. C’est cela l’Etat-Bongo. La force et la violence aveugle ! C’est cet Etat-là, qui n’a rien de républicain, rien de démocratique, mais qui, une énième fois, est le maître d’œuvre et d’ouvrage de l’organisation d’une élection républicaine et démocratique, façon canada dry, cette célèbre boisson qui « ressemble à l’alcool, est doré comme l’alcool… mais n’est pas de l’alcool ».
Ceux qui ont décidé de repartir – ou de partir pour une première fois – aux élections sont des hommes avertis. Elections-bidons en vue ? Oui et non. Bidons ? Oui. En vue ? Toujours pas de date.