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Libre propos : Au nom du peuple Gabonais

Par Guy Nang -Bekale, Docteur d’Etat en Sciences Politiques. Tél : 0021477 35 89 49
« J’ai choisi de twister les mots et de révéler certains faits pour qu’un jour nos enfants sachent ce que certains ont été ; ce que d’autres ont obtenu et ce que nous avons fait du Gabon ».

Tout ce qui est dit et écrit sur le Gabon et les Gabonais semble invraisemblable. Pourtant il se dégage une part de vérité quand on observe les comportements, les actes et quand on prend connaissance des images et des informations qui circulent sur ses dirigeants et sa population. Même si la Toile est devenue une source d’informations et de faits vrais et/ou faux, suivant le but que les émetteurs de ceux-ci recherchent ou les objectifs qu’ils veulent atteindre pour critiquer, vanter, dénigrer ou dénoncer suivant les cas et leurs intérêts.
Le pays est divisé entre un petit groupe constitué de gabonais d’origine et d’adoption qui tiennent fermement le pouvoir de manière à ne point le lâcher parce qu’ils en ont fait un « jouet extraordinaire » qu’ils sont en train de démonter par maladresse et ignorance. L’Etat gabonais est néocolonial. Avant et après l’indépendance, les ressortissants occidentaux, pour l’essentiel français, étaient membres du gouvernement de Léon Mba à l’exemple de Maurice Jourdan et Bru Roland deux espions français qui étaient affectés au Gabon pour « coacher » les hommes politiques de tous les bords  et qui sont devenus multimilliardaires en exploitant, entre autres, le bois okoumé de la forêt gabonaise.
Le gouvernement, pan du pouvoir exécutif, est l’une des institutions qui gère et exécute l’action publique visible et incarne le pouvoir et l’autorité de l’Etat au quotidien. Ne voilà-t-il pas qu’en ce premier quart du 21ème siècle, les émergents nomment aux hautes fonctions civiles et militaires ; politiques, administratives et ministérielles les expatriés naturalisés qui viennent de tous les coins du monde, résident quelques années au Gabon et en repartent « riches comme Crésus » pour investir sous d’autres cieux. Le Gabon a été, demeure et ne devrait pas être la vache à lait de l’Afrique francophone. Après les colonisateurs occidentaux, les africains du Centre et de l’Ouest : francophones, anglophones, hispanophones savent que le Gabon  est le pays où l’enrichissement est rapide et facile ; non seulement par le travail et les affaires honnêtes ou frauduleuses, mais aussi par le banditisme et le gangstérisme. Cette activité à laquelle certains nationaux s’associent et s’adonnent a permis la création de jeunes gens dépositaires de grosses fortunes injustifiées.
Tous les Gabonais savent qu’un salarié du secteur privé ou fonctionnaire de l’Etat, fut-il Ministre, ne peut jamais accumuler, en 20 ans de  carrière, plusieurs dizaines de millions de francs par l’affectation d’une partie de son revenu à l’épargne. D’où la question de savoir comment certains compatriotes ont pu amasser autant de richesse en moins de 50 ans de travail ?
Aujourd’hui, des citoyens agents de l’Etat, âgés de moins de 40 ans et ayant moins de 10 ans de carrière professionnelle, sont propriétaires d’un énorme patrimoine immobilier au Gabon et à l’étranger. C’est la preuve que la machine à fabriquer les riches créée par Omar Bongo, quoique vieillissante, est toujours active et performante. La pratique de la sanction contre les responsables étatiques émergents véreux est partiale et semble relever des règlements  de comptes. Il y a quelques années, le Ministre Gambia et certains Directeurs généraux avaient été incarcérés à « sans famille » ; suivis de Laccruche Alihanga, Directeur de Cabinet d’Ali. Actuellement, la chronique du détournement des kévazingo continue à faire parler honteusement du Ministère des Eaux et Forêts.
Dernièrement, les responsables du Ministère des Eaux et Forêts ont été emprisonnés. Ce que l’opinion ne comprend pas, c’est la liberté dont jouit le Ministre Lee White qui est le premier responsable de l’Administration incriminée. Si le Gabon était un pays de droit, plusieurs gabonaises et gabonais de l’opposition et du pouvoir seraient passés par la prison de Libreville : ministres, dirigeants des sociétés et régies financières de l’Etat, gouverneurs et autres gestionnaires des deniers publics qui se sont copieusement enrichis en prenant les parts des autres gabonais. Dans un milieu où tous se connaissent et tout se sait (maison de verre) ; toute idée ou velléité de changement des dirigeants du pays par l’alternance politique démocratique est perçue comme un danger par les concernés. Les institutions chargées de l’organisation des élections et le bulletin de vote sont inconsidérés et deviennent sans valeur.
Sous tous les cieux, quand le pouvoir Judiciaire est platement soumis au pouvoir Exécutif, la justice qui a la réputation d’être rendue au nom du peuple devient définitivement discréditée, partiale et ses décisions iniques. Elle est qualifiée de corrompue, vénale et impopulaire. Le Gabon est toujours un pays arriéré et sous-développé parce que l’évolution de son Etat, sa première institution, ne s’est pas adaptée aux cours du temps. De 1958 à 2022, la fonction présidentielle  au Gabon n’a été occupée que par trois personnes dont le seul objectif, pour deux d’entre elles, était de demeurer et exercer durablement au pouvoir, sans jamais se soucier du bien être de leurs compatriotes qu’ils ont transformé en serves et serfs. A cela s’ajoute la formation d’un nombre de lettrés, faussement intellectuels, qui se sont comportés en valet de comédie. La violente crise sociopolitique, économique et financière actuelle est le résultat d’une évolution maléfique de 64 ans.
Avachies et sclérosées, les institutions gabonaises manquent de dynamisme et leurs responsables sont si inféodés au système politique qu’ils ne peuvent plus réguler la société. Notre pays est dans une situation très grave en ce qu’il faut restaurer et rénover le pouvoir  l’Etat, puis repérer les gabonaises et les gabonais sérieux, compétents, honnêtes, bosseurs et patriotes pour leur confier le Gabon et le destin de son peuple. La République Gabonaise est la plus bananière de toutes celles qui forment la francophonie en Afrique. Toutes les références aux Gabon sont négatives : fétichisme et crimes rituels, corruption et détournements de deniers publics, viols et violation de la loi, violence étatique et irrespect de l’autorité, société désarticulée et délabrée, opposition politique vénale, régime politique illégal etc. etc.
Le Gabon traverse une période de malheurs et de malédiction. Il n’est pas excessif de le comparer aux écuries d’Augias de naguère dont le nettoyage avait nécessité des hercules qu’on peine à identifier.
Quel gâchis ! Quel raté ! Quel noble rendez-vous manqué avec l’histoire ! Après plus d’un demi-siècle de pouvoir, les Bongo ont été incapables de transformer positivement un si beau et riche pays ; d’améliorer les conditions et les cadres de vie d’un peuple aussi calme, loyal et pacifique… Le peuple gabonais.

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